Allison Moreau, jeune lycéenne de 17 ans, emménage seule dans un petit appartement parisien. Ce souffle d'indépendance lui permet de gagner la liberté à laquelle elle aspirait tant, mais c'était sans compter l'étrange pressentiment qui la guette con...
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Le silence se rabattit dans la pièce, avec comme fond sonore, le bruit des touches de mon clavier. J'écrivis les premiers mots qui me vinrent avec difficulté jusqu'à ce que plus aucune pensée construite ne naisse. Mes doigts s'immobilisèrent et je dévisageai la page presque vierge qu'affichait mon ordinateur. Je claquai violemment le clapet de celui-ci d'un geste rageur. Le brouillard dans mon esprit m'empêchait de réfléchir clairement et à ce rythme là, je ne réussirai pas à rédiger ce stupide devoir. Je me frottai le visage avec mes mains, épuisée.
- Merde ! murmurai-je démunie dans le silence perçant de ma chambre.
L'homme occupait la totalité de mon esprit et un rire amer m'échappa quand je me rendis compte qu'il contrôlait également mes pensées. Je détestais être aussi importante pour lui, la façon qu'il avait de me regarder comme aucun autre ne le faisait, et mon addiction pour lui. À peine quelques minutes s'étaient écoulées depuis son départ et la sensation de manque se faisait déjà ressentir. Une partie de moi demeurait absente lorsqu'il se tenait loin de moi. Je haïssais ce lien qui nous reliait et la dépendance que je nourrissais à son égard. Je faisais preuve de lucidité et une voix me soufflait constamment que rien chez lui n'était sain, autant dans sa manière de me toucher que de me revendiquer sienne... Pourtant, un aimant m'attirait vers lui chaque fois que j'essayais de me raisonner.
Dans le fond, j'aimais lorsqu'il prononçait mon nom, qu'il me serrait contre lui et me soufflait ces mots réconfortants dont lui seul détenait le secret. L'avouer me coûtait bien trop cher et je ne voulais pas qu'il le sache. Chaque personne que j'aimais finissait par me laisser tomber tôt ou tard et lui, je refusais de le perdre. J'ignorais à présent comment je pourrais vivre sans lui.
La nuit tombait, je contemplai les lueurs dorées du soleil s'évanouir et le ciel s'assombrir progressivement par la baie-vitrée. Je ne souhaitais qu'une seule chose : me changer les esprits. Alors, j'attrapai mon téléphone et décidai d'envoyer un message à Elena et Jade. Les voir me ferait sans doute beaucoup de bien. En attendant leur réponse, je fis un tour sur les réseaux sociaux et une photo de mes deux amies apparut en tête de page. Sur le cliché, elle semblaient se trouver à une soirée – probablement un club – habillées en robe à paillettes et se tenaient dans les bras avec un grand sourire aux lèvres. Je fis défiler la page puis sur le second, une vidéo se mit en marche où je regardai les deux filles danser sur de la musique et jouer à divers jeux d'alcool...
Aussitôt, des notifications s'affichèrent et chacune d'entre elles me certifiait ne pas pouvoir sortir. D'après Jade, elle était malade et cloitrée au fond de son lit. Quant à Elena, elle me racontait comment son frère la retenait à la maison, sous sa charge le temps que leurs parents demeuraient absents. Je possédais la preuve du contraire sous mes yeux, avec ces clichés qu'elles venaient de partager. La déception me gagna en sachant qu'elles me mentaient. Elles ne voulaient pas me voir, et donc me donnaient des excuses pour m'éviter. Depuis quelques semaines, leur complicité qui grandissait et la tendance que mes deux amis avaient à me tenir éloignée de leurs plans me sautait aux yeux. Je pensais exagérer, encore avec cette peur constante de solitude mais ce soir, il fallait me rendre à l'évidence qu'elles m'évitaient.
