Un peu plus que la vie (TERMINÉ)

Partie 2

                    

Je me lève tôt et m'en vais avant que mon père ne se lève. Je vais m'acheter un croissant, je le mange sur un banc en attendant Aline. Et je réfléchis à un sujet de conversation à aborder avec elle : ça ne me vient pas tout seul, la plupart du temps.

Quand elle arrive, je lui raconte tout ce que j'ai appris sur le continent de d'ordures du Pacifique, sur lequel je me suis renseigné. On tombe absolument d'accord pour dire que c'est terrible, qu'on aimerait y faire quelque chose, que si tout le monde faisait attention ça pourrait changer... Une conversation plutôt ordinaire.

On se rend en anglais, où le prof nous attend de pied ferme. On dirait qu'il vit dans sa salle : tout est déjà parfaitement prêt pour le cours. Enfin, tant mieux pour lui.

Je m'installe, près à somnoler un peu. Je sais, c'est mal, mais j'ai du mal à dormir et la première heure est l'occasion de récupérer.

-Aladawi, you can ask a question about the text, go on.

Je me réveille un petit peu quand j'entends que le prof a interrogé Iliès.

-Je sais pas, mons...

-En anglais.

-I not know, mister, dit-il connement.

Je sais qu'il le fait exprès.

-Now, Aladawi. You can ask to anyone.

-Oh ! Anyone ?

Je lève les yeux quand il dit ça. Je croise son regard et il me fait un clin d'œil.

Puis le prof change de victime et le cours reprend, mon cœur bourdonne.

On arrive en sport, il faut faire des trios et je vais avec Élie et Liv, qui sont mes seules connaissances (à part un certain connard). Enfin, je suis surtout avec Liv : Élie sèche la majorité du temps.

En fin d'heure, je me propose pour ranger le matériel et je m'en occupe lentement, perdu dans mes pensées.

-Hey !

Je sursaute et me retourne. Iliès.

-Le prof m'a demandé de lui ramener ses clés, tu sais où elles sont ?

Je tend un bras pour lui indiquer la direction, mais il ralentit à ma hauteur. Je continue de ranger sans me retourner...

-Hmm, et sinon, ton bac ? 

Pourquoi il me parle, sérieusement ?

-Une moyenne de 17, entre le français et les sciences, je réponds. Et toi ?

-11.

-Ah.

-Paraît que tu sors avec Alice ? Euh Aline, se reprend-il rapidement sans que je puisse savoir s'il le faisait exprès.

-Toi, avec Selma.

-Oui, enfin, à peu près.

-Les clés sont là, je lui indique.

-Je sais où sont les clés.

Je me tourne et je l'observe, frontalement cette fois.

Il a un peu changé cet été. Un peu plus de biceps, son menton s'est endurci et il semble plus grand.

Il sourit, puis il secoue la tête, prend les clés et se tire. Tant mieux.

Je fixe son dos. Il est toujours aussi beau. Sinon plus. Merde, j'en ai assez. Il mérite même pas que je pense autant à lui.