Souls of Alphas

Rendez-vous avec Jace

        Ma première fois commençait bien. Je me mouvais entre les tables comme si j'avais fait ça toute ma vie. Liam, lui semblait satisfait. Quelques hommes me donnaient des pourboirs quand je me penchai assez pour qu'ils aient une bonne vue. Cela ne me dérangeait pas plus que ça. Après tout, je gagnais assez d'argent grâce à cela. Au fil de la soirée, la musique devint plus vibrante. Une piste avait été dégagée au centre du bar, et quelques allumés dansaient. Je rigolai aux blagues grasses des vieux hommes bourrés. Aux alentours de onze heure, le groupe de punk entra dans le bar et alla s'asseoir à une table. Je les rejoints et leur demandai innocemment:

- Alors, les sorciers, ça avance tout ça?

        Ils me regardèrent, surpris. L'un d'eux s'écria:

- La fille du magasin celtique!

        Je leur souris. Ils m'avaient probablement oubliée pendant ce laps de temps, sauf celui avec qui je parlais. Il me sourit. Ils se présentèrent tour à tour. Les quatres s'appelaient Victor, Eitam, Cocks et Laurent. Celui avec qui je parlais se nommait, lui, Percy. Je leur souris, pris leur commandes et les apportai ensuite. Au passage, certains me mataient. Ils riaient et je leur souris ouvertement en arrivant. Je déposai les boissons et les laissai pour m'occuper des autres. Ils commençaient à être bourrés, il fallait que je me montre plus dure. Je savais comment faire. Liam m'arrêta un instant pour me féliciter et me dire que j'était officiellement la vendeuse principale. Je fis le tour des tables, encore et encore. Apportai des bières. Recevai des pourboirs. J'étais dans mon élément. Mon portable vibra, et je me réfugiai derrière le bar pour répondre à Amanda qui me disait qu'elle avait préparé mon souper et qu'elle ne m'attendait pas. Elle était presque devenue une tante pour moi, je l'appréciais énormément. Puis je repartis dans la salle. Les gens semblaient contents de mon retour. Au bout d'un moment, un slow retentit. Les gens se levaient pour trouver une compagne dans le bar. Je restai accoudée au comptoir, puis décidai d'aller récupérer les bières finies. Dans celles des punks, je découvris des billets au fond. Ils étaient humides, mais je les acceptai de bon coeur. Je les fourrai dans une poche de mon tablier, avec le reste. Puis je ramenai les commandes. Le slow prenait fin. Personne n'invitait les vendeuses, c'était une règle. Et j'en étais plutôt contente, à vrai dire. 

            Les gens reprirent leur place, et commençaient à partir pour laisser place aux jeunes qui sortaient des boîtes de nuits. Des groupes arrivaient en coups de vent. Ou alors ils restaient plus longtemps. C'était devenu un foutoir, mais ça ne me dérangeait pas. Il devait être minuit. Encore deux heures avant de me coucher. Je ne ressentais pas la fatigue, et Liam s'en étonnait. "J'ai vu pire", répondai-je à ses questions indécises. Il semblait s'en accomoder, lui aussi. J'étais heureuse, ici. C'était un monde que j'aurais voulu commettre autrement, avec mon petit ami à une table, mais ça viendrait plus tard, espérai-je. 

          Les jeunes me regardaient avec encore plus d'insistance, mais je les ignorai. Quelques fois, une proposition rejetée valait un pourboir de moins. Mais je n'allais pas m'abaisser à leur niveau. Je préférais dix fois plus être ici qu'ailleurs. Depuis que j'avais récupéré ma nouvelle carte d'identité, je me sentais revivre. Ca, c'était une vie pour moi. Une vie que je voulais vivre jusqu'à en mourir. Une vie que je voulais vivre jeune. 

           Je savais que je ne vieillissais pas à la même vitesse que les autres. Une fois devenue adulte, je garderais mon corps pendant beaucoup plus de temps. Je ne l'étais pas encore, adulte, mais je n'allais pas tarder à l'être. La dernière chose qui manquait à ce tableau de bonheur était Jace. Il manquait à chacune ds fibres de mon corps. Il me manquait à chacune des secondes qui passaient. Les gens commençaient à dormir à moitié. Les danseurs étaien tfâtigués. C'était le temps des derniers slows avant la fermeture. Les jeunes dansaient entre eux, complètement pétés. Je les regardais. Les punks étaient encore là. Ils ne se saoulaient pas vite du tout. Encore des billets dans les bières terminées. Je les remerciai chaleureusement. J'en parlais à Liam, et il me laissa leur offrir une bière maison gratuite. Je les apportai, et ils me remercièrent à son tour. Victor me fit signe d'approcher.