Proposition

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Trois jours après l'enterrement de Corinne Brown

      Je savais que j'étais enfin délivrée de Corinne Brown, et pourtant elle continuait à me hanter. Tout passait en boucle à la télévision, aux infos, à la radio. Elle était devenu un phénomène mondial. Des gens étaient même passés me voir pour me demander des informations sur les circonstances qui m'avaient poussées à l'accueillir sous mon toit. Je leur avais répondu du mieux que je l'avais pu, avant de refuser toute interview. Je n'en pouvais plus. Les gens se posaient des questions, et la panique régnait. La ville entière me reconnaissait. Mon patron, Liam Porter, m'avait même demandé si je voulais avoir un congé le temps d'accepter sa mort. J'avais refusé. Seule madame Blumm continuait à ne faire comme si de rien n'était.

       Quant à Amanda, je l'avais prévenue de mes intentions concernant l'achat de la petite maison, et elle en avait été très heureuse. "Enfin une voisine que je connaîtrai vraiment!" m'avait-elle confié. J'était heureuse que cela au moins se passe bien. J'avais repris mes jobs avec beaucoup d'avance, à la grande surprise de mes patrons respectifs. Jace avait demandé à Liam la place de barman, ce qu'il avait accepté avec plaisir. Et moi de même, si je puis dire.

        Je sentais que le calme revenait enfin. J'avais fini par me faire une raison par rapport au fait qu'à l'enterrement de Corinne, la salle était envahie de paparazzis et que son office avait été interrompu par les flashs des appareils photos. Une femme avait même parlé avec son micro pendant que le prêtre récitait un passage de la Bible. J'en avais les larmes au yeux rien que d'y penser. Je relevai la tête fièrement. Personne n'était là pour le remarquer, à part les vieux livres d'occasions que je devais ranger dans le bon endroit. Madame Blumm avait dû garder le lit aujourd'hui, et c'était la première fois que je me retrouvais seule ici. Mes amis les punks ne tardèrent pas à entrer. Leur compagnie m'était agréable, et surtout, ils savaient comment m'aider en cas de coup durs. Il me l'avait déjà prouvé quand les journalistes avaient envahis le café, une nuit, à onze heure du soir. Je lui en était reconnaissante. Je leur souris, et ils me rendirent la pareille. Leurs visages, ainsi illuminés, me semblaient bien jeunes. 

- Solène, je dois te parler d'un truc important, m'annonça de but en blanc Percy.

       Je le regardai, essayant de percer son air énigmatique. Cependant, derrière son air grave se cachait un sourire heureux. Je n'allais pas avoir d'ennuis. Du moins, ce qu'il voulait me dire n'allait pas m'être néfaste. Il m'entraîna à l'écart, vers les livres de sorcellerie, et je pensai à la première fois où je l'avais rencontré. Il m'avait intimidé, à l'époque. Mais voilé que j'étais devenue son amie. Et je l'étais toujours. Il prit une grande respiration et m'annonça, d'une voix incertaine mais où tremblait l'excitation:

- Ils ont écrit un article sur toi qui montre tes prouesses dans Vogue. Je te jure, c'est fantastique! Maintenant, tu es devenue une idole, et plusieurs gens te veulent pour faire de la pub... Tu pourrais te faire un sacré pognon, Solène!

        Je restai interdite. Comment savait-il ça? Je le fixai. Bien sûr, j'aurais aimé devenir plus riche. Mais aux dépens de Corinne?

- Percy, je ne veux pas devenir riche à cause de sa... de sa mort...

- Tu es trop gentille, Solène. Tu ne survivras jamais dans le monde des affaires si tu restes ainsi. Reprends-toi!

      Comme toujours, il avait raison. Je ne pouvais pas rester la fille que j'étais devenue si je voulais devenir plus importante. Si je voulais être une véritable Alpha. Et pas simplement une fille un peu paumée qui découvre le monde. Je voulais vivre avec ce monde, même si la cruauté et l'injustice y règne. Je ne pouvais rien faire lacontre, mais je pouvais au moins essayer de le changer à ma façon. Et, par la même occasion, de me changer.

Souls of Alphas Où les histoires vivent. Découvrez maintenant