L'appel du loup noir

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Quand les policiers m'eurent remis mon stylo, ils repartirent, me laissant seule avec mon père et ses confidences. Qu'allait-il me dire? Je ne pouvais qu'espérer des explications, mais pourquoi en aurai-je maintenant? C'était bien stupide. Je m'assis sur mon lit, puis, après quelque minutes de calme, je décidai de nettoyer le message. Je descendis donc, me munis d'une éponge que je lançai dans une bassine remplie d'eau. J'y versais du savon et remontai avec. Arrivée dans ma chambre, je me mis au travail. Je passai d'abord un coup rapide pour enlever le gros, puis je passai plus minutieusement sur chacune des lettres. Elles partirent enfin, et j'ouvrai la fenêtre pour que l'odeur parte. Puis, mon père rentra dans ma chambre, c'était l'heure des confidences.

- Bon, je ne vais pas tourner autours du pot. Je crois que ces loups sont des loups-garous... Sans doute ont-ils quelque chose contre nous. Quand ta mère a été tuée, nous avons retrouvé partout autours des traces de loups qui correspondaient à celles d'hier... Et entre ses doigts, il y avait des poils noirs. Comme le loup d'hier.

- Des loups-garous? Tu divagues, papa! Peut-être est-ce seulement une coïcidence de plus...

- Corinne. Ton stylo a été ramassé par un homme. Or, nous venons de le découvrire près du corps du cerf dont le sang a servi à délivrer un message sur ton miroir. Je suis resté à la maison toute la journée, personne n'a pu entrer par en bas... La personne est donc passée par ailleurs. Ou alors elle est passée très discrètement...

- Papa, peut-être que cet homme a perdu ce stylo... ça ne veut pas tout dire. De loin pas. Même si ton opinion est très tentante, nous ne devons pas tirer de conclusions attives...

- Hatives? Mais bon sang, ouvre les yeux! Tu es en danger! Je ne laisserai personne te faire de mal. J'en mourrais...

Et là, je compris. Mon père était devenu fou, fou de douleur. Je le pris dans mes bras alors que ses épaules se secouaient. Il devait avoir tellement mal...

- Vas te reposer Papa. Je t'appelerai quand le repas sera prêt.

Il hocha la tête et se leva,tel un automate. Il était brisé. Quand il eut disparu de mon champ de vision, je pris le stylo désormais propre et le rangeai dans une boîte où je rangeais tous mes souvenirs de ma mère. Elle était noire avec le signe de l'infini multiplié par l'infini dessus en blanc. Je me dirigeai vers la cuisine, m'assis sur la table et balança mes pieds dans le vide. Malgré mon dégout pour ce qu'il venait de se passer, il fallait que je cuisine quelque chose de bon pour mon père. J'optai pour des saltimboquas accompagnées par des épinards et du couscous. Ça ne se mariait pas forcément bien ensemble, mais mon père et moi adorions ça. Je regardai l'heure et me dis qu'il fallait que je m'y mette. Au pire, je réchaufferais les plats au micro-onde. Je me mis donc au travail. Les épinards marinaient doucement dans une casserole, le couscous dans l'autre, et je consultai une nouvelle fois l'heure. 18 30. Parfait. Je descendis le feu des casseroles et m'occupait rapidement de la dinde. Bientôt, mon repas fut terminé. Je disposai le tout sur deux assiettes et plaçai l'une d'elles sur un plateau. Je montai dans la chambre de mon père, le réveillai et lui offris son repas. Il me remercia, puis je sortis de la chambre.

En bas, je m'attablai devant mon assiette et la mangeai tranquillement. Quand j'eus finis, je la lavais et allai au salon. Je me couchai sur le canapé et pensai. À tout, à rien. À Ronan. Au Bal. Allait-il m'inviter? Quelque coups retentirent dans le salon. Il y avait quelqu'un derrière la baie vitrée. Je me rassurai en voyant Ronan. Je me levai et allai lui ouvrir.

- Corinne! Tu vas bien? Je me suis fait du soucis, tu aurais pu m'appeler.

- Je sais. Je vais bien. Tu as invité cette fille dont tu parlais?

- Je vais le faire à l'instant. Veux-tu être ma cavalière au Bal de Glace?

- Oh! Je... Oui, je veux être ta cavalière au Bal de Glace.

Au moins une seule chose de positive dans cette foutue journée. Je souris pleinement. Ronan me rendit mon sourire et je lui proposai de regarder un film.

- Je dois rentrer chez moi... Ma mère m'attend.

- Une autre fois alors.

Une fois qu'il fut partit, je restai au salon. Un pull me couvrait les épaules, mais j'avais froids malgré tout. Je m'enroulai donc dans la couverture et restai là, à penser.

Et soudain, le chant retentit. Une mélodie douce, grave... Je me levai, doucement, comme si j'avais peur de l'effrayer. Je marchai en direction de la baie vitrée que j'ouvris lentement. Dehors, la morsure du froids ne m'empêchait pas d'entendre encore l'appel... La couverture laissait derrière moi une traînée alors que j'avançai dans la neige. J'avais si froid... mais quelque chose m'empêchait de retourner à l'intérieure. Je pénétrai dans le sous-bois. Le chant, de plus en plus fort, me dirigeait. Je le sentais... Je le suivis dix bonnes minutes avant d'arriver enfin à une clairière... Là gisait le loup.

Le loup noir. La peur m'envahit, mais la hardiesse que provoquait le chant en moi la chassa. Je m'approchai du loup, tendis la main vers lui, et... et le caressai. Son poil était doux et chaud. Je me sentais bien. Je l'avais enfin trouvé. Et soudain, mes pensées entrèrent dans les siennes.

Souls of Alphas Where stories live. Discover now