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KEN
PARIS, OBSERVATOIRE

-8:44-
-1 2 s e p t e m b r e d e u x - m i l l e s s e p t-

- Garçon.., je voyais une main passer devant mon visage me demandant de me réveiller. Vous êtes devant chez moi.

Son père se tenait devant moi, sa mallette sous le bras en essuyant à l'aide d'un torchon toute la sueur qui avait coulé sur son front. J'étais recroquevillé sur moi-même sur le sol où j'avais passé toute la nuit à sonner, à toquer, à même essayé de casser la porte pour pouvoir obtenir au moins un « bonjour » de sa part.

- Désolé monsieur, j'attendais que quelqu'un m'ouvre la porte mais.. personne l'a ouvert.

- Vous êtes ? Il recula discrètement en pensant que j'étais un malfaiteur.

- Un ami de Céleste, je lui tendis la main pour qu'il la serre instinctivement en pensant que c'était la chose à faire, Ken.

- Eh bien, Ken. Tu me feras le plaisir de rentrer chez toi récupérer un peu de sommeil. C'est pas sain de dormir par terre, il te faut un vrai matelas.

- Monsieur, s'il vous plaît, juste laissez-moi entrer lui demander si tout va bien. Elle répond plus à mes appels, ni mes messages, j'ai tout essayé mais même ses amis me disent qu'elle est injoignable.

J'avais jamais été aussi angoissé à l'idée de la perdre. Et même avant le suicide de Jeanne, bien avant tout ça, Céleste avait décliné tous mes appels et n'avait pas répondu à un seul de mes messages. J'avais tout remis en question. Mes actes, notre relation, j'avais retourné sens dessus-dessous tous les souvenirs d'elle et moi pour savoir où j'avais mal agis. Ce que j'avais pu faire pour la blesser.

- Je crains que vous soyez mal informé.

- Comment ça « mal informé » ?

- Céleste n'est plus ici.

J'essayais de comprendre ce qu'il signifiait par ces mots, mais il s'approcha de la porte en essayant de rentrer dans son appartement.

- Comment ça plus ici ? Elle est sortie ?

- Je suis désolé Ken, mais ce n'est ni le moment ni l'endroit approprié pour en discuter. Fais-moi le plaisir de rentrer chez toi, s'il te plaît.

Je n'étais pas prêt à céder. Je savais que quelque chose lui était arrivé, à elle, mais il insistait sur ses paroles avec une telle distance qu'il m'était impossible de savoir ce qui avait bien pu se produire. Et ça me donnait encore plus la rage, parce que j'ignorais.

- Monsieur, s'il vous plaît. Je m'inquiète vraiment pour votre fille, et j'reviendrais tous les jours si il faut en attendant que ça aille mieux pour elle.

- Ken, tu m'as l'air d'être un très gentil garçon mais Céleste n'est plus ici.

- Comment ça « plus ici » ?! Elle est partie ? Elle est dehors ?

- Pour un bon moment encore, il posa sa main sur mon épaule comme si il essayait de me rassurer. Tu m'excuseras, je dois rentrer chez moi. Bonne journée Ken.

« Pour un bon moment encore ».

Pour un bon moment encore. J'avais du mal à savoir si il essayait de la couvrir car elle ne voulait recevoir personne, si il m'enjolivait une vérité ou si il m'annonçait la mort de sa fille allègrement.

nova (nekfeu)Where stories live. Discover now