Héritage

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    Morte. Amanda James était morte.

    Qui avait donc pu oser la tuer? Je n'en savais rien. Pas plus que je ne savais pourquoi.

    Assise sur une chaise à côté du lit d'hopital, je la regardais. Ses yeux ouverts regardaient le vide. Je me levai légèrement et fermai ses paupières. Sa cornée était désormais opaque, et elle ne verrait plus jamais rien à partir de cette enveloppe corporelle.

   Elle était sûrement au Paradis en train de passer du temps avec sa famille. Alors que je vivais l'enfer avec elle. J'étais la seule et unique personne qui la connaissait encore vraiment.

    Je pris sa main dans la mienne. Elle était glacée. Evidemment. M'étais-je vraiment attendue à ce qu'elle soit humide et tiède, comme d'habitude? Une larme coula sur ma joue. Je devais être maudite: tous les gens que j'aimais finissaient par mourir dans d'atroces circonstances. Ma mère, Stephen, et maintenant Amanda... Soudain, je ne me retins plus, et je fondis en larmes. Une main rassurante se posa sur mon épaule, et la voix qui allait avec me dit doucement:

- Mademoiselle Thorne?

- Oui? dis-je d'un ton hachuré par les larmes.

- On a besoin de vous pour une signature. Vous êtes bien la... locataire de madame James?

- Oui, c'est moi...

    Je lâchai sa main à laquelle je me retenais comme à une bouée et le suivis hors de la chambre. Jace était assis sur un de ses sièges en plastiques qui jonchaient le couloir. Il fit mine de se lever, mais je lui fis signe que ce n'était pas nécessaire.

     Je suivis donc ce médecin à travers les dédales de couloirs jusqu'à arriver à l'accueil. Là, on me fit signer une sorte de registre et, sous la pression de la mort d'Amanda, je faillis signer "Corinne Brown", mais je me retins à temps. Le médecin parut remarquer mon trouble car il me demanda d'une voix un peu inquiète si j'allais bien. J'eus envie de lui dire que non, rien n'allait, mais je me retins. Après tout, la vérité n'était parfois pas celle que l'on était prêt à entendre.

     Je signai donc, et admirai les lettres noueuses de mon prénom. Je l'aimais beaucoup.

  Et soudain, je me souvins de la maison. Comment allais-je faire? A qui appartenait-elle désormais? Je demeurai songeuse alors qu'on me fit signer plusieurs documents. Puis, je retournai à la chambre de mon amie, et posai un baiser sur son front. 

     Pourquoi elle? Elle était si innocente. Elle avait encore des années heureuses à vivre. Je quittai la chambre avec Jace qui me suivait comme mon ombre. J'aurais aimé être seule pour purger ma douleur et ma peine, mais je savais qu'il ne me laisserait pas tomber. Aussi décidais-je d'aller faire un tour plus tard, en Louve.

     Jace appela un taxi, une fois sur le trottoire, et nous entrâmes sans un mot dans le véhicule. Je devais sûrement avoir des traces de coulées de mon mascara, car le conducteur me regarda bizarrement. Je regardai une dernière fois les paroies de l'hopital, presque désolée de laisser Amanda là, toute seule...

      Jace me tenait la main, et je la serrai. Je me mordis les lèvres pour m'empêcher de pleurer en repensant à elle. Toutes ces larmes que je n'avais pas pu délivrer, elles voulaient désormais sortir, quitte à former un lac au fond de la voiture. Je tremblais. J'appuyai ma tête sur la fenêtre, et sa fraicheure me fit du bien.

      Nous arrivâmes enfin à destination, et je réglai le conducteur avec un faux petit sourire. Lui me regarda une dernière fois, inquiète, et je rentrai dans la maison. Là, je montai dans ma chambre immédiatement, et m'enfermai dans les toilettes. Je laissai échapper mes cris de douleur intérieure, et j'entendis parfaitement Jace frapper trois petits coups à la porte. Mais je l'ignorai. Il finit par se lasser et me laisser en paix. Je restai quinze minutes ainsi enfermée, frappant occasionnelement le mur afin de laisser ma colère s'échapper. Qui avait osé tuer Amanda?

Souls of Alphas Where stories live. Discover now