Retour du passé

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       Samedi 30 janvier 2010. Un samedi comme les autres samedis du mois de janvier; enneigé. Et j'était comme toutes les filles de ce monde; en train de faire la grasse matinée. Lorsque mon téléphone portable vibra, je me ruai dessus, et le message que Ronan venait de m'envoyer s'afficha:

Besoin de parler. Café du Cerbère, 11:30.

      Je ne répondis pas, mais me levai et commençai à me préparer. La neige, dehors, me força à mettre un jeans, chose que je ne faisais que rarement. Celui-ci, slim et bleu foncé, allait être accompagné par ma meilleure amie; la chemise blanche. Je souris un instant, me rappelant que ma mère s'habillait pareil lorsqu'elle allait au travail. Ses cheveux étaient noués strictement en chignon derrière sa tête, et j'admirais sa force et sa détermination. Je me coiffai et, distraitement, j'abordais la même coiffure qu'elle. Je me regardai dans le miroir, souris, et me maquillai. Voila, j'étais ma mère. Pourvus que personne ne me confonde avec elle. 

       Je descendis et regardai l'heure. 10:30. Le café du Cerbère, situé à vingt minutes de la maison, était un vieux bar toujours animé, mais par des gens fréquentables. Un vieil homme en mal de jeunesse, un jeune en mal d'expérience, une bande de filles superficielles en manque de petit copains... Rien que des gens normaux. Le fait que Ronan veuille aller là-bas montrait vraiment qu'il ne voulait pas monopoliser l'attention. Et aussi qu'il n'allait rien faire de bizarre comme me plaquer contre mon canapé et se transformer en Loup. Mes souvenirs remontèrent en surface et je me demandais soudainement si Stephen était aussi fou qu'il ne le pensait. Après tout, il m'avait dévoilé son identité, et c'était parce que j'avais refusé d'y consentir qu'il s'était fâché. C'était moi la seule personne qui était folle au final. 

      Je pris un petit déjeuné rapide et sortis de chez moi. Je marchai lentement vers le café, mon IPod diffusant sa musique dans ma tête. Je marchais au rythme de la musique; lentement. Mes pas, dans la neige, étaient entourés par ceux d'un autre personnage qui me suivait depuis quelque minutes. Je tournai à gauche, et il fit de même. Je fis ensuite mine de m'arrêter pour changer la musique de mon IPod mais il s'arrêta à quelques mètres, vers une boutique, faisant semblant de regarder. La sensation se dégageait de lui, et je me demandai soudainement s'il n'était pas un Loup de la meute de Stephen se chargeant de ma sécurité. J'envoyai un texto à Stephen pour lui demander confirmation, mais la réponse fut négative, et je savas qu'il ne me mentait pas. Alors qui était ce Loup?

        Je repartis, mais il continua de me suivre, cette fois à une distance plus raisonable. J'arrivai enfin devant le café, et je voyais déjà Ronan attablé au bar devant la fenêtre. Il me regardait avancer, et je voyais qu'il n'était pas heureux; il avait sans doute pleuré pendant des heures. J'eus soudain pitié de lui, et honte de moi. Je lui avais fait mal pour pas grand chose au final. Mais sur le coup, la douleur avait été telle que je ne pouvais faire autrement, du moins pas consciemment. J'en oubliais presque l'homme qui me suivait. Son chapeau noir et son manteau sombre me suivirent eux aussi dans le café. Et, alors que j'allais m'asseoir près de Ronan, il s'attabla juste devant la porte. Je savais que je ne pouvais parler de lui: s'il était un Loup, il entendrait ce que j'aurais à dire à Ronan.

- Bonjour, fis-en en m'asseyant à ses côtés.

- Hello...

- Tu voulais me dire quoi?

- Que je suis absolument désolé... Je ne vais pas te dire que je comprends tes actes; ce serait te mentir. Je t'ai dis de t'en aller, et tu l'as fait... 

       Il jeta un regard à l'homme et son regard se fit plus désespéré encore. Je compris qu'il avait conscience que celui-ci me suivait et qu'il était un Loup. J'eus soudain une idée lumineuse. 

Souls of Alphas Where stories live. Discover now