La révélation

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    La lumière du matin me fit ouvrir les yeux, yeux qui me semblaient tout voir autrement que normalement... Mon père, assis à côté de moi, dormait, la tête penchée sur le côté, ronflant très légèrement. J'étais ensevelie sous des tonnes de couvertures, et essayais de faire le point sur ce qu'il venait de se passer. 

       Même si j'était terrifiée par ce chant, je ne pouvais pas dévoiler sa nature ni à mon père ni aux policiers. Cela aurait signifié leur dire que j'étais anormale, que j'était peut-être une sorcière ou que sais-je d'autre... Et de plus, ça aurait rendu mon père encore plus fou. 

     Alors que faire? Je ne pouvais guère leur dire que je ne me souvenais plus de rien, puisque c'était le cas... Même si hier soir, alors que j'étais ensevelie sous la neige, je ne me souvenais plus de comment j'étais arrivée là-bas, maintenant je le savais. Ce chant m'avait à nouveau attirée. Et je ne savais toujours pas pourquoi.

       Mon ventre émit un magnifique gargouillement qui se répercuta dans mon esprit. Celui-ci analysa que j'avais faim. Depuis combien de temps?

      La terreur de l'incompréhension se fit un chemin dans mon corps, me faisant frissonner. Prenant réellement peur, je réveillai mon père d'une tape sur l'épaule.

- Corinne! Tu es réveillée!

- Oui.

- Tu as dormis pendant deux jours. Tu dois avoir horriblement faim!

     Oui, c'était effectivement le cas. Seulement je voulais comprendre, et surtout, je ne voulais pas que mon père me laisse seule dans ma chambre, qui  ne me paraissait plus désormais rien d'autre qu'une pièce où "il", quel qu'il soit, avait réussi à s'introduire. Il le pouvait donc en tout temps. Et c'était ça qui faisait trembler mon imagination. Il pouvait arriver quand il le voulait, comme il le voulait.... Et moi, je ne pourrais rien faire. Parce que celui qui était venu ici n'avait pas peur de moi. Alors que moi si. 

     Mon père se leva, descendit, me laissant seule avec mes pensées macabres. Je regardai autours de moi, et, alors que je baissai légèrement la couverture, des frissons parcoururent mon corps en entier. Je la remis vite en place. J'étais sûrement malade. Quoi de plus normal, après tout?

- Tiens, Corinne. Un bon petit-déjeuner conséquent. 

    Je pris le plateau repas, le posai sur mon ventre, par dessus la couverture, puis me relevai lentement, afin de manger dans une position à peine plus assise. Mon père me couvait du regard alors que j'avalais les tranches de pains, la mandarine et que je m'attaquais au chocolat chaud. Il sourit, visiblement content de me voir en vie. 

    La mort n'était vraiment pas passée loin. Comment mon père avait-il réussi à me trouver?

- Comment m'as-tu retrouvée?

     Son regard se ferma. Il avait l'air de penser à ma mère. Peut-être avait-il pensé au pire, peut-être avait-il cru que j'étais morte, comme elle.

- J'ai vu que tu avais disparu. Je suis sorti, et j'ai vu des traces de pas dans la neige. J'ai vu qu'elles menaient à la forêt. J'ai attendu une heure avant d'appeler le chef de police. Il a ramené une petite équipe et nous avons suivi ta piste, jusqu'à te retrouver, allongée dans la neige. Quelque chose d'autre était allongé, nous sommes retournés ensuite voir de quoi il s'agissait. Nous avons prouvé qu'il s'agissait d'un loup. Le loup noir. Tu te souviens de ce qu'il s'est passé?

- Je me souviens juste être allée dans la forêt... C'était comme si quelque chose... M'y appelait. Et puis, plus rien. Quand j'ai repris mes esprits, je croyais que j'allais mourire. 

Souls of Alphas Where stories live. Discover now