22. Dans ton ombre

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[ Radiohead - Creep ]

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Par la vitrine de ce café, je te regarde discrètement. Les rayons du soleil qui traversent le carreau, reflètent sur tes longs cheveux bruns et leur donnent cette couleur miel que j'affectionne particulièrement. Tes joues sont légèrement rosies par la chaleur et je laisse mon regard descendre le long de ton cou, sur ta peau brillante. De loin, je peux apercevoir la sueur qui perle entre tes deux seins, à travers le col de ton chemisier déboutonné. Je m'imagine les effleurer, prendre tes seins en mains dont la rondeur s'accorde parfaitement aux creux de mes paumes et jouer avec tes tétons jusqu'à te procurer un plaisir insolite dans le bas de ton ventre.

Des visions de ton corps sous le mien, ma tête plongée entre tes cuisses, me reviennent à l'esprit et me hantent jour et nuit. Les gémissements timides qui sortent de ta bouche, ta respiration haletante, ton goût sucré sur ma langue... Chaque détail me reste en mémoire, gravé à l'encre noire. Je me répète la scène en boucle, sentant mon sexe grandir dans mon pantalon devenu trop serré, sous l'emprise du désir que tu engendres en moi.

Une force indéniable chez toi m'attire, me captive, et m'emprisonne. Tu fais naître en moi un sentiment que je ne connaissais pas, une passion dévorante que je ne peux contenir. Mon désir de te posséder marque à la fois ma déchéance et ma résurrection. Je revis grâce à toi. Tu es ma lumière à travers toute cette noirceur qui m'habite et me consume.

Le blondinet naïf à tes côtés ne peut pas détacher les yeux de toi. Son attention est fixée sur la goutte de chocolat chaud qui réside au coin de ta bouche. Ses lèvres remuent mais je ne suis pas en mesure d'entendre ce qu'il te dit. Puis, tes lèvres pleines s'étirent en un sourire d'ange que je ne souhaite pour rien au monde oublier. Je rêve de sentir cette bouche pulpeuse, enroulée autour de ma virilité, à ma merci. La colère s'immisce en moi quand je me reconcentre sur celui qui te fait sourire, une main loin d'être innocente posée sur ton épaule. Mes poings se serrent mais je contrôle la rage qui me submerge.

Mon appareil photo dans une main, je capture un cliché de toi.

Un deuxième.

Puis un troisième.

Celui que tu considères comme ton meilleur ami te reluque avec convoitise sans même que tu t'en rendes compte. Ses pupilles brillent d'avidité. Mais ta candeur t'empêche comme toujours de saisir la part sombre des choses. Ce qui se cache sous la surface de l'iceberg. Une idée me passe par la tête, à la lueur d'un éclair. Dans mon songe, mon poing s'écraserait à plusieurs reprises sur son visage, son nez se fissurant au passage. Mes phalanges seraient recouvertes de son sang, ainsi que mes vêtements. Le visage cramoisi, il me supplierait de l'épargner. Mais ma poigne se resserrerait autour de son cou jusqu'à ce qu'il rende son dernier souffle. Mon sang pulse dans mes veines. Les battements de mon coeur s'affolent. Une excitation familière me gagne.

Ce sera le prochain sur ma liste.

Je le tuerai.

Pour toi.

Pour nous.

Cette image se dissipe tel un mirage. Tu ne sais pas à quel point je tiens à toi, ce que je suis prêt à faire pour toi. Tu ne me laisses pas vraiment le choix... Si tu m'écoutais un peu plus, je ne serais pas rendu obligé de faire ça. Mais tu en as décidé autrement. Tout ça est de ta faute. Uniquement de la tienne. Parfois je m'en veux. Parfois j'hésite. Et puis je pense aux conséquences d'autant plus grandes si jamais je me résignais. Je dois t'avouer que l'euphorie me gagne, petit à petit. Quand je me représente le scénario, tout prend son sens. Je sais alors pourquoi je le fais ; pour ton bonheur, pour le mien, pour ne pas que tu m'échappes. La vérité est telle que je ne peux plus me passer de toi.

Ma dépendance, ce lien qui nous unit, ne cesse de croître. Mon désir pour toi me semble intarissable. Mon appétit, insatiable. Restreint à t'observer secrètement chaque jour, même dans tes moments les plus intimes, pour obtenir ma dose, tel un pauvre drogué. Sans toi, je ne suis plus rien. Je suis comme ton ombre ; je te traque, où que tu ailles, dans l'obscurité, sans même que tu ne t'en aperçoives.

Je ne dresse aucune limite à ma volonté de te posséder.

Après tout, je n'ai jamais voulu te porter préjudice. Je ne suis qu'un camé en détresse. Et tu es beaucoup trop tentante pour que je puisse résister. Je n'ai aucune chance. C'est perdu d'avance. J'entretiens toujours l'espoir que tu me pardonnes un jour, car tu m'aimes. Je suis le seul à te comprendre, à te désirer, à te faire exister. Tu as terriblement besoin de moi, à présent.

Tu es autant esclave que moi de mon amour pour toi.

Soudain, tu te lèves et je contemple ce corps de déesse que je vénère tant. Evan te suit comme un petit chiot égaré lorsque tu n'es pas à ses côtés. Ma mâchoire se contracte davantage. Puis vous poussez la porte de ce café. L'air frais souffle sur quelques mèches de tes cheveux et quand tu passes près de moi, l'odeur de ton shampoing à la fraise m'envahit et me remplit de contentement. Je suis tout près mais tu ne le sais pas. Tu ne peux pas me reconnaître, ou du moins, tu ne portes pas attention à moi. Tu ne m'as jamais remarqué. Jamais vu de la façon dont je voulais que tu me voies.

Un sac à la main et mon appareil dans l'autre, je vous regarde partir, impuissant.

Aujourd'hui, je suis contraint à te voir partir avec un autre.

Demain, tu seras à moi, rien qu'a moi.

Il n'y en a plus pour longtemps. Il faut que je me montre patient.

Tic-tac. Tic-tac.

Les heures se dérobent lentement avant que la faucheuse ne vienne toquer à sa porte. Sombre fatalité. Funèbre destin. Purifiez mon âme pour cet acte de déchéance.

Tu penses certainement que je suis celui qui t'entraîne dans ce tourbillon de vices et de perversion. Mais en réalité, tu altères ma vision du monde, me pousses à me damner, et me condamnes par ailleurs au châtiment éternel et fais de moi, une âme corrompue.

FIND MEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant