Première fois et enterrement

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      Le jour se levait enfin, projetant des ombres légères sur les courbes du corps de Jace. Je le regardai, les yeux mi-clos. Je commençais à m'habituer à me réveiller à côté de lui dès le matin, et je me sentais bien ainsi. J'espérais vivre ainsi jusqu'à la fin de mes jours. Je jetai un coup d'oeil rapide sur mon ventre et fut rassurée en voyant que la plaie avait disparue. Je me levai, écartant les couvertures, et je m'habillai. Ma nudité n'était désormais plus un problème. J'avais appris à assumer mon corps. Je me regardai dans le miroir et prit la courte mèche entre mes doigts. 

      Quel gâchis...

    J'entrepris de me couper une frange sur le côté à l'aide de couteaux de cuisines trouvés sur le plan de travail. Puis, je me refis des mèches rouges. Il était temps d'être enfin Solène Thorne. Au bout dûne heure, Jace se réveilla et vint m'aider dans mon entreprise. Puis, il me coupa les pointes. Je me regardai dans le miroir, contente du résultat.

- On pourrait acheter une maison, chuchotai-je.

       Il posa son menton sur mon épaule, au creux de mon cou, et ferma les yeux. J'attrappai ses bras et les entourrai autours de ma taille, tenant ses mains contre mon ventre. Je me sentais bien, avec lui.

- Madame James sera triste de te perdre. 

- Je n'aurai qu'à acheter celle qui est à côté: elle est à vendre depuis deux semaines.

        Jace se détendit. L'idée lui plaisait. Je lui souris à travers la glace. Il me rendit ce sourire, puis il s'effaça peu à peu de son visage à mesure qu'il pensait à notre avenir. Penseur, il ferma un instant les yeux, soupira, hésita, puis finit par me dire d'une voix tremblante:

- Dans trois heures, c'est l'enterrement de Stephen. Et dans deux jours, le tien. Enfin, celui de Corinne.

     La surprise fut telle que je retins un hoquet. Oui, en effet, j'allais être enterrée. Mon cerceuil vide allait être enfoncé dans un trou verreux. J'allais avoir une tombe que des gens pleureraient. Je fermai les yeux. Jace me lâcha un instant. Je rouvris les yeux pour découvrir que Stephen tenait devant moi une robe noire magnifique. En dentelle noire, assez courte, avec des manches transparentes.... C'était vraiment superbe. Dommage que ce soir pour un enterrement.

- Comment vais-je justifier que je connaisse Stephen?

- Je ne sais pas. Dis que tu veux honorer la mémoire de Corinne, parce qu'elle l'aimait. 

- D'accord, murmurai-je.

      Je me retournai, regardai la robe noire, et me retins de pleurer. Stephen n'avait jamais mérité une telle mort. Jamais. Mais malheureusement, il avait fait les mauvais choix. Il avait eu confiance en la mauvaise personne. Ronan. Tout revenait toujours à lui. Je relevai la tête, souris tristement à Jace, et prit la robe. Il fallait que je la mette, que je me maquille, que je me rende méconnaissable. J'enfilai le tissu sur ma peau, et je frôlai le tissu du bout des doigts. La sensation qui s'en dégageait était celle d'un Loup. Je regardai Jace, étonnée. Il me sourit.

- C'était celle de ma mère.

          Je ne lui posai pas plus de questions. Comment l'avait-il eue? Je regardai dehors.

- J'ai dormis... combien de temps?

- Suffisemment pour que ma mère nous rejoigne avec ça, entre autres. Et l'argent de ton compte, aussi. Tu es presque riche, Solène, rit-il. 

       J'avais donc dormis au moins deux jours. En y pensant, je sentis mon estomac gronder. Il voulait de la nourriture. Je fis un sourire carnassier, enlevai précipitemment, et me précipitai dehors, Jace à ma suite. Nous courâmes dans les champs, tuant lapins sur lapins, et je me sentais enfin rassasiée. Je me transformai dans le champ, au milieu des épis de blés. Jace se coucha à mes côtés. Ainsi dénudés, nous regardions le ciel sans nuages. Nos mains se retrouvèrent rapidement. Et soudain, je basculai sur lui, positionnant mon corps au dessus du sien dans une étreinte d'amour. Il caressa mes cheveux, non pas surpris de mon envie, mais content que je la ressente aussi. Je lui souris férocement, et posai mes lèvres sur les siennes. Nos corps juxtaposés finirent par entrer en fusion, et je haletai. Je finis par séparer nos lèvres le temps de prendre ma respiration, et souris tout aussi sensuellement qu'il s'introduisait en moi.

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