Chapitre 38

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Les deux mois qui passèrent furent les meilleurs de toute notre (bancale) relation, depuis qu'elle avait commencé.

Pour mon anniversaire, le 24 février, il m'appela à minuit une, en criant/chantant joyeux anniversaire en arabe, puis en français, et m'ordonna de l'attendre à 7h le lendemain, qu'il passerait me prendre avant le lycée.

Je lui obéis et il m'emmena au bar à côté, m'offrit un café, un pain au chocolat (il le demanda comme ça au serveur!) et son sourire charmeur.

-Bon anniversaire beau gosse ! me dit t-il une fois installé.

-Je suis fatigué, fis-je mine de râler.

-Tu veux rire, j'éclaire ta journée !

Je reçus aussi des cadeaux de Pierre (une gomme en forme de pacman), d'Aline (des écouteurs noirs et un rougissement), d'Emma (un pull gris) et de toute ma famille. Parmi ceux-là, le seul méritant mon attention fut celui, reçu par la poste, d' Évie : une coque de téléphone sur laquelle était inscrit en blanc sur fond noir "Fuck the world, but slowly." Classe.

Pendant ces deux mois absolument géniaux, Iliès trouvait toujours un moyen de me faire un clin d' œil, de m'attendre le matin ou le soir, de m'embrasser dans les toilettes ou pendant les cours de sport. On était incroyablement proches, ce qui entraînait des petites disputes qu'il réglait par une glace ou une tirade tirée d'une œuvre que j'appréciais. Il me racontait comment il faisait enrager son beau-frère et ses réactions, je l'aidais à élaborer des plans.

Nancy m'appréciait de plus en plus, et Farid me tolérait sans problème. Mais Martin ne manquait jamais une occasion de me coincer, de me lancer un mauvais regard, ou une remarque désagréable. Je n'en parlais pas à Iliès, car je vivais réellement des moments parfaits avec lui.

Ses cheveux, sa fossette, ses cols de tee-shirts et sa démarche m'accompagnaient partout et occupaient mes rêves.

-C'est moi ou on est presque trop romantiques ? disais-je.

-Juste ce qu'il faut, répondait t-il.

-Tu acceptes la romance ?

-La romance, c'est pour les filles et les pédés.

Et avant que je ne puisse le reprendre, il m'embrassait et me rendait à nouveau dingue de lui. J'aimais le voir écraser sa clope quand je le rejoignais sur la place, ou arriver et ranger son casque dans le coffre de sa moto.

Mais, alors qu'il m'entraînait de temps en temps dans son groupe d'amis, je réalisais qu'il ne passait jamais de temps avec les miens. Je voulus que ça change, mais Pierre, à qui j'en parlais (seulement comme si, évidemment, comme quoi Iliès était un ami), me détrompa.

-Mauvaise idée, vraiment.

Je n'insistais pas.

Ma vie me convenait parfaitement. Mes notes étaient toujours aussi bonnes, et j'étais amoureux ! J'avais dis à ma mère que j'avais quitté ma copine, comme ça c'était réglé.

Je ménageais dans un espèce de bonheur naïf, et la seule chose qui m'empêchait d'en sortir était qu'Iliès semblait dans le même cas.

Et puis, ce week-end précisément ce samedi, celui qui précédait le second bac blanc, il m'invita chez lui. Je prévins Pierre pour qu'il me couvre ; il ne posait plus de questions, s'habituant à mes secrets. Ça s'annonçait très bien, et j'avais déjà hâte de retrouver sa chambre. Pour ne pas changer, il m'attendait pour 11h. Pour changer, je fis exprès d'arriver à 11h04.

Un peu plus que la vie (TERMINÉ)Where stories live. Discover now