Un peu plus que la vie (TERMINÉ)

Chapitre 9

Je ne sais pas si c'était à cause de sa phrase innocente qui ne l'était pas tant que ça, ou à cause de la façon dont mon prénom sonnait dans sa bouche, mais je décidais de ne pas lui mentir.

-Je le suis encore oui. Maintenant que tu le sais, j'imagine que toi et tes potes allez vous foutre de ma gueule jusqu'à la fin de l'année ? Quel super jeu !

-Eh eh déjà je pensais pas que tu seras honnête t'avais qu'à mentir si t'as honte ! Et puis t'as que 16 ans...

-15, chuchotais-je.

-Ah bon ?

-J'ai sauté une classe, j'aurais 16 ans en février

-Bah voilà ! Donc c'est pas une honte tu sais...

-Alors expliques-moi pourquoi t'as voulu le savoir !

-Parce que je suis con ?

-Et c'est peu dire ! Mais c'est facile comme excuse !

-On joue à autre chose ? proposa t-il pour changer de sujet.

-Passes moi une autre bière s'il te plaît, répondis-je.

-Eh ben ! Ça fait combien de bières là ?!

-C'est ma cinquième...

-Tu bois jamais autant, je me trompes ?

-Ouais, tu te trompes, fis-je, agressif.

-Tu mens mal tu sais.

-Tu mérites pas que je fasse des efforts.

-Ça te dirait une mise en situation ?

-Comment ça ?

-Tu sais, comme on fait en français, on se met dans la peau d'un personnage...

-Oui le théâtre quoi, mais attend tu écoutes les cours ?

-Ouais, quand me moquer de toi devient lassant !

Tandis que je soupirais, mon regard s'accrocha à une de ses mèches que le gel ne contenait plus. Elle ondulait jusqu'à son oreille, suivait la ligne tendre de sa tempe droite et lui passait devant l'œil dès qu'il bougeait. C'était obsédant. Concentres-toi.

-Tu parlais d'une mise en situation ? repris-je.

Il avala ce que je comptais comme sa septième bière. Pris une inspiration. Et se lança avec une voix faussement aiguë :

-Chériiiii, je suis rentréééééééé !

-Tu fais la mauvaise caricature d'une femme ou d'un homo ?

-On s'en fout, rentre dans mon jeu pour une fois que t'as le rôle viril !

Je savais qu'il plaisantait, mais ça me poussa a continuer. Ça, et peut-être le trop plein de bière.

-C'est à cette heure-ci que tu rentres ! dis-je.

-Oh mais il y avait des embouteillages et...

-M'en fous ! Vas me chercher une bière et des chips, que je regarde mon match tranquille !

C'était ridicule. Même en le disant, et même avec mon esprit diminué je m'en rendais compte. Mais ses yeux brillaient de rire, et je voulais qu'ils continuent à briller, même si pour ça il fallait être "viril".

-Mais mon chéri (il avait toujours sa voix aiguë) j'avais une idée bien meilleure pour ce soir...

-Parles et dépêches toi que je vois si ça vaut la peine !