Souls of Alphas

Fausse mort

          Dans les bras de mon père, de mon père que j'allais briser, je laissai couler mes larmes. Il me regarda, prenant mon visage entre ses mains. Je fis mine de souffrir et il voulut me porter quand je m'effondrai à terre. C'était plus dur que je ne le pensais. Son regard, d'un bleu infini, sondait le mien à la recherche de quelque chose à quoi se raccrocher. J'esquissai un sourire, minuscule, mais cela lui suffit.

- Je t'aime, Papa...

- Oh, ma chérie! Moi aussi, je t'aime! Tu ne peux pas savoir comme j'ai souffert de ne pas savoir où tu étais ces derniers mois! Et les autres faisaient des ragots! Oh mon Dieu, mais qu'est-ce qu'il t'est arrivé?

- On m'a enlevée. Un garçon m'a aidée à m'échapper. Je suis tombée amoureuse de lui. Une autre fille nous a recueillis le temps que je guérisse et puis ils nous ont retrouvés. Ils ont faillis nous tuer, Papa, c'était horrible!

        C'était la version que nous avions décidée de leur donner: Corinne Brown avait été enlevée par un groupe terroriste faisant des expériences sur les humaines. J'avais réussi à m'enfuire grâce à l'aide d'un autre détenu. Nous étions partis ensemble et avions marché des semaines durant jusqu'à ce qu'une jeune fille du nom de Solène Thorne ne nous recueille. Elle m'avait soignée et, quand j'avais été prête à repartir, c'était une amie que j'avais laissée derrière moi. Je lui avais demandé de ne pas avertir la police, sinon les autres auraient pu rappliquer. Nous avions fini par arriver ici. 

           Voila ce que je lui dis en vitesse, respirant de temps en temps. Il me regarda, horrifié. Je finis par pousser un petit cri. C'était le signal. John et Jace allaient débouler. Ils allaient me blesser mortellement, et m'emmener dans les bois. Là, mon père me retrouverait, mourante, et je décéderais dans ses bras. Voilà comment ça allait se passer.

          John fut le premier à sortir de la forêt. Il était assez sombre, et mon père ne le vit pas tout de suite. Il poussa un cri surpris, et je gémis. Il voulut me porter vers la maison, mais je fis exprès de mettre tout mon poids sur lui afin qu'il n'y arrive pas. Je traînais les pieds dans la terre, creusant des sillons dans notre jardin. Des lumière s'allumèrent, alentours. Nous les avions réveillées. Tant mieux. Je criai quand Jace planta ses dents dans ma cheville et qu'il me tira hors des bras de mon père. Je lui adressai un regard, et lus tout le désespoir du monde dans ses yeux. John l'empêchait de passer en grognant et Jace m'emmena dans la forêt. Là, juste avant de disparaître de la vue de mon père, il planta ses griffes dans mon ventre. Pas à un endroit mortel, non, mais là où le sang coulait à flot. Je hurlai. Même sous cette forme, j'avais extrêmement mal. Jace me jeta un regarda désolé, et je le rassurai d'une pression sur sa croupe avec ma main. Puis mon père disparut de mon champ de vision. 

          Je me relevai et courrus dans la forêt, plus lentement que Jace, mais suffisemment pour mettre un peu de distance entre mon père et moi. Puis, arrivée à la clairière où nous avions retrouvé le stylo, je m'écroulai à terre en position foetale. J'étalai le sang un peu partout sur mon corps, surtout sur le visage. L'odeur était insupportable, mais pas autant que l'idée de perdre mon père. J'entendis des bruits de pas se rapprocher. Mon père arrivait.

          Il était temps de faire ce que Jace m'avait conseillé d'essayer. Je fermai les yeux et me relaxai le plus possible. Arrivée à un stade qu'on aurait pu califier de calme, je stimulai une partie de mon cerveau qui me fit presque entrer en hivernage. Ma vision se fit floue, mais je restais consciente. Parfait, pensais-je. Mon père finit par me retrouver, probablement en ayant suivi les pistes de sang. Elles ne devaient pas être très discrètes, et je n'avais rien fait contre. J'entendis aussi les sirènes de police au loin. J'espérai que ça ferait vite, je ne voulais pas avoir à duper aussi la police.