Parabole et cie

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Alessandro baissa les yeux et quand il les releva son chagrin me frappa. Je tournai les yeux vers Brian et je vis de la détermination dans son regard. Mis à part s'il avait une très bonne explication, je sentais qu'Alessandro allait se prendre un poing en pleine figure.

-Je n'ai rien fait de tel. C'était ma femme. Sheyda.

-Tu t'es marié ? hoqueta Brian.

-Oui, il y a cinq ans avec une irakienne. Je l'ai rencontré à Samara, il y a six ans. Elle avait été rejetée par sa famille, parce qu'elle était tombée enceinte en dehors du mariage. Elle était brillante, charmante, aventurière...Elle était une indic de l'armée américaine. Une femme d'exception, ajouta-t-il la voix un poil brisé.

-Pourquoi vous avez dit « était » monsieur Teobaldo ?

-Elle est morte dans un raid en Irak l'an dernier. Je n'étais pas là. Elle avait envoyé les filles chez l'une de ses tantes quelques jours avant. Toujours est-il que Nasreen, l'aînée n'a pas de passeport américain, je n'ai jamais pu l'adopter. Elle avait trois mois quand j'ai rencontré sa mère et c'était compliqué. C'est un pays en guerre clairement, donc... on voit les choses différemment quand on est au pied du mur. Je voulais les ramener ici, pour qu'elle arrête de risquer sa vie, mais je suis arrivé trop tard.

-Mais attends... elles sont toutes seules... en Irak ?

-Non. Elles sont dans une base. L'un de mes amis les surveille pour moi. Mais Nasreen est coincée là-bas pendant des mois encore. Et je n'ai pas pu me résoudre à ramener Dina avec moi en laissant sa soeur ainée. Je ne pouvais pas les séparer. Elles ont perdu leur Maman déjà de manière atroce. Vous pouvez faire quelque chose Richard ?

-Je vais tout tenter.

Brian ne savait plus quoi dire. Il était désorienté. C'était beaucoup trop d'information d'un seul coup pour lui, je le voyais bien.

-Tu as une photo d'elles ?

Alessandro sortit une photo de son porte-feuille et la tendit à son fils. Je vis Alessandro, le visage souriant dans son uniforme avec une femme magnifique à ses côtés. Le père de Brian portait une petite fille sur ses épaules tandis que son épouse tenait un petit bébé dans ses bras.

-Elles sont adorables, fis-je.

-Vous avez raison. L'aînée est très intelligente. Elle lit et parle deux langues, à six ans ! Elle me fait penser à toi à bien des égards. J'ai fait tout mon possible pour la ramener, mais... apparement risquer sa vie pour son pays n'est pas suffisant pour pouvoir ramener sa famille en sécurité.

Il tourna les yeux vers Brian.

-C'est vrai, je ne t'ai pas tout dit. Je ne voulais pas que tu penses que j'étais un monstre. Je ne suis plus le même homme, tu comprends ? Je ne voulais pas que tu me juges sur mon passé mais sur l'homme que je suis aujourd'hui.

-Cela ne retirera pas le fait que tu aurais pu tout faire pour me retrouver et que tu n'as pas été honnête avec moi dès le début. Je suis pas totalement con. J'aurais pu comprendre que tu étais malade. Tom l'aurait compris aussi. Mais tu as préféré ne rien dire. J'ai été... j'ai hyper mal parlé à ma mère parce que j'ai pris ton parti. J'ai pris ton parti pour que tu m'aimes en fait. Quelle stupidité. C'est quoi la véritable raison de ta venue ici ? Tu voulais qu'on t'aide à ramener tes filles et après tu nous aurais oubliés c'est ça ?

-Du tout Brian. Je ne t'ai pas menti quand je t'ai dit que j'avais appris que tu avais été victime d'une fusillade et que je n'avais pas pu décaler ma permission pour venir. Je n'ai pas menti du tout. Si cela te met aussi mal à l'aise, je ferai en sorte de faire revenir mes enfants sans votre aide Richard. Je n'ai pas besoin de pitié. Je trouverai un moyen de les mettre en sécurité même si je dois les faire venir clandestinement sur le territoire ou même si je dois partir pour toujours là-bas. Je comprends qu'en apprenant comment je me suis comporté face à Mae, tu m'en veuilles. Je le comprends parfaitement et si tu ne veux plus avoir de contact avec moi, je le comprendrai aussi. Je connais ton ardeur, je connais la rage que je vois dans tes prunelles, j'avais la même. Mais s'il-te-plaît. Ne leur en veux pas pour mes erreurs de jugement et de comportement. Elles sont totalement innocentes et elles sont la gentillesse incarnée. Elles vivent dans un pays en guerre, leur mère a été assassinée et pourtant, elles continuent de rire, d'apprendre, de s'émerveiller face au monde alentour. Vous êtes la meilleure part de moi, même si Nas' n'est pas de mon sang et je continuerai de t'aimer même si toi, tu me hais.

Welcome to my Life - Tome 2 - Senior YearOù les histoires vivent. Découvrez maintenant