Un peu plus que la vie (TERMINÉ)

Partie 4

Bâillement, petit-déjeuner, arrivée au lycée. Bisou à Aline, cours de maths.

Je me concentre calmement sur mes polynômes, une petite demi-heure passe, quand soudain sonne l'alarme incendie. Tout le monde sort dans un vacarme pas possible, et je suis sans me poser de questions. Je me fais entraîner dans les couloirs, j'essaie de suivre le troupeau qui se dirige vers le point de réunion.

Et puis je tombe sur Iliès. On se regarde, bousculés par les autres. J'ai vaguement l'impression de tourner le clip de la chanson ''La foule'' d'Edith Piaf.

-On sèche ? propose t-il alors.

Sans plus de cérémonie, je hoche la tête et on sort. J'ai bien fait de prendre mon sac.

Alors qu'on marche, je me dis que j'ai réagi bien vite. Ça, ça change. Et c'est négatif, j'aime bien l'idée de réfléchir avant de faire les choses. Je me rassure en mettant ça sur le compte de la fatigue (qui a vachement bon dos quand même).

On va se poser sur un banc à l'extérieur, mais Iliès râle très vite.

-Viens, on va plutôt là-bas, il fait moins chaud.

Là-bas, il n'y a surtout personne qui peut nous voir. Mais je le suis. Parce que je suis con. C'est comme ça.

Un fois assis, il se ronge les ongles et je me mets à contempler le ciel.

-J'ai cassé avec Selma, dit-il brusquement.

-Ah bon, pourquoi ?

-Rien d'intéressant, elle me soûlait.

-Ah, t'as bien fait de t'en débarrasser, alors.

Il me jette un regard en biais, surpris par ma phrase probablement. Il a les poings serrés, je ne sais pas si c'est du stress ou de la contrariété.

-Qui t'avait frappé, la dernière fois ?

-Ça te regarde pas.

-Si, je vais aller le défoncer.

-Ta gueule, Iliès.

Son visage se fronce encore plus, ça pourrait être amusant mais ça ne l'est pas. Ses poings sont toujours serrés, et là c'est à peu près clair que c'est de la colère.

-Arrête de mal parler, j'te jure que je fais des trucs pour me calmer, mais me cherche pas trop.

-Je t'ai pas demandé de rester avec moi, en fait.

Il y a un petit silence. Finalement il ne s'énerve pas. Je continue de regarder le ciel en espérant qu'il parle, sinon c'est de la sèche inutile et j'essaie de me faire croire que je ne perds pas mon temps.

-Tu l'aimes ? demande t-il soudain.

Cette fois-ci je me lève, excédé.

-Je me tire. Je sais même pas ce que je fous là, pourquoi je t'ai suivi...

Il me coupe en se levant aussi, attrape mon poignet.

-Parce que je t'ai manqué ?

Je le regarde.

Ma vie est devenue un désastre. Il m'a plaqué de manière horrible. J'ai essayé de tourner la page... Mais oui, il m'a manqué. Terriblement. Je soupire. Passe l'éponge, encore et encore.

-Iliès, raconte-moi des trucs de ta vie, n'importe quoi.

-Je prends des cachetons pour arrêter de déraper.