Deuxième partie - Souls of Wolfs

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       L'homme qui jouait le Loup-Garou ennemi était un jeune homme assez féroce d'apparence. Il avait des cheveux noirs de jais et des yeux bleus glacés. Il me plaisait bien. Il s'appelait Trystam, d'après ce que j'avais cru comprendre. Dans mon résumé, j'appris que mon nouveau nom était Lauren Line. Lieutenante de Police dans une petite ville avec peu d'importance, mais aux circonstances bizarres et aux faits-divers assez récurents: disparition de jeunes. Trois filles et quatres garçons, âgés entre dix et quinze ans, avaient disparus, sans laisser de trace. J'enquêtais sur leur disparition quand j'avais découvert les traces d'un Loup-Garou. En étant une moi-même depuis qu'un inconnu m'avait transformée à mes douze ans, j'avais décidé de le traquer en temps que Louve-Garoue. J'avais vingt-deux ans, plus aucune famille, et un petit-ami - Jace - qui était souvent absent, étant avocat international. Et, surtout, j'avais envie de retrouver la personne qui m'avait transformée, qui n'était autre que le grand frère de ma proie.

          J'avais eu un contrat assez fort, et notre producteur croyait vraiment en la capacité de ce film. Il était persuadé que nous récolterions des millions, voir des milliers, de dollards. Même plus. Il s'emballait sûrement. Toujours est-il que, pour cette première journée de tournage, le stress était tel que Trystam dut me calmer à coup de bonbons "spécial relaxants", selon ses dires. Il semblait avoir l'habitude. Ce n'était pas un Loup Alpha, mais il semblait assez sûr de lui. Je le regardai un instant.

- Quel âge as-tu?

- 189, me répondit-il sérieusement.

         Je détournai le regard, étouffant une remarque peu interessante, et me tus. Il se rendit compte de mon trouble, et sourit. Je me concentrai alors sur la première scène, celle où le Loup-Garou, caché par l'ombre, emmenait une fillette. Trystam me sourit et la réalisa avec brio, s'arrêtant de temps en temps. Quand il fut question de prouesse plus acrobatiques, il courut comme au ralentit et fit exactement ce qu'on lui fit signe de faire. Un certaine scène dut être reprise plusieurs fois. La deuxième scène était de moi. Je devais me trouver à mon bureau de police et répondre à un appel qui m'annonçait que le fou furieux avait encore frappé. Je devais me rendre sur les lieux de l'enlèvement, car il y avait eu un témoin. C'est là que j'allais trouver une touffe de poils. 

         Le stress au ventre, je jouai cependant mon rôle à la perfection. Je n'éclatai pas de rire, et fut tout à fait sérieuse. Nous passâmes la journée à tourner quelques scènes peu dures et surtout, à recommencer des scènes imparfaites. Cela me plaisait bien. Quelque fois, Trystam ou moi pétions les plombs et nous nous prenions d'un fou rire en plein milieu d'une scène souvent très sérieuse. Parfois, les caméramans nous rejoignaient et l'ambiance générale se tournait vers le rire. A un moment, nous dûmes mobiliser une petite rue pour un second enlèvement, et une petite fille se précipita sur Trystam pour lui faire un câlin. Nous la regardâmes, sidérés. Puis, elle me fit signe, et repartit, aussi vite qu'elle était partie. Je ne comprenais pas, jusqu'à ce que je ressente la sensation qui se dégageait d'elle. Quand je croisais le regard de Trystam, je compris qu'elle faisait partie de sa meute. Peut-être était-ce même sa soeur,ou sa fille. Je lui souris, et il se transforma en Loup pour enlever la fillette de dix ans. Tout le monde dans l'équipe était au courant pour les Loups, et ils étaient tenus sous serment. Une ambiance de confiance régnait.

       Une semaine plus tard, la production du film avançait encore, et je me devais de dire que c'était en effet un très bon film. Nous étions naturels à la caméra, mais nous savions mettre le ton sur le bon mot. Le scénario n'était pas trop américain, et mon personnage n'était pas un héro. C'était juste une policière qui faisait son boulot, et elle avait autant de défauts que de qualités. Je l'aimais bien. J'aimais bien Lauren Line. Presque autant que j'aimais Solène Thorne. Quand nous en arrivâmes aux scènes plus difficiles, il fallut parfois plusieurs heures avant de réussir une séquence. Je rentrais crevée chez moi, mais j'étais heureuse. J'avais demandé à Liam et à madame Blumm de me laisser la semaine de congé, et je revenais le week-end. Ils avait accepté avec d'autant plus de plaisir quand ils avait su pourquoi je leur demandais ça. Madame Blumm en particulier semblait très fière. De nature taciturne, elle n'était pas du genre à débaler ses sentiments en public, et pourtant, elle me semblait de plus en plus protectrice et maternelle envers moi. Je ne m'en plaignais pas; j'adorais cette femme. Et pourtant... J'essayais de m'en détacher. Peut-être parce que je savais qu'elle était en fin de vie, et que bientôt elle serait forcée de fermer le magasin, et donc de me renvoyer. Alors autant que je n'aie pas trop à souffrir de cette perte. Je l'invitais parfois à prendre le thé chez Amanda. Mes deux "tantes" s'entendaient très bien, et ça me faisait énormément plaisir.

Souls of Alphas Where stories live. Discover now