Chapitre 29

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J'avais plutôt mal dormi, à cause de Steven qui ronflait et parlait en dormant, des moustiques insupportables et des grincements de l'étage supérieur. Je me levais donc de mauvaise humeur peu après mon cousin, et je me dirigeais vers la cuisine, décidé à manger en silence. Mais c'était sans compter Steven qui me raconta sa vie, ses rêves de la nuit et même ses inventions loufoques. Un délice. Puis, vers 11h, il partit jouer avec mon grand-père qui venait de se lever : il fut harcelé à son tour. Pourtant, il cédait à tous ses caprices.

Cinq minutes après, Évelyne descendit de sa chambre, habillée et maquillée divinement bien (il allait falloir que je m'habitue). Elle me sourit et m'adressa un vague salut.

-Alors, tu as eu droit a Stevie ce matin ?

-Quoi ? C'est pour ça que tu descends à 11 h ?

-Oui, c'est l'heure ou il arrête de divaguer en général.

-Tu aurais pu me prévenir, traîtresse, bougonnais-je.

Elle fit une moue moqueuse.

-Je trouvais ça amusant !

Le midi, on s'assit tous à table. Je savais mes parents gênés par ma cousine, et j'en ressentais de la colère ou peut-être même de la honte, je n'étais pas certain du sentiment. Mon père demanda d'un ton affable :

-Alors, Évelyne, c'est bien triste pour une jeune fille de s'habiller en noir. J'espère que ce style de vie, là, comme un vampire n'est pas trop pesant ?!

Je serrais les poings. Mais ma cousine n'était ni timide, ni délicate. Au contraire, elle était pourvue d'une bonne dose d'ironie.

-Ben pas trop non, d'ailleurs je me drogue quand je vais à tous mes concerts de rock, j'ai un tatouage de tête de mort dans le dos fait par mon petit ami violent et punk.

Elle rajouta une touche de fantaisie à sa petite histoire.

-Ah et, si je m'habille en noir, ce n'est pas de la mode. C'est pour me rappeler tous ces gens que j'ai tué en leur vendant de la drogue de mauvaise qualité.

J'éclatais de rire après m'être délecté du visage de mes parents.

-Tu as vu papa, même son humour est noir ! ajoutais-je.

Évie éclata de rire à ma blague de mauvais goût. Elle paraissait ravie. Je vis, étrangement, ma grand-mère esquisser un petit sourire, qui s'effaça bien vite. Avais-je rêvé ?

A partir de ce moment, tout le monde cessa de parler à ma cousine, qui s'en contentait très bien. On passa le reste de la journée ensemble, à parler de tout et rien. J'adorais philosopher avec elle, presque autant qu'avec Iliès.

-Pourquoi crois-tu que les femmes sont, depuis toujours et dans tous les esprits, inférieures aux hommes ? me demanda t-elle une fois.

-Je pense que comme ce sont elles qui font des enfants, il leur est vite incombé de s'en occuper. Aucun moyen d'avorter ou quoi, et comme c'était en quelque sorte leur "production", c'était leur travail. Donc, c'était l'homme qui se chargeait des tâches externes. Et cette logique s'est installée. Je ne suis pas pour bien sûr, et maintenant ça peut être autrement, tout a changé et c'est mieux l'égalité.

Et l'un de nous posait une autre question, puis on tâchait d'y répondre le plus justement possible. Quand on était en désaccord, c'était le mieux, car chacun exposait ses idées avec plus de passion.

Deux jours passèrent ainsi. Le troisième, les adultes décidèrent d'une promenade, et on dut les accompagner, évidemment. Steven, toujours hystérique, était difficile à surveiller mais sinon, la promenade fut agréable. Beaucoup regardaient ma cousine, et je détestais sentir la honte de mon père. Je me demandais si on me prenait pour son petit copain. Si oui, c'était plutôt flatteur !

Un peu plus que la vie (TERMINÉ)Where stories live. Discover now