Chapitre 10

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-Alors, t'as aimé ?

Je fronçais les sourcils.

-La douche.

-Ah. Ouais, et j'en ai profité pour dessoûler un peu !

-Bien joué alors. Moi je me douche le matin généralement.

-Ok.

-Tu veux voir un film ?

C'était une bonne idée, ça allait empêcher ce froid de s'installer.

-Pourquoi pas ? T'as quoi ?

-La maison vous propose une grande variété de films en tout genre, horreur, action, fantaisie, dessin animé, romance... J'imagine que ce dernier choix sera le votre ?

J'en conclus qu'il voulait faire comme si rien ne s'était passé et honnêtement, ça me convenait. Je souris :

-J'hésite entre action et horreur...

-Horreur, comme ça tu pourras me planter tes ongles dans le bras et je pourrais rire de te voir sursauter comme une fillette !

Bon, au moins, il n'avait pas fait de remarque homophobe. Il y avait du progrès.

-On verra ça !

Tout le long du film, je ne pouvais pas m'empêcher de penser à d'autres choses (incluant les lèvres de mon voisin, je l'avoue), et je n'étais absolument pas concentré. Je ne sursautai pas une seule fois.

Une fois le film fini, il éteignit son ordi, et me prépara mon matelas à côté de son lit. Il me passa mes draps et je fis le lit, je mis mon téléphone à charger et allait me mettre en pyjama (c'est à dire en jogging et tee-shirt noir) dans la salle de bains. Iliès restait torse nu et avec son jogging de la journée.

Tout ça en silence.

J'avais beaucoup de mal à ne pas fixer son torse, son corps fin et taillé qui tressautait à cause du remuement compulsif de sa jambe....

Je m'enfouis sous la couette, encore bouleversé par tout ce que j'avais vécu aujourd'hui.

Mais contrairement à ce que je croyais, je m'endormis rapidement.

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-La marmotte qui me sert de binôme aurait-elle la grâce de bien vouloir se lever et prendre son petit-déjeuner en ma compagnie ?

-Monsieur a du vocabulaire à ce que je vois ! marmonnai-je, encore endormi.

-Et de l'appétit ! Donc bouge un peu !

C'était fini l'atmosphère tendue entre nous, c'était reposant et agréable. Je souris.

-Putain Tom tu veux pas que je te portes aussi ? T'avises pas de répondre oui t'es trop lourd pour moi !

Qu'est-ce que je disais déjà ?

-Je suis une princesse fragile donc fais gaffe, répliquais-je en réprimant un bâillement.

-La princesse que tu es vas se faire brûler vive par le dragon que je suis si tu bouges pas ton royal cul !

-T'es pas sensé me protéger en tant que dragon ?

-THOMAS !!

-J'arrive détend toi !

Le petit déjeuner se composait de pains au chocolat et de croissants tous plus appétissants les uns que les autres. Je pris trois pains au chocolat après avoir demandé la permission, et Iliès ne manqua pas de se moquer. A 11h, je lui annonçai que je devais rentrer. J'avais à ce moment-là complètement oublié la raison de ma venue.

-Tu veux pas rester bouffer ce midi ?

Je savais qu'il me proposais ça par politesse et non par envie, mais j'appréciais.

-Non c'est bon merci. Et encore merci pour l'invitation, les repas, les glaces...

-Avec plaisir ! fit t-il, franchement cette fois-ci.

Je préparais mes affaires et m'apprêtais à sortir de chez lui, quand il me rappela :

-Hey Thomas attend deux secondes rentre...

Je repassais le porche, posais mes affaires à mes pieds et le regardais. Je m'interrogeais. Voulait t-il reparler de la veille ? Mon cœur commença à battre un peu plus vite.

-Non en fait y'a pas de raison valable, tu peux repartir...

Il se passa la main dans les cheveux. Mais je n'allais pas abandonner comme ça.

-Non dit moi ce qu'il y a d'abord !

-Y'a rien c'est bon.

-Iliès...

-Je te dis qu'il y a rien ta mère !

-Me prend pas pour un con c'est quoi le problème ?

-Y'a putain de rien qu'il se passe alors casses-toi maintenant !

En disant ça, il m'avait plaqué contre la porte et ses bras me bloquaient à présent, un de chaque côté de mes épaules.

-Bah je voudrais bien mais...

Il ne m'écoutait pas, il semblait vraiment désorienté.

-En fait t'as raison y'a un problème. C'est toi ! Voilà ! Tu voulais savoir ce qu'il y a ? T'es content ?

Ses yeux lançaient des éclairs. Son regard était planté dans le mien et me clouait sur place. Il me bloquait toujours contre la porte, et je ne pus m'empêcher de frissonner face à notre proximité.

-Je...

Il me coupa à nouveau.

-Dis rien en fait. Y'a rien a dire, je suis cinglé t'as qu'à te dire ça et puis...

Cette fois-ci c'est moi qui l'interrompis. Il ne voulait pas que je parle ? J'avais d'autres moyens pour m'exprimer.

Je l'embrassais. A jeun. Et croyez le ou non, c'était encore mieux que bourré. J'étais ravi de constater que son corps réagissait à mon contact. Il me rendait mon étreinte, quand tout à coup il s'écarta d'un bond, l'air hagard, et leva la main pour l'abattre sur moi. Bloqué par la porte, je ne pouvais me décaler que de quelques centimètres et sa baffe claqua sur ma joue. Pendant 5 secondes, on resta aussi choqués l'un que l'autre. Puis, pour être le premier à parler j'imagine, il m'accusa :

-Pourquoi t'as fait ça bordel ? T'as pas encore compris que je suis pas un putain de pédé ? J'aime les chattes, comment te dire, les meufs ! Hier tu me sautes dessus et là tu m'embrasses mais dégages !

J'étais en train de rêver. Ou de cauchemarder plutôt. Une hallucination négative.

-Mais t'es sérieux Iliès ? Je t'ai sauté dessus hier ? Tu as voulu faire ce jeu de merde et tu as insisté, on était bourrés mais tu tiens bien mieux l'alcool que moi ! Et je te rappelle, que ce soit hier ou maintenant, que tu t'es pas trop défendu... T'avais pas l'air de détester ça !

Je le vis prendre une inspiration, mais je n'avais pas fini. Je continuais :

-Et là t'oses me baffer et pas assumer que t'as aimé ? Tu veux te voiler la face c'est ça parce que t'es un putain d'homophobe ! Mais si c'est ce qui t'inquiètes je parlerais de ça à personne espèce de connard ! J'ai au moins aussi honte que toi ! M'approches même plus !

Je ne savais pas comment j'avais pu débiter un tel discours, avec mes yeux qui me piquaient autant que ma joue.

-Sors de chez moi, fit t-il d'une voix faible.

-Sors de ma vie ! hurlais-je en prenant mes affaires.

-Et si t'en parles j'te jure...

-J'ai pas peur de toi connard ! Adieu et jettes toi d'un pont un de ces jours si t'as les couilles pour le faire ! Ah pardon, monsieur en parles tellement mais quand il s'agit d'assumer...

Et je partis en courant. C'était sûrement les choses les plus blessantes que j'avais dites de ma vie, mais il les méritait. Je le détestais. Vraiment. Plus que tout.

Un peu plus que la vie (TERMINÉ)Where stories live. Discover now