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Chapitre quarante-six : "Il m'a bien aidée."

Le trajet semble aller beaucoup plus vite que ce que j'avais prévu. Je pensais que j'aurais le temps de réfléchir pendant l'heure de route vers la nouvelle maison de ma mère, mais je n'ai pas pu. Je suis nerveuse à l'idée de revoir ma mère. Je l'ai brièvement aperçue le jour où mon père est décédé, mais en réalité, je ne l'ai pas vraiment revue depuis son mariage.

Mais après avoir vu mon père décédé devant moi, je savais que j'avais besoin de toute la famille à laquelle je pouvais m'accrocher. Ma relation avec elle est réparable. Elle n'est pas encore entièrement détruite.

Alors que je roule dans sa nouvelle allée, mon estomac se noue. Elle m'a dit qu'elle a emménagé ici juste après le mariage. Elle m'a aussi avertie que l'homme qu'elle a épousé a deux filles plus jeunes. Je me demande ce que ma mère pense de ça. Je ne pense pas qu'elle se soit jamais considérée comme la belle-mère de quelqu'un, encore moins de deux petites filles.

Amener Toby avec moi est un moyen pour moi de me calmer les nerfs. Toby et moi sommes en quelque sorte très synchronisés. Il sait d'une certaine manière quand je me sens nerveuse ou triste. Il m'aide à me sentir mieux d'une manière que je ne peux pas expliquer.

Je sors de la voiture d'Harry avec Toby qui me suit juste derrière. Avant même que je puisse frapper à la porte, ma mère l'ouvre en m'attaquant avec un câlin serré. Après quelques secondes de choc, je la prends dans mes bras en retour. Elle m'a manqué. Elle m'a manqué plus que ce que j'avais remarqué auparavant. C'est drôle comme, maintenant que je suis  dans ses bras, je remarque un parfum distinct. L'odeur de ma mère. C'est un mélange de lavande et de différents types d'huiles. C'est le même parfum qu'elle avait il y a des années. C'est une odeur réconfortante.

Très vite, elle me lâche et m'entraîne dans sa belle nouvelle maison. Elle me conduit dans son salon en m'asseyant sur le canapé.

"Comment tu vas ?" Elle me demande.

"Beaucoup mieux que ce à quoi je m'attendais." Je hoche la tête.

Ma mère me caresse doucement la joue avec sa main, ce qu'elle faisait beaucoup quand j'étais petite.

"Je m'attendais à ce que Harry vienne avec toi." Elle m'avoue.

"J'ai pensé qu'il valait mieux que je vienne seule, avec Toby en fait." Je souris en regardant mon petit chiot parfait.

Subitement, deux petites filles courent et entrent dans le salon. Ce sont exactement les mêmes filles qui ont dansé avec ma mère au mariage. Elles ressemblent exactement à l'opposé de moi quand j'avais leur âge. À l'âge de six ans, j'étais un vrai garçon manqué, après tout, je voulais juste être mon père. Quant à ces petites filles, elles sont plus féminines qu'elles auraient pu l'être. Leurs cheveux blonds descendent sur les robes roses qu'elles portent. Elles vont directement vers Toby.

Étonnamment, Toby les lèches avec des baisers au lieu d'être effrayé par elles.

"Les filles, c'est Cailin, ma fille." sourit ma mère.

"Je suis Jackie."

"Je suis Julia."

Les deux filles l'ont dit en même temps, faisant échapper un rire involontaire de mes lèvres.

"Ravie de vous rencontrer, les filles." Je leur réponds alors qu'elles recommencent à jouer avec Toby sur le sol.

Je lève les yeux vers ma mère à nouveau et je la vois sourire aux filles. Je ne l'avais jamais vue regarder des enfants comme ça auparavant. Elle tient vraiment à elles.

"Leur mère est décédée il y a environ trois ans." me dit-elle d'un ton silencieux, ne voulant pas que les filles entendent, je suppose.

