Partie 6

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Je me dirige droit sur elle et elle sourit. Si je ne lui en parle pas elle n'en parlera pas, alors je me lance.

-Désolé, je t'ai pas appelée ces deux jours. J'étais crevé...

-Pas grave, elle sourit et je l'embrasse.

Bon. Pas de prise de tête au moins pour le moment. Plus qu'à oublier ma connerie de samedi, en attendant de lui avouer. Parce qu'elle a quand même le droit de savoir, et que j'ai de plus en plus l'impression de me transformer en connard.

Je rejoint Élie, miraculeusement présent, et Liv en maths. Elle me raconte sa rencontre avec une fille au bar, et ça m'amuse. Je suis de bonne humeur pour la semaine, tout semble aller mieux : je n'ai aucun mal à remplir les papiers, mon père n'est pas violent. Rien d'autre ne me rend joyeux, bien sûr.

Ce vendredi, on n'a pas cours pendant deux heures et je vais m'installer seul sur un banc, pour lire. Mais je suis bientôt rejoint. Il s'assoit.

-Tu lis quoi ?

-Poèmes.

-Du genre ?

-L'Ennemi, de Baudelaire.

-C'est vraiment ton truc, Baudelaire, hein.

Un silence.

-Et c'est qui son ennemi ?

-Le temps.

-T'as peur du temps, toi ?

Je me tourne vers lui, beau comme lui-même. Il en profite pour passer son bras autour de mon épaule.

-Non, c'est plutôt fascinant.

-C'est toi qui es fascinant.

Je soupire. Je me dégage de son bras, mais je tente quand même de réenclencher la conversation.

-T'en penses quoi, de la fontaine de jouvence par exemple ?

-Hypersex.

-Iliès !

-Hum ?

-T'as vraiment perdu en conversation.

-On peut parler du sida.

Je fronce les sourcils et je le dévisage. Il paraît sérieux.

-Tu...T'as le sida ?

Je me rends compte que je tire un peu trop vite des conclusions. Mais il reste sérieux.

-Moi ? Non, mais quelqu'un que je connais oui. Et je me suis renseigné.

-C'est terrible, vraiment.

Il se mordille la lèvre.

-Ça changerait quelque chose pour toi si j'avais le sida ?

-Bah non, c'est pas comme si on allait mélanger nos sangs.

Je sais, c'est pas vraiment sympa.

Il me regarde.

-C'est une amie à ma mère...

-Une amie DE ma mère, dis-je sans réfléchir.

C'est un réflexe. Un réflexe chiant. Il grogne. 

-Pardon, reprends.

-Donc, une amie de ma mère qui l'a et qui s'est fait virée de chez elle, de sa famille etc.

-C'est horrible, il vaudrait mieux la soutenir !

-Et du coup, ça changerait un truc entre nous si jamais je l'avais ?

Un peu plus que la vie (TERMINÉ)Where stories live. Discover now