Le cauchemard

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Si le jour pouvait se lever, il aurait du le faire depuis longtemps déjà. Le noir dominait encore, et pourtant mon réveil indiquait 7:00. Je regardai encore par la fenêtre, mais non, rien n'avait changé. Je haussai les épaules, et la musique de fond inquiétante sembla le devenir encore plus quand j'ouvris la porte. L'ambiance des films américains me submergea, et je fus sûre que quelque chose clochait. Je descendis les escaliers qui semblaient désormais beaucoup plus vieux... Je baissai les yeux et remarqua qu'ils étaient simplement recouverts de peaux en tout genre. Mais,comme si c'etait parfaitement normal, je continuai à avancer. La peur ne m'effleurait même pas, cependant quelque chose au fond de moi me disait de me terrer dans mon lit et d'attendre que ça passe. Mais qu'était donc ce "ça"? Je ne pouvais pas le dire. L'odeur me submergea, une odeur de forêt, de feu de bois. Soudain, un cri transperça l'air noir, et je sursautai. Je courrai dans le salon, enfin prête à savoir ce qu'il se passait. J'y aperçus un homme, un homme que j'avais déja entrevu. Je savais que je le connaissais, et pourtant son visage restait dans l'ombre.

- Corinne... Tu dois choisir!

Je savais ce que je devais faire. Je m'approchai de lui et enserrai son cou entre mes bras. Mes lèvres se posèrent sur les siennes avec assurance, et je sus que j'avais fait était le bon choix quand son regard se posa enfin sur moi. Un regard inhumain. Un regard perçant, sauvage. Je levai la tête et hurlai à la lune mon amour et ma joie. Son cri s'ajouta au mien, et nos deux âmes se joignirent en une seule. Le plaisir m'emplissait. Mais il se brisa quand un deuxième homme entra dans la pièce. La lumière se fit enfin. Le salon s'illumina en même temps que moi. Je compris enfin. Ils étaient mon choix.

- Corinne... Tu es à moi, se fâcha le premier des deux.

Alors que les deux hommes se jetaient dessus, je courrai à l'exterieur. Je m'enfonçait dans la forêt, ivre de liberté, et enfin libérée de ce choix. J'arrivai enfin devant une falaise. J'écartai les bras face au vent qui faisait soulever mes cheveux. Une branche craqua. Je me retournai. Il était là. Un des deux. Peu importe lequel. Ça finirait pareil de toute façons. Alors je me retournai. Et, mue d'une nouvelle inspiration, je decidai de sauter. Mes pieds quittèrent le support rassurant du sol pour trouver celui du vide. Le vent s'engouffrait entre mes vêtements tandis que je tombai, toujours plus bas, toujours plus près. Enfin, tout cela allait prendre fin.

*

Je me réveillai en sursaut. La sueur me donnait un sentiment poisseux tandisque je me souvenais de mon songe. Je posai mes pieds sur le sol froid,et jetai un regard prudent en direction de la fenêtre. Non, il ne faisait plus nuit. Je ne dormais plus. Je m'interrogeai un moment sur les deux personnages qui avaient hanté mon rêve, et, étrangement, je ne ressentis envers eux qu'une simple curiosité. Pourtant, ils m'avaient poussée au suicide à cause d'un choix. Et si ce rêve était prémonitoire? Non. C'était stupide, je n'étais pas supersticieuse. Je secouai la tête, regardai mes cheveux, et décidai de prendre une bonne douche. Ce que je fis sans attendre. l'eau chaude me faisait un bien fou. Je sortis enfin, et me hâtai. Aujourd'hui, j'irais manger à la cantine. Aussi surprenant que cela puisse paraître, ça ne m'était jamais arrivé. Je n'étais décidement pas l'américaine modèle!

Lorsque, une heure plus tard, j'arrivai en cours, Jess m'attendait. Elle et Tom se tenaient la main. Elle la lâcha pour me serrer dans ses bras.

- Alors, le trac pour cette première fois?

- Tu peux même pas te l'imaginer!

Tom tourna la tête vers moi, et je lui expliquai la raison de mon stress. Il rigola, et nous nous joignâmes à lui. Je ne savais même plus pourquoi je rigolai quand la bande de Tom arriva. Ce dernier prit un air faussement coupable après le regard que lui lança Stephen, tandisque j'essayais de ne pas rester focalisée sur l'énergie qui se dégageait du "chef". Je détournai la tête, heureuse que Jess me désigne un pauvre mec venant de se faire plaquer qui tabassait une poubelle avec force et dignité. Son ex le regarda, tétanisée d'avoir pu être à la place de ladite poubelle, et elle s'enfuit sans demander son reste. Le tabasseur de poubelle, une fois calmé, regarda Stephen et rejoignit la bande sous les regards compices des autres mecs. Je souris légèrement quand il me reluca, heureuse que l'on ne remarque enfin. Jess m'apprit que je partagerais sa table, avec les garçons. Comme si ça allait me déstresser!

Je regardai encore le groupe, et me rendis compte que Stephen n'était pas le seul à dégager cette énergie. Je la sentais partout autours de moi et, soudain, je me rappelai de celle de mon rêve. La même flagrance. Troublée, j'écoutai d'une oreille discrète les divaguations de Jess sur l'oportunité de sécher les cours. Je secouai la tête. Je ne voulais pas rater mes premiers jours. Jess dut comprendre car elle sourit et me dit:

- Je te retrouve dans les WC du premier à la fin des cours.

J'acquiessai et la regardai partir. J'allais devoir me debrouiller seule. Et m'introduire dans la fosse au lion. Qu'ils aient pitié de moi!

Souls of Alphas Where stories live. Discover now