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CÉLESTE
PARIS , LOURMEL

-03:11-
-03 j u i l l e t d e u x - m i l l e s s e p t-

Pourquoi ?

C'était très certainement le mot qui raisonnait le plus souvent dans ma tête en permanence, se heurtant contre les quatre coins de mon crâne jusqu'à finir par me rendre folle.

Mes bras se baladaient dans le vide, tandis que j'étais accoudée au balcon du salon de Hakim et Idriss. Je devais dormir sur le canapé pendant que les autres se partageaient des matelas dans la chambre, mais je n'arrivais pas à trouver le sommeil.

C'est comme si j'étais constamment fatiguée la journée, alors que le soir, je bataillais pour me retrouver épuisée.

Mais rien y faisait. J'angoissais. Je pensais à cette montagne d'échecs. À ces chutes en rollers. À ces peines de cœurs. À cette, peine de cœur. À mes démons. À mes ailes. À mes étoiles. À mes dessins. À mes parents. À Ulysse. À Jeanne. À ma note. À Ken.

À moi.

Et ces songes me ramenaient toujours à la question du, pourquoi ?

Mon sac à main était à mes pieds, me forçant à attraper une énième fois mon paquet de cigarette, comme si à chaque occasion, elles devaient résider entre mes lèvres.

Mais parfois, c'était trop. Et même elles, n'avaient pas la force de combattre ce pour quoi je m'affaiblissais de jours en jours, et peu importait que mes Soleil deviennent mes armures, j'étais faible de dépendre de leurs lumières une fois avoir éteint la mienne.

- Salut.

Je me retournais en essuyant une larme que je n'avais pas vu couler, tant mon visage était chaud, et tant celles-ci avaient prit l'habitude de se loger dans le creux de mes yeux.

Je ne lui répondis pas et me contentais simplement d'attraper sa main, la seule chose que je me sentais capable et légitime de faire.

Je n'étais pas légitime de son attention.
Je n'étais pas légitime de ses paroles.

Il s'appuya de la même manière que moi sur le barreau de fer glacé en feignant un sourire, également.

- T'arrives pas à dormir ?

- Non. Et toi ?

- Non plus.

Il portait ses cernes aussi bien que moi, d'une grossièreté tellement apparente que j'avais l'impression d'y percevoir mon reflet.

- Tu pars le combien ? Me demanda-t-il.

- Le quatre août.

Il acquiesça en resserrant sa main dans la mienne pour nous détacher de la triste réalité, les étoiles inexistantes et la cour de l'immeuble bétonné de Idriss et Hakim.

- T'es contente d'y aller ?

- Ouais. J'aime trop là-bas, souriais-je.

Penser au village de ma grand-mère me ramenait au champ de blé de mon frère et moi où l'on passait depuis tout petit la majorité de notre séjour entre les épis de blé, et le soleil tapant sur nos chairs.

Ma langue se plaquait contre mon palais pour éviter de faire ruisseler les larmes montantes que j'essayais de lui cacher, témoignantes du mirage qui, sans aucune raison, s'était abattu à l'heure de ma naissance.

Et je me demandais souvent si, les enfants nés à l'exacte même horaire que moi, avaient subit la malédiction comme je l'avais enduré durant seize années.

Peut-être pas. Peut-être que j'étais réellement destinée à être prisonnière de mes rêves, sans pour autant désirer la mort.

Je voulais juste apprendre à vivre, moi.

Ken plaça sa main au dessus de la mienne accrochée à la barricade en respirant lourdement, tandis que je consumais silencieusement, toujours la langue contre le palais, ma cigarette qui sera un jour celle de trop.

Nos mains.
Pourquoi nos mains ?
Pourquoi lui, et pas un autre ?

J'eus le temps de me poser mille et une question par seconde à la résonance d'un point d'interrogation tant mon cœur se battait vite. Non pas dû à l'attention singulière que j'apportais à Ken.

Mais parce que j'avais l'impression qu'il s'immisçait dans l'impénétrable, dans ma vie intime qui me faisait sentir complètement dénudée et humiliée lorsque je confiais rien qu'un tout petit peu de ma faiblesse.

- On appelle ça l'alexithymie, rajouta Ken.

- De quoi ?

Mes sourcils se froncèrent légèrement, ne sachant de quoi le brun parlait.

- Ma soeur elle est pareille que toi. C'est pas une maladie, c'est un trait de personnalité. Vous avez du mal à exprimer vos émotions, vous les rejetez et les niez. Vous privilégiez les gestes aux paroles, et c'est même la première chose que j'ai remarqué chez toi.

Je tournais légèrement mon visage à ma gauche, sans pour autant lui faire face.

- Tu danses, tu dessines, tu touches tout, mais tu parles jamais.

Je tournais encore une fois légèrement mon visage vers lui, en orientant mes yeux au sens opposé, refusant de le laisser me bouffer des yeux.

- C'est des trucs que j'comptais garder pour moi, mais tu commences à compter pour moi, même si ça fait pas si longtemps que ça.

Mon cœur battait de plus en plus, ma tête se tournait de plus en plus, me sentant bouffée, voir transpercée par le peu d'humanité qu'il restait en moi.

- Et je connais ma sœur, je sais que mes mots sont pas les plus indiscrets. J'essaie, mais tu m'intrigues Cé'.

Ma tête affrontait désormais la sienne, mes yeux pourtant rivés sur nos mains.

- Je te demanderais jamais de parler de tes sentiments. C'est trop dur.

Je relevais mes yeux vers les siens, vides, absolument vides, contournés par un périmètre de cernes encore plus sombre que ses iris.

Ken retira sa main en passant un coup de langue sur ses lèvres, puis au lieu de s'approcher des miennes, il s'éloigna un peu plus, de plus en plus, jusqu'à poser sa main réchauffée par le contact de la mienne sur la poignée de la baie vitrée.

- Mais tous les jours j'ai l'impression d'encore moins te connaître.

on est sur du gros cliché ptdrrrr et ça compte vrm pas s'améliorer 💀💀💀

see you après demain !!!

nova (nekfeu)Where stories live. Discover now