Enlèvement

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      Je suivais ce Loup dans la neige, et j'espérais bien qu'une âme charitable soit là pour me sauver... Mais visiblement, j'étais bel et bien seule.

- Où m'emmenez-vous?

- Ferme-la. C'est moi qui pose les questions.

       Ma peur devait se sentir des kilomètres à la ronde. Nous nous dirigions vers une rue déblayée, et je priai pour que personne ne se rende compte de ce qu'il se passait. Je risquais de perdre mon humanité et, bien que ce soit ce que je voulais, ce n'était par lui que ceci devait passer. Une morsure de ce type est bien plus que de l'amour; c'est de l'engagement. Nous fûment bientôt noyés par la foule de personnes rentrant pour dîner. Je me forcais à avoir l'air naturelle, mais je sentais que ce n'était pas réussi. L'homme se stoppa bientôt devant une petite voiture d'occasion bleue foncée, et il me fit entrer. Du côté passager de la voiture se trouvait un autre Loup, et il ne me quitta pas des yeux dans le rétro-viseur, prêt à me sauter dessus si jamais j'osais bouger d'un seul poil. Loup Brun s'asseya devant le volant, fit démarrer la voiture et se mit en route. Ils devaient probablement ressentir la moindre fibre de mes émotions, et j'essayai de retenir l'envie de crier qui m'étreignait la gorge et le ventre.

       L'autre homme était un Loup plus jeune. Ses cheveux blonds, assez longs, rebiquaient sur sa nuque, et il était très beau. Ses yeux, qu'il gardait fixés sur moi, étaient d'un vert émeraude magnifique, et je ne pus m'empêcher de me dire que si j'avais été dans des circonstances autres, je l'aurais dragué. Il était tout simplement magnifique. Son air légèrement butté contrastait avec l'humour qui se lisait dans ses yeux, et le coup de foudre fut immédiat. Pourquoi fallait-il que je sois aussi changeante émotionnellement?

      Je détournai les yeux, regardant par la fenêtre les paysages enneigés qui se succédaient. Nous quittions la ville, et je commençais à vraiment m'inquiéter. Si ça continuait ainsi, j'allais finir par faire des crises. Mon inquiétude se propagea quand nous quittâmes réellement la ville pour nous engager sur une route de campagne. Je reconnaissais cette route, elle menait en ligne droite à la ville où ma mère avait été tuée.

- Vous n'allez quand même pas m'emmenez...

- Là où j'ai tué ta mère? Si, bien sûr. A quoi tu t'attendais, sérieusement?

- Non, non, non... Laissez-moi partir, merde à la fin! Ma vie ne vous concerne en rien! Putain!

       Je ne jurais pas souvent, mais là, il me semblait que c'était de circonstance. La panique se propageait en moi, et, sur un coup de tête malencontreux, je décidai de me détacher et d'ouvrir la portière. Si Loup Brun avait eu un plan plus élaboré encore, il l'aurait vérouillée. Mais il s'attendait probablement à ce que je lui obéisse à la lettre. J'allais sauter quand le blond me rattrappa le bras et le coinça dans un étau fort étreignant. Loup Brun jura lui aussi, stoppa la voiture alors que je me débattais encore. Mes pieds avaient déjà quitté le rebord rassurants de la voiture et, quand nous nous arrêtâmes totalement, je heurtais le sol avec violence. Je geignis, et sa main me lâcha enfin. Je ne savais pas qu'ils avaient autant de force et de réflexes que ça mais, au final, ça ne m'étonnait que très peu.

- Tu es stupide? Tu voulais sincèrement te tuer comme ça? Non mais j'y crois pas!

- Laissez-moi m'en aller, p'tain de merde!

- Je ne te connaissais pas aussi grossière, Corinne!

- Vous me connaissez pas, et je crois que j'ai le droit de dire ça après ce qui se passe!

       Il s'approcha de moi, cette fois plus amusé qu'autre chose, me releva alors que je m'étais affaisée au sol, et me rassis à ma place alors que je tenais dans ma main mon bras. Il était douloureux à l'endroit où le blond m'avait attrappée sauvagement. Je marmonnai deux trois injures à ses réflexes et me laissai ensuite faire, trop touchée moralement pour pouvoir faire autre chose que d'entendre l'homme dire à son ami de venir derrière, à côté de moi. Je grognai légèrement, et ils me regardèrent tous les deux en rigolant de manière visible et ironique. Ils se donnèrent une tappe amicale sur l'épaule et je pestai intérieurement contre eux.

Souls of Alphas Where stories live. Discover now