Chapitre 2

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Le deuxième jour commençait par deux heures de sport, youpi ! Du javelot pour notre premier cours, mon rêve absolu je dirais. Je n'étais pas très doué mais je me maintenais (avec difficulté) dans la moyenne. L'un des trois meilleurs était, évidemment, Iliès. Les deux autres étaient Farid, son meilleur ami et le petit ami de Nancy, et un garçon, Romain.

Au moment d'aller en français, Pierre réalisa qu'il avait oublié son sac de sport dans le gymnase et je l'accompagnai le récupérer. On arriva en cours même temps qu'Iliès (pas très rassurant), c'est à dire en retard. Il ne restait qu'une table de deux, ça serait bien tombé... si Iliès n"avait pas décidé de s'y installer.

-Tu peux nous laisser la place s'il te plaît, fis-je obligeamment.

-Attend, laisse-moi réfléchir...

Cet idiot avait l'air de s'amuser beaucoup.

-Bon, le plus proche s'assoit à côté de lui et l'autre vient se mettre devant, allez ! Retardataires et même pas fichu de se faire oublier, bougonna le prof. Je suis donc votre prof de français, etc, etc. Même si pour certains d'entre vous il est permis d'avoir des doutes, j'imagine que vous avez tous suivi un cours de français dans votre vie ? Je ne vais pas vous expliquez comment ça marche. Quant au programme, vous le découvrirez au fur et à mesure, ça n'est pas comme si vous alliez le noter là tout de suite.

Je ne pus m'empêcher de sourire. Même s'il m'obligeait a m'asseoir près de la personne la plus antipathique de cette classe (Pierre s'était précipité sur la place de devant, pensez-vous), ce prof me plaisait.

-Alors l'intello -non parce que ça se voit que t'es un intello- c'est quoi ton petit nom ? Qu'on fasse connaissance ! A moins que tu sois pédé, avec ta petite écharpe rouge ? Non parce qu'autant te dire direct je suis pas du genre à se faire enculer, si tu vois ce que je veux dire ! lâcha mon voisin en ricanant.

Sans me laisser le temps de répondre, il se tourna vers ses amis derrière nous (Farid et Martin) :

-Faut qu'on lui trouve un surnom à cet adoreur de cours !

Cette expression était vraiment ridicule. J'allais me me laisser faire comme ça ? A cet instant, le prof, qui faisait laborieusement l'appel, lança :

-Thomas Stendhal ?

Je levais la main bien haut. Iliès et sa clique ne pouvaient pas le manquer, et de cette façon j'espérais un peu de répit.

-Oh, vous trouvez pas qu'il est tout mignon presque il rougit l'intello !

-Oui bah on a qu'a l'appeler Tomate ! Puisqu'il s'appelle Thomas !

Les trois rirent comme si cette blague était drôle... Désolant. Heureusement, Iliès était là pour rattraper le coup :

-Non non les gars attendez c'est trop commun ça on a déjà dû lui faire (sans blague, ce gars est une lumière), venez faut qu'on trouve autre chose mais genre en rapport avec la nature les fleurs ou j'sais pas !

Pendant deux minutes super stressantes, ils réfléchirent ensemble. Et même si j'étais ravi d'accomplir ce miracle par la seule force de mon prénom, je m'en voulais de ne rien oser dire et même d'être préoccupé par ce foutu surnom.

-Les gars je sais ! fit tout à coup mon voisin, ravi.

-Mr Aladawi, taisez-vous ! ordonna le prof.

Baissant d'un ton, Iliès se tourna vers moi presque triomphant pour me demander :

-T'es romantique, pas vrai ?

J'imagine que j'étais aussi surpris par sa question que ses deux acolytes. Néanmoins, je réussis à rétorquer un fantastique :

-Euuh pas vraiment...

-Rooh mais joue le jeu aussi ! râla t-il. Bon les gars vous savez les filles quand elles sont (il prit un air gnangnan pour prononcer le mot) "amoureuses" et qu'elles sont romantiques à vomir qu'est-ce qu'elles font ?

Pour être honnête, ça commençait mal.

-Elles effeuillent des fleurs ! Des marguerites !

Voyant l'air ahuri de ses imbéciles d'amis, il tenta de leur faire comprendre sa logique :

-Mais oui vous savez bien un peu, beaucoup, à la folie, pas du tout !

Farid fronça les sourcils, mais je ne penses pas que c'est parce qu'il s'était rendu compte qu'il manquait "passionnément".

-Je crois que tu les as perdus avec le verbe "effeuiller", fis-je sans réfléchir.

-Bref je trouve que marguerite c'est un bon surnom, bougonna Iliès, déçu.

-Ah ouais ouais c'est cool !

Farid était le premier à se réveiller. En revanche Martin semblait définitivement perdu.

Le cours se termina et je m'apprêtai a sortit, affublé de ce surnom ridicule, quand le prof nous dit :

-Bon, on va commencer facilement, le premier travail que vous aurez à faire ça sera un binôme sur Cyrano de Bergerac, je distribuerai les livres jeudi prochain. Vous travaillerez avec votre voisin de table, j'ai déjà noté le plan de classe !

Je regardais Iliès, horrifié et m'attendant à ce qu'il fasse une scène mais lui rigolait :

-Cette chance ! La seule fois où je tombe sur un gars au hasard c'est un intello et je suis son binôme d'exposé ! Eh Marguerite, pas trop deg ?

Et il partit avec ses potes. J'étais vraiment dépité mais ça pouvait toujours s'arranger... avec beaucoup, beaucoup de chance.

Le reste de la semaine, rien de notable à part Nancy qui récupéra le numéro de toute la classe (moi compris), "au cas ou" comme elle disait. Elle m'envoya un message pour que je note le sien. Après tout, ça faisait une personne de plus dans mon répertoire.

Un peu plus que la vie (TERMINÉ)Where stories live. Discover now