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SIRIUS
PARIS, ARAGO

-01:18-
-05 a o û t d e u x - m i l l e s s e p t-

- C'est du sérieux alors maintenant.

- J'crois bien.

- Tu l'aimes ?

Ken hésitait à lui donner une réponse, sachant très bien qu'elle allait la blesser.

- Sûrement.

- Tu lui as dis ?

- Pas encore.

Victoire tira une taffe sur sa cigarette en prétendant être heureuse pour son ami. Il l'avait troqué lâchement contre une blonde, plus jolie qu'elle, plus charmante qu'elle. La simple vérité, c'était que la jalousie dominait sur elle. Elle qui savait tout de lui, les innombrables heures qu'elle avait épuisé sur ce banc à l'écouter parler de ses problèmes, Victoire ne les comptait plus.

Alors pourquoi Céleste avait le droit à une place si importante dans le cœur de Ken, là où elle avait toujours rêvé d'être placée au même rang ? C'était injuste. Injuste parce qu'elle le connaissait mieux que personne, injuste parce que c'était elle qui lui avait prit sa virginité, injuste parce qu'elle l'avait toujours mît dans la lumière pour se laisser briller dans l'ombre.

Elle voulait voir celui qu'elle aimait heureux, c'était une certitude. Et si ça devait être avec une autre, elle l'accepterait.

- T'es heureux ?

- Quand elle est autour, plus que jamais.

Il avait suffit à Céleste d'un mois pour lui rendre son sourire. Un mois. Elle avait essayé pendant près de deux ans, deux ans à le regarder la faire passer toujours après d'autres filles. Victoire acceptait, l'encourageait, et le consolait une fois que c'était terminé avec l'une d'entre elles. Il arrivait si facilement à se passer de Victoire et revenir sous ses draps pour combler sa solitude, et elle, elle l'attendait toujours.

À cause de la malédiction de l'amour.

- Tu l'aimes bien toi ? Lui demandait Ken en manquant totalement de considération.

- Ouais, elle est sympa.

- J'ai vu que vous étiez devenues copines, les deux doigts de la main.

C'était vrai. Elle ne pouvait le nier. Et elle détestait le fait qu'elle n'était pas détestable, c'était même ça qui la rendait détestable. Pourtant Victoire passait quand même la majorité de ses après-midi et soirée en sa compagnie, la regardait dans le blanc des yeux pour lui rappeler la chance qu'elle avait de fréquenter Ken. Jamais elle n'aurait le courage de dévoiler au grand jour aux autres la relation qu'elle entretenait de son côté avec lui, amis le jour, confidents la nuit.

Ce n'était pas un secret, dans ce type de jeu, l'un des deux finissait toujours par tomber.

- Caro' elle la kiffe sa mère.

- Ouais je sais, elle me l'a dit, riait-il niaisement. J'suis content si elle l'aime bien.

Si ça venait à se terminer, Victoire ne savait ce que ça allait induire. Il l'aimait tellement, ça se voyait dans ses yeux autant que ça se sentait dans son comportement. Elle ne l'avait jamais vu amoureux, c'était peut être même son premier amour.

Il était tombé amoureux en un mois. Un mois. C'était impensable à ses yeux, alors qu'elle même avait vu chavirer son cœur pour lui en l'espace de trois jours. Ils entretenaient une relation spéciale, elle en était certaine, auquel cas il n'aurait pas passé la majorité des soirs de la semaine à parler pendant des heures sur ce banc.

Ken savait que Victoire l'aimait. Il jouait avec ses sentiments comme un enfant jouait avec des figurines en plastique. Mais il était certainement trop imbu de lui-même, ou inconscient pour se soucier de son chagrin. Elle restait silencieuse, alors, il l'interprétait pauvrement.

- Sinon, ça va mieux chez toi ? Reprit Victoire pour qui cette conversation devenait trop douloureuse.

- Pas vraiment.

nova (nekfeu)Tahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon