Allison Moreau, jeune lycéenne de 17 ans, emménage seule dans un petit appartement parisien. Ce souffle d'indépendance lui permet de gagner la liberté à laquelle elle aspirait tant, mais c'était sans compter l'étrange pressentiment qui la guette con...
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La petite épicerie demeurait calme en cette fin d'après-midi. Le crépuscule annonçait la tombée de la nuit. Je parcourais les différents rayons en ajoutant de temps à autres des produits dans mon panier. Une agréable musique de jazz se diffusait des haut-parleurs. Le climatiseur apportait ce léger souffle frais qui effleurait ma nuque, ce qui n'était pas de refus face à la chaleur de l'extérieur, même à cette heure-ci. L'éclairage au plafond qui grésillait par moment me gratifia d'un mauvais pressentiment et attisa mon instinct. Depuis quelques mois, l'impression d'être épiée me suivait constamment. Pour la énième fois de la journée, je me retournai pour surveiller mes arrières. Personne. Pourtant je pouvais affirmer ressentir cette présence dans mon dos. La sensation d'être traquée par une ombre imaginaire me rendait mal à l'aise. Je fis abstraction et continuai mes achats. De toute évidence, je me faisais des films.
Une vraie paranoïaque.
Je me retrouvai devant l'étalage des pâtes, le seul plat – si l'on pouvait appeler ça ainsi – que je demeurais apte à préparer sans qu'il ne finisse infecte et bon à jeter à la poubelle. Quand je voulus en attraper un paquet, je me rendis compte que ma petite taille ne me le permettait pas. Mon panier au sol, je m'agrippai à l'étagère sur la pointe des pieds mais ce fut un échec. Une main vint saisir le sachet à ma place et me le tendre. Un jeune homme aux alentours de la vingtaine se révéla sous mes yeux ; ses cheveux bruns en bataille renforçaient l'aspect négligé de sa tenue, composée d'un jean brut et d'une chemise à manches courtes entrouverte. Je lui pris le paquet des mains et le déposai dans mon panier, un sourire gêné scotché sur mon visage.
- Merci, dis-je en entortillant une mèche de mes cheveux bruns autour de mon index.
- Si je peux aider une jolie demoiselle en détresse, répliqua-t-il d'une voix suave. Nathanaël, se présenta-t-il en me tendant sa main.
- Allison.
Il me scruta attentivement de la tête aux pieds. Mes joues rougirent par timidité. Une fois son introspection complète, je croisai ses pupilles bleues et un rictus étira ses lèvres rosées.
- Je viens souvent dans cette épicerie et pourtant je ne t'ai jamais vu faire tes courses ici, déclara-t-il finalement en prenant son air charmeur.
- Tu vois juste. Les magasins sont fermés à cette heure-ci donc j'ai dû changer mes habitudes, expliquai-je à mon tour.
- Je me serai rappelé de ce regard...
Un sourire maladroit prit place sur mon visage comme seule réponse et il se résigna à mettre fin à ce moment embarrassant.
- Heureusement que j'étais là pour te sauver, conclut-il. J'espère avoir d'autres occasions à l'avenir de t'offrir mes preux services. Au plaisir de te revoir, Allison.
