Souls of Alphas

L'ultime choix

      Je me réveillai, enfin. La torture avait cessée. Le mal de tête avait cessé. La corde qui avait serré mon cou n'était plus là. Et surtout, surtout, j'arrivai à nouveau à respirer. La délivrance était totale. Sous mes yeux effarés, Jace me releva, me prit dans ses bras et me leva du sol. Ainsi transbahutée, je me sentais ridicule, un peu comme une infirme qu'on aide à marcher. Mais ce n'était pas le cas. Je voulus me remettre debout, mais Jace me serra encore plus fort. La sueur perlait à mon front. Je me sentais mal. Pourquoi? Je regardai un peu autours de moi et, en découvrant le corps de Stephen, je retins un violent haut le coeur. Jace me reposa à terre à temps et je vomis, pensant juste à écarter mes cheveux à temps. Je haletai, et Jace passa sa main dans mon dos. Il me caressait, avec douceur, et je crus qu'enfin, c'était fini, mais à peine eus-je repensé à Stephen que de la bile me remonta à la gorge et je revomis. 

     Jace me reprit ensuite dans ses bras et me chuchota des mots tendres à l'oreille. Les tremblements de mes épaules se calmèrent. J'essayais de ne pas penser à Stephen, mais ça m'était quasi impossible. Je restai, amorphe, dans les bras rassurants et forts de Jace. Je savais qu'il y aurait des morts. Mais Stephen? Non, Stephen n'aurait jamais dû mourir. Il était trop inconscient du danger auquel Ronan l'avait confronté. Bien sûr, il aurait pu partir après mon discours. Mais il ne l'a pas fait. "Pour moi". Au final, je l'avais tué. Cette soudaine prise de conscience eut sur moi une conséquence néfaste: je m'enfonçai dans un mutisme sombre et douloureux. Je serrais encore Jace dans mes bras alors qu'il voulait me déposer dans le canapé. Je savais que j'étais faible de ne pas réussir à surmonter tout cela. Mais je n'y arrivais pas. Jace finit par se coucher avec moi dans ses bras. Je me serrai contre lui. Fort, tellement fort...

     J'avais dû finir par laisser le sommeil me gagner car, le lendemain, je me révaillai sur le canapé, toujours enfouie dans les bras rassurants de Jace. Ses cheveux blonds tombaient devant son visage. Je levai la main et les écartai doucement de sa joue. Il semblait si calme et serein que je ne me sentis pas de le réveiller. Je me sentais déjà beaucoup mieux, comme si j'avais fini par accepter la dure réalité qui s'offrait à moi: Stephen était mort. Je soupirai légèrement et caressai toujours la joue de Jace quand John entra dans la caravane. Il me sourit doucement, un peu gêné, et je me rendis compte que nous projetions sûrement une toute autre idée. Je me retins de lui expliquer que nous n'avions rien fait sous les couvertures, mais je ne voulais pas réveiller Jace. Aussi me blottis-je contre lui. Il remua légèrement et passa un bras par dessus mon épaule. Je me sentais bien ainsi, loin des autres, loin de tout. Cependant, la question se frayait un chemin dans mon esprit: comment allions-nous expliquer le meurtre de Stephen? Je m'affolai soudainement. 

      Jace sembla être inspiré par ma folie, car il se réveilla en criant. Je lui caressai les cheveux alors qu'il regardait autours de lui, affolé. 

- Qu'est-ce qui se passe?

     Il semblait inquiet, regardant autours de lui comme un lapin affolé, et je ne pus m'empêcher d'angoisser moi aussi.

- J'ai rêvé qu'on t'accusait d'avoir tué tout ces Loups... Et qu'ils t'executaient...

        Le rapprochement entre nos pensées simultanées me fit un instant perdre le contrôle. Puis je repris mon calme, le regardai à nouveau et, pour le calmer, je l'embrassai avec douceur.

- Ca n'arrivera pas, tentai-je de le rassurer. 

          Mais moi-même, je n'arrivai pas à m'en contenter. C'était possible. Mon sang jonchait aussi les herbes de la plaine. Mon sang était là et ils en arriveraient à la seule conclusion possible. Que c'était moi qui avait fait ça.

- Jace, je dois mourir.

- Oui, c'est la seule solution possible. 

        Nous nous regarrdâmes, aussi sérieux que des blocs de roche. Je savais exactement ce que je devais faire. Et j'allais le faire.