Caravane

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         Nous sortîmes de la voiture, moi coincée par l'étreinte légère mais présente de Jace, et l'autre Loup sous le regard attentif du vendeur.

- C'est vous, la caravane?

- Ouaip! 

            Le Loup récupéra mon sac, me le passa et reprit toute ses affaires. Puis, il se rendit dans la station essence derrière nous. Jace réglait les accords avec le vendeur et l'autre revint bientôt avec des provisions. Et des habits emballés dans des sacs plastiques. Quelle délicate attention. Jace sortit quelques billets de sa poche, les tendit au vendeur qui les compta, puis nous montâmes dans le monstre qui allait accompagner notre voyage. Je grognai, toujours autant frustrée. Le jeune se mit au volant et démarra. Je restai debout, Jace toujours accroché à moi. Puis, il me projeta contre le canapé. Surprise, j'étouffai un cri. Jace me regardait, visiblement amusé. Je me relevai à moitié et voulus aller à l'autre bout de la caravane mais j'entendis un "tstststststs" qui me stoppa nette. Je me retournai. Jace faisait non de son doigt. Il me montra le canapé. Je soupirai, m'asseyai dessus et fixai méchemment Jace. Il souriait, maintenant. Je croisai les bras et restai là, totalement stable. J'avais envie de sauter par la fenêtre juste derrière moi. 

           Mais oui! La fenêtre! Je n'étais pas attachée. Je m'empêchai d'y penser trop fort. Il n'y avait persone sur cette route campagnarde, personne pour m'arrêter dans ma folie. Je maintins une certaine tension dans mes jambes, posai mes mains sur le canapé. Jace détourna un instant la tête pour répondre à l'autre Loup, et je profitai de cette innatention inespérée. Je me retournai et voulus sauter par la fenêtre. Mais, comme s'il avait lu dans mes pensées, Jace me rattrappa et me colla contre le mur. Il avait l'air de bien s'amuser. Je gémis quand il augmenta la pression sur mes épaules. Je le frappai au ventre avec mon genoux. Il gémit à son tour et tomba à quatre pattes devant moi. La fenêtre n'était plus une possibilité, je n'avais pas assez d'élan. Jace n'allait pas tarder à se relever et je n'avais que quelques dixièmes de secondes pour réfléchir. Je vis la porte et m'élançai dans sa direction. L'autre arrêta la caravane, sauta de sa place et s'interposa entre moi et ma seule chance de fuite. J'hésitai encore à le frapper quand Jace m'enserra la taille fortement et me lança contre le canapé, cette fois un peu fâché. Je m'en foutais. Je gémis et fis la grimace lorsqu'il se positionna à califurchon au dessus de moi.

- John, vient m'aider.

      Au moins apprendrai-je son nom, aujourd'hui. Celui-ci s'approcha, regarda Jace qui lui désigna d'un mouvement de tête les cordes, et je le regardai avec horreur.

- Tu veux m'attacher?

- Si tu avais été plus coopérative, on aurait pu s'arranger.

- Mais enfin, ouvre les yeux, Jace! Ronan ne m'a pas reconnue. Il ne nous suit pas. Il ne me fera rien parce que lui, il ne fouille pas les affaires des gens, et je n'ai jamais été à des rendez-vous avec lui!

- Oui, j'avoue que te suivre était mesquin.

      Mes supplications n'avaient aucun poids face à lui. Il déroula l'une des cordes, prit mes poignets d'un main, et enroula la corde autours de l'autre. J'essayai de me débattre, mais sans grand succès. Puis, il attacha mes mains à la barre qui se trouvait sous la fenêtre. J'allais finir par avoir mal, et le regardai aussi férocement que je le pus. Quand il se leva de moi et qu'il voulut s'attaquer à mes pieds, je l'éjectai loins de moi, sur une petite table. Il grogna, se releva des bouts de bois éparses et me regarda, cette fois fier. Fier? Oui, c'était bien ça qui brillait dans ses yeux verts... Il semblait content que je sache un peu près me défendre... John nous regardait, tétanisé. Il ne savait vraiment pas dans quoi il s'était embarqué. Je me cambrai pour me relever, puis me tournai et mordis les cordes. Mais elles étaient enduites de cette plante... Je recrachai vite ma salive et hoquetai. Je m'écroulai sur le canapé, vidée de ma force, et regardai Jace, inquiet, s'approcher de moi et essayer de me réanimer. Mes yeux se fermaient d'eux-même. Puis, ce fut le noir, le noir total. 

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