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CÉLESTE
PARIS , ODÉON

-23:04-
-18 j u i n d e u x - m i l l e s s e p t-

C'était un fait. Le monde m'avait devancé.

Je refermais le robinet dès l'instant où la première gouttelette avait débordé de la vasque en m'appuyant dessus, les poings serrés.

Je plongeais dans l'eau glacée l'entièreté de mon visage en épargnant mes cheveux, jusqu'à ce que je ne sente plus mes yeux et qu'il ne me reste derrière qu'une incapacité à me souvenir de la motricité de mes muscles. Je criais de toutes mes forces dans l'eau qui étouffait mes protestations, le plus fort possible, en l'espoir de libérer ce qui me renfrognait ces derniers temps.

C'était une réalité. Le monde m'avait devancé.

Je sortais brusquement ma tête de l'eau en reniflant celle qui s'était immiscée dans mes narines. En relevant la tête, j'avais pu apercevoir mon reflet dans le miroir rectangulaire accroché au dessus du lavabo, de nature la plus simple possible. Il était propre, aucune trace de doigt, aucune fissure, aucun signal de giclement de dentifrice.

C'était plus fort que moi. Le monde ne pouvait pas me devancer.

Je fouillais brutalement dans les tiroirs de cette salle de bain afin d'attraper un rouge à lèvres couleur écarlate, et dessiner du mieux que mes capacités me l'accordaient les traits de mon visage à l'aide de mon reflet en omettant mes lèvres, que je peignais par la suite directement avec ce même rouge à lèvres. Mes doigts me servaient de pinceau, me permettant de rendre mes peintures lunaires vivantes. Je voulais salir cette toile, la briser, y déposer mon portrait pour que le reflet y soit naturellement désobligeant. Faire en sorte que cet appartement tout propre où tout était bien organisé ait le droit à une tache, ait une imperfection. Que je me permette de changer la donne, qu'il devienne également repoussant à l'intérieur. Qu'on l'approche et qu'on finisse par le regretter.

C'est de cette manière là que cet endroit commençait à me ressembler, en le dégradant: c'était auto-destructeur. Au début, on l'apppréciait, il paraissait chaleureux mais n'appartenait pas forcément à une personne que l'on estimait. On aimait juste ce que le logement dégageait. Mais il avait été sali, brutalisé, irrité à l'intérieur. C'était des choses impénétrables, que seul le propriétaire de l'appartement avait le droit de concevoir.

J'attrapais la poignée de la salle de bain à l'aide de mes mains tremblantes, et en l'espace d'une seconde, j'étais passée d'une salle de bain qui retenait grâce à ses quatre murs le sifflement de la musique techno à une soirée, dans un appartment où il m'était devenu impossible de circuler. Ils voulaient tous pourtant avoir une place ici. Faire parti de quelque chose, d'un milieu, triompher à un endroit, briller là où ils n'auraient jamais pu le faire ailleurs.

- Céleste !

Sophia m'attrapait par la main en m'incitant à la rejoindre dans ses mouvements.

Comme tout les autres. Tu voudrais frayer ton chemin pour faire en sorte qu'on te remarque en te soustrayant à eux-même.

Je feignais un sourire qui paraissait tellement sincère que je finissais par y croire, moi aussi. Mon sort pour le restant de la soirée avait été décidé: je m'efforcerais à danser à la soirée où l'on m'avait trainé tant que mes pieds me le permettront.

Je n'allais pas faire plus que leur ressembler, me fondre entre eux, me laisser disparaître pour leur permettre d'exister.

Au bout d'une quarantaine de minutes, mes jambes avaient atteint le paroxysme de la douleur. Je me pensais infinie, je me sentais infinie alors que je n'étais plus qu'une infinité de pensées qui se bataillaient dans ma tête, sans contrainte. Je souriais en passant devant la porte de la salle de bain, la face plantaire de mon pied gauche qui brûlait me faisait marcher mollement sur la pointe de ces derniers.

Un garçon sortait de la salle de bain une casquette enfoncée sur la tête en me souriant, poliment. Il allait faire demi-tour avant de revenir sur ses pas brusquement pour s'arrêter devant moi, qui, pendant tout ce temps, était restée devant cette même porte sans même l'ouvrir.

- C'est toi qui est dessinée sur le miroir ?

C'était un fait. Rien n'échappait au monde.

Et je ne pouvais rien faire pour y échapper.

💋

que d'émotions...:')

la larme a l'œil, nova, ma première fiction publiée en mai, ma première catastrophe, là où je savais pas encore sur quel pied danser et là où j'ai fais toutes les erreurs probables pour une première fiction.

j'ai réécris cette histoire avec l'intention d'écrire pour la première fois ici dans ma zone de confort, c'est la manière d'écrire ou je suis le plus à l'aise malgré qu'elle soit plus lourde à lire. j'avais pas l'intention que l'histoire plaise forcément, je voulais qu'elle soit « bizarre », que l'ambiance soit différente de ce que vous avez l'habitude de retrouver ici, sur wattpad, ou sur mes autres histoires.
et que celles à qui ça plaira, liront.

le second chap est encore plus louche, mes excuses les plus sincères 💀

bienvenue dans ma lune 🔭


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nova (nekfeu)Where stories live. Discover now