Partie 9

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Je cours. Au début je ne vais pas trop vite, à une allure normale on va dire, je met en pratique les techniques de respiration de base. J'expire trois fois, trois pas pendant lesquels je laisse l'air entrer et m'assécher la gorge, j'expire trois fois, trois pas...

Au bout d'un quart d'heure j'ai un point de côté qui se déclare, et il me faut encore cinq minutes pour m'y habituer et faire comme s'il n'existait pas. 

Ça va faire 25 minutes que je cours, je suis fatigué et j'écoute en boucle la même chanson sans arriver à en saisir le sens alors que je la fredonnais au tout début. Je sais juste que je cours en rythme, oui, je cours.

Je ne peux plus penser à rien d'autre qu'un pas devant l'autre, j'ai mal à la côte, continue à avancer, trois expirations, trois pas. J'ai essayé de faire de la course en professionnel, j'ai une bonne endurance, mais je suis trop lent au démarrage. Mon coach s'est désespéré et m'a laissé courir dans mon coin, alors j'ai décidé de courir seul. 

Ça fait 45 minutes, j'ai les poumons en feu mais ça y est. J'ai réussi. Mes pas savent exactement ce qu'il faut faire, ma bouche aussi, mon esprit est à la fois concentré et loin, très loin de cette course à pied amateur. 

1 h. J'ai atteint le seuil ou il est agréable d'être en sueur, d'avoir mal ; tout ça s'estompe derrière le bonheur de courir, d'y arriver, d'avancer, d'avoir conscience que si je m'arrêtais d'un coup maintenant je ne pourrais plus bouger mais qu'en courant je peux encore tenir un quart d'heure.

Je cours. Je suis un être qui court, et je me sens éternel, vivant.

**

-J'ai couru 1h15 ce matin.

-Lol, trop de courage !

-J'avais plutôt l'impression de fuir.

-C'est pareil.

-Si tu le dis. Bon je te laisse, je vais en anglais.

-Bye, Thomas.

-Bye, Pierre.

**

-C'est elle qui t'a quitté ?

-Oui.

Liv hausse un sourcil.

-Et c'était la rupture la plus étrange de toute ma vie, j'ajoute.

-Parce qu'il y en a eu beaucoup d'autres ?

Je ne réponds pas et elle m'enlace doucement.

Il passe un temps ou je m'efforce de ne penser à rien. Elle brise le silence.

-Donc, la place est libre ?

Je fronce les sourcils. Comme elle n'ajoute rien, je fais :

-Je ne pense pas être ton style.

-C'est pas le cas.

Je laisse passer un deuxième silence pour lui laisser le temps de corriger ce qu'elle insinue. Je ne m'attendais pas à ce qu'elle se justifie.

-Elle est craquante, intelligente, le sexe la rend heureuse et tu es sorti avec... Elle n'a que des points bonus ! J'ai envie d'une fille timide et gentille...

-Si t'essaies de faire de l'humour...

-Je vais essayer de la draguer, Tommy.

-Et tu me demandes mon accord ??

-Non, je te préviens. Toi et moi on sait que je suis une connasse et que je ne vais pas m'embarrasser de ta bénédiction. Tu ne l'as jamais vraiment aimée, et moi elle me plaît. Je vais réparer son cœur voire lui servir de bouche-trou (ça n'a pas d'importance) mais en tout cas je vais tenter ma chance.

Un peu plus que la vie (TERMINÉ)Where stories live. Discover now