Chapitre 31

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Je me levais plus tôt que d'habitude, comme à chaque rentrée. Histoire d'être bien réveillé.

Le premier cours, un cours d'histoire. Comme d'habitude, le prof était dépassé par notre "classe la plus turbulente de toutes les premières ES". Il avait beau demander le silence, les bavardages continuaient dès qu'il se tournait à nouveau.

Le club Martin-Farid-Iliès-Nancy était évidemment celui qui faisait le plus de bruit. Aujourd'hui, Emma n'était pas là et on s'était installés à une place a trois, Pierre, Aline et moi. J'en profitais pour discuter du cours du jour avec Aline, qui adorait l'histoire. C'était la révolution industrielle, et je savais qu'elle aurait sûrement quelques anecdotes à m'apprendre sur le sujet.

-Monsieur Stendhal ! Taisez-vous, vous perturbez le cours. Il en est de même pour vous, Mademoiselle... sa voisine !

Les profs avaient souvent tendance à oublier le nom d'Aline, et je ne réussissais pas à savoir si ça l'arrangeait ou non. Elle devint cramoisie et baissa la tête. Tout le monde se taisait et nous regardait, bien sûr : les deux intellos se faisant réprimander, quelle aventure !

-A tous les coups ils étaient en train de parler du cours ! Vous pariez combien ? s'exclama Farid.

-Daoud (pas de "monsieur" avec Farid, remarquai-je) ! Vous voulez une retenue ?

-Non m'sieur ! Mais avouez que Thomas y faisait pas de bruit... Non parce que si même les intellos s'y mettent, on fonce droit dans le mur, pas vrai ?

La classe était effondrée de rire, et le prof de désespoir.

-Bien vrai que tu parlais bien sagement du cours comme un bon petit toutou, Marguerite ? lança Martin, mielleux.

Je ne sais pas vraiment ce qui me prit de me tourner et de le fixer, avant de répondre :

-Non, on parlait du dernier film porno, pourquoi ?

Il y eut un petit blanc où Nancy et Iliès se regardèrent en pouffant.

-Aah oui je l'ai vu, y'a ta mère dedans non Martin ?! plaisanta Iliès.

-Je vais te buter espèce d'enculé de fils de p... commença Martin.

-Tous les trois ! Chez le proviseur ! hurla soudain le prof d'une voix si aiguë que tout le monde sursauta.

-Mais monsieur... tenta Iliès.

-La ferme ! Fletcher, vous veillez à ce qu'ils aillent bien dans le bureau. Je veux un papier signé !

Adrien se leva rapidement, l'air fier qu'on lui ai confié cette mission. Je regrettais un peu d'avoir répondu à Martin, et je me dirigeais vers la porte, légèrement catastrophé.

Personne ne parlait, même si Iliès passait son temps à pouffer en nous regardant l'un ou l'autre, Martin et moi. On entra chez le proviseur, Adrien et moi, suivis d'Iliès et Martin qui semblaient s'être réconciliés. Il soupira, l'air d'être habitué.

-Deux accompagnateurs, cette fois ? Quelle est la bêtise de ces deux-là ?

Je grinçais des dents. Le proviseur était un ami de ma mère, et il me regardait amicalement.

-Eh bien, en tout cas, j'en fais aussi partie, marmonnais-je.

-Oh...

Il eut l'air déçu et il se tourna vers Adrien.

-Merci mon grand, tiens, retournes en cours.

Il lui tendit un papier sur lequel il appliqua le tampon de sa signature d'un air pénétré. Il n'aurait pas été plus concentré s'il avait été en train de signer un traité de paix à visée mondiale. Je souris, et Martin le remarqua.

Un peu plus que la vie (TERMINÉ)Where stories live. Discover now