Chasse

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Ethelle

Solène Thorne ne tarda pas à revenir. Une fois que le barman fut allé passer un coup de fil dans l'arrière salle, il revint vers moi et me demanda d'attendre. Attendre... Je n'avais jamais fait que ça pendant quatorze ans. J'en avais marre. Marre d'attendre. Je m'assis à une table, et regardai le vide. Le vide était tellement plus plein que le plein! Il y avait de tout dans le vide. Je le voyais. Mais les huamins ne le voyaient pas. J'étais supérieurs à eux. Je n'avais pas besoin d'une quelconque forme d'autorité parentale. Je voulais rencontrer ma mère. Mais je savais qu'elle tenterait de me réfréner. Et ça, je ne voulais plus jamais avoir à le supporter. Jamais.

J'avais un don. Un don qui me permettait d'avoir tout ce que je voulais, sans restriction. Et qu'allais-je en faire? Rien. Il me fallait réfléchir vite. Etais-ce réellement ce dont j'avais envie? Non. Mais avais-je jamais eu le choix? Si. "On a toujours le choix", dit-on. Ce n'est pas ce que j'ai pu remarquer. 

Solène voudrait se venger de Ronan. Mais moi aussi. Et elle n'arriverait jamais à se salir les mains. Elle le regarderait, au dernier moment, ensanglantée, la respiration hachurée, l'arme au dessus d'un Ronan prostré, et elle hésiterait. Puis, elle l'abaisserait, et Ronan s'enfuirait dans les ténèbres. Elle était forte. Mais pour tuer de sang froid un homme, il ne fallait pas être fort. Il fallait être faible. Assez faible pour oser pervertir son esprit, le plier à sa volonté pour que la culpabilité et la compassion ne nous atteignent pas. 

J'étais faible.

J'étais faible parce que je savais que j'étais supérieure aux humains. Du moins je croyais l'être. Je m'imaginais tellement haut dans les sphères de la nature... Tellement plus haut qu'eux! Mais j'avais tord. Avais-je un quelconque droit sur eux? Ils étaient vivants, comme moi. Intelligents, amusants, sentimentals... comme moi. Sauf que j'étais spéciale. Il n'y avait que ça. Qu'un foutu don.

Si je n'avais pas eu la vue à ma naissance, alors jamais ce don ne m'aurait servi. Sans un regard, aucun ordre n'était donné. J'avais déjà essayé et m'étais repris une giffle pour mon insolence. Il suffisait d'un contact visuel et mes désirs étaient exaucés. 

Je regardai le barman. Ma décision était prise.

- Rappelez-les. Dites-leur que je me suis enfuie vers l'est.

Ils m'y poursuivraient, et j'aurais tout le temps d'atteindre Ronan et de le tuer.

- Trop tard, fit le barman en regardant la porte d'entrée. 

En effet, une jeune femme aux cheveux bruns striés de mèches rouges et un homme blond courraient vers nous. Je ne savais plus quoi faire. Il ne me restait aucun choix. Il me fallait les connaître, apprendre à les connaître de surcroît, pour ensuite mieux les trahir.

Solène et Jace entrèrent en fracas et elle se jeta dans mes bras. Je ne savais que dire. C'était ma mère, je le savais... Mais de là à la considérer comme tel? Je n'y arrivais tout simplement pas. Cependant, je versai une larme, une seule perle transparente qui coula le long de ma joue. Jace s'intégra dans le calin et j'entendis Solène pleurer sur mon épaule. Elle murmurait tout en sanglotant. 

Puis, ils s'ecartèrent et me regardèrent. Solène prit ma main dans la sienne et je sentis qu'elle tremblait.

- Pleurez pas, murmurai-je.

Ils me faisaient de la peine. Ronan devait leur avoir infligé tellement de mal... Il leur avait tout pris, sans leur laisser d'espoir. Jessica, moi, leur vie, leur avenir, leur carrière... Tout. Il avait tout effacé d'un revers de la main. 

- Ethelle... Tu es tellement belle! 

Je rougis. On ne me le disait quasi jamais. 

Eux étaient beaux aussi. Solène était élancée, assez grande, avec des cheveux d'une longueure incroyable, que je jalousais presque. Ses yeux étaient bruns et pétillants. Jace, quant à lui, arborait des cheveux blonds mi-longs, des yeux verts envoûtants, et une carrure... de Loup. Tout simplement. Je me sentais banale face à eux. Mais bon; je n'avais que quatorze ans. 

Souls of Alphas Où les histoires vivent. Découvrez maintenant