"Alors tu recommences ?" Je lui demande en plaisantant.

"Je crois bien, mais cette fois, je veux mieux faire." Elle hoche la tête.

Je sais ce qu'elle veut dire. Notre relation s'est détériorée après le coma de mon père. Je la blâmais pour tout, même quand elle me soutenait dans ma carrière de mannequin. Je la détestais en quelque sorte pour tout, simplement parce que j'étais en colère contre le monde.

"Je pense que nous avons toutes les deux mal agi dans cette situation. Au lieu de nous unir, nous sommes allés dans des directions complètement différentes." Je lui réponds.

"On dirait que tu vas beaucoup mieux qu'il y a quelques mois." Elle met sa main sur la mienne.

Je sais à quoi elle fait allusion. Harry. Avant que le monde ne sache ce qui se passait, ma mère a soutenu ma relation avec Carter même s'il me battait. Je suppose que dans son esprit, ce n'était que quelques gifles, mais c'était tellement pire. Harry était quelqu'un avec qui elle ne s'attendait pas à ce que je sois. Elle, comme tout le monde, a vu que nous ne nous entendions pas avant.

"Il m'a bien aidée." Je rougis.

"Je suis heureuse pour toi." Ma mère me sourit.

Pour la première fois depuis longtemps, j'ai l'impression que notre relation a été rétablie.

...

Je franchis la porte de l'appartement, laissant Toby entrer en courant devant moi. Aucune lumière n'est allumée dans le salon et dans la cuisine. Il est tard, mais d'habitude il y a au moins une personne réveillée à ce moment-là. Je suppose que ce soir, c'est moi.

Alors que je regarde Toby se diriger directement vers son bol d'eau, je prends un bol du buffet et des céréales dans le placard. Après avoir pris le lait du réfrigérateur, je m'assois sur un tabouret de la cuisine. Les céréales à cette heure de la nuit sont pour moi une nourriture réconfortante, surtout après une journée comme celle-ci.

Je suis en quelque sorte heureuse. Tout dans ma vie semble aller d'une manière à laquelle je n'aurais jamais pu m'attendre. La situation est meilleure qu'elle ne l'avait jamais été.

Ma relation avec ma mère n'est pas complètement réparée, mais elle est en bonne voie. Je sais qu'un jour, elle sera plus forte que jamais.

Ma relation avec Harry est au mieux de sa forme. Il me traite comme j'avais toujours espéré qu'il le ferait.   

Ma carrière est au top et j'ai l'impression que personne ne peut me démolir.   

Je suis heureuse.

"Depuis combien de temps tu es là ?" Une faible voix m'arrache de mes pensées.

Je lève les yeux pour voir un Harry endormi entrer dans la cuisine. Il est torse nu et ses cheveux sont en désordre, mais il est pourtant aussi séduisant que jamais.

"Je viens de rentrer de chez ma mère." Je lui réponds, alors qu'Harry m'embrasse sur le front.

"Comment c'était ?" Il me demande en s'appuyant sur le dossier d'un tabouret à côté de moi.

"C'était bien." Je lui souris.

"Tant mieux." Il me sourit en retour.

J'enroule mes bras autour du torse d'Harry en le tenant bien serré. Il me rend mon étreinte en enfouissant sa tête dans mon cou. Je souris au petit geste, comme si je ne voulais jamais perdre ça.

"J'ai peur." Je murmure sans même me rendre compte que je l'avais dit à haute voix.

"Pourquoi ?" Il me demande sans s'éloigner d'un pouce de moi.

"J'ai peur que ça puisse être fini à tout moment." Je lui dis contre sa poitrine.

Pendant quelques secondes, il ne dit rien. La seule chose que je peux entendre, c'est sa respiration et ses battements de cœur. Mais ensuite il dit quelque chose qui m'inquiète encore plus.

"Moi aussi." murmure-t-il d'une voix à peine audible.