Allison Moreau, jeune lycéenne de 17 ans, emménage seule dans un petit appartement parisien. Ce souffle d'indépendance lui permet de gagner la liberté à laquelle elle aspirait tant, mais c'était sans compter l'étrange pressentiment qui la guette con...
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Un voile de lumière m'éblouit désagréablement et une légère brise me caressa le visage. Mon corps endolori me décrocha un gémissement plaintif alors que je tentais d'émerger du trou noir. Le vrombissement d'un moteur résonnait dans mes oreilles et je clignai des yeux à plusieurs reprises avec beaucoup de difficulté pour m'habituer à la clarté qui me submergeait. Mes paupières entrouvertes se posèrent sur la route qui défilait devant moi. Le soleil perçait la vitre du pare-brise et venait réchauffer mon épiderme.
- La princesse est enfin réveillée, se moqua une voix grave.
Un courant de panique me traversa au souvenir de l'épisode chaotique de la veille. Mes sens s'éveillèrent et je me retournai vivement vers la source de ce son. Mon souffle se rompit dans ma poitrine tandis que les révélations se confirmaient juste sous mes yeux. Je m'écartai le plus possible de lui, mais lorsque j'esquissai un mouvement, une force m'en empêcha. Mon regard suivit mon poignet gauche et je constatai avec horreur qu'une menotte reliait mon bras à la portière. Je tirai énergiquement dessus dans le but de la faire succomber mais seuls les bruissements du métal retentirent dans l'habitacle.
- Elles ne céderont pas, déclara-t-il avec une once d'ennui presque condescendante. Ce que tu fais ne sert strictement à rien, à part te blesser.
Mes doigts se crispèrent sur les bords du siège rigide sous mes fesses pour contenir la colère qui m'envahissait. La boule dans ma gorge fit de nouveau son apparition tandis que je maudissais de m'être montrée aussi bête. Je le détaillai discrètement du coin de l'oeil, son visage de profil. Ses mains serraient fermement le volant pendant qu'il conduisait. Ses yeux bleus restaient rivés sur la route qui se profilait et sa mâchoire carrée se crispait par moment. Il gardait un air sérieux et quand il remarqua que je le reluquais, un rictus prétentieux en coin élargit la commissure de ses lèvres. Je ne pouvais pas m'empêcher de penser que j'aurais pu le trouver beau, s'il n'était pas une ordure pareille.
- Tu aimes ce que tu vois ? Articula-t-il d'un air moqueur.
- Nathanaël...
Ma voix teintée de dégoût trahissait largement la répugnance que j'éprouvais à son égard. Depuis tout ce temps, cet homme dont je cherchais désespérément le nom se trouvait juste devant moi et me narguait à travers sa seconde identité. Je me souvins des regards appuyés qu'il me lançait au mariage de ma sœur et tout devint plus clair. Lors de mon escapade au supermarché quelques mois auparavant, alors que la sensation d'être observée ne me quittait plus, il était apparu pour m'aider comme un brave chevalier. Je l'ignorais encore mais l'homme qui allait détruire ma vie ne se tenait qu'à quelques centimètres de moi, un sourire chaleureux placardé sur le visage.
- D'après la tête déconcertée que tu tires, commença-t-il sans pourtant quitter les yeux de la route, j'en conclus que tu ne m'as jamais suspecté et que cette idée ne t'a pas même traversé l'esprit. Nous pouvons donc en convenir que je remporte cette manche, et de loin.
