épilogue

1.2K 34 55
                                    

SIRIUS
PARIS, PORT-ROYAL

-14:08-
-20 m a r s  d e u x - m i l l e s d o u z e -

Elle se pavanait dans les rues de Paris comme autrefois. Tout était comme autrefois. Elle pensait qu'après cinq années d'absence, l'odeur aurait changé, que la ville aurait été redorée à l'image apocalyptique qu'elle aimait dessiner. Certains commerces avaient changé de propriétaire; le fleuriste du coin s'était converti en un supermarché et la mort de l'antiquaire avait laissé le magasin insalubre, sans successeur.

Non, rien n'avait changé. Tout était resté à sa place. Parfaitement comme elle le détestait. Elle avait l'impression qu'il n'y avait plus qu'elle dans ce paysage qui s'était métamorphosée.

Céleste attendait patiemment assise sur les marches en briques comme cinq ans en arrière, la jambe tremblotante. Elle n'avait pas peur, et si elle devait s'effrayer d'une chose, ce n'était certainement pas ce qu'elle s'apprêtait à faire.

La pluie lui faisait peur. Non pas qu'elle détestait la pluie, au contraire, elle l'adorait, mais ce n'était pas pour autant que son cœur ne tremblait pas aussi bien que sa jambe lorsqu'une goutte glissait sur son front.

Elle accepta la larme qui attendait son soupir pour couler le long de sa joue. Céleste estimait que si elle devait couler, elle devait couler. Il y en avait eu d'autres avant elle, et elle n'empêchera pas les prochaines de passer à leur tour.

Tout ses souvenirs revenaient à flot, mais c'était surtout Jeanne qui réapparaissait dans ses illusions. Peut-être que, si elle n'avait pas prit la décision de rejoindre les anges plus tôt qu'elle, elle serait restée dans cette ville. C'était même certain. Elle n'aurait jamais fait ses bagages sans penser au lendemain.

Elle avait pourtant rêvé d'une vie nouvelle pendant trop longtemps, parce qu'une chose était sûre, on ne pouvait jamais retrouver le bonheur à l'endroit où on l'avait perdu de vue. En Italie, elle s'était adonnée à la tâche pour devenir celle qu'elle avait toujours rêvé d'être. Elle n'estimait pas avoir touché les étoiles, ni le bonheur, mais elle avait libéré celle qui dormait dans son cœur.

Céleste entendit des bruits d'escarpins se rapprocher de son oreille, alors elle leva la tête, et se rehaussait pour enlacer les trois filles qui se tenaient devant elle.

- Salut.

On aurait pu croire à un deuil, cinq ans plus tard, elles revivaient l'enterrement de Jeanne. Hors, cette fois-ci, il s'agissait du leurs, bien que les quatre se portaient toujours en vie.

Céleste s'attarda d'abord sur Sophia. C'était elle qui lui avait fait parvenir le message il y a deux semaines. Elle avait l'air plus fatigué qu'elle ne le paraissait sur ses réseaux sociaux, mais plus mature, le visage renfermé. Certainement à cause de son divorce récent, comme le disait la chanson, Sophia pourchassait toujours l'homme innocent.

Elle dériva son regard sur Béatrice. Elle avait perdu du poids, mais avait gagné en posture. Elle ne paraissait plus aussi recroquevillée qu'elle ne l'était avant, sûrement plus confiante depuis qu'elle avait déménagé à Lille.

Puis, vint le tour de Salomé. Rien de particulier n'avait changé chez elle. Elle était toujours aussi envoûtante, même plus qu'avant.

- On m'a envoyé toutes les informations. J'ai commandé un taxi qui nous attend à l'autre bout de la rue normalement.

Les trois acquiescèrent en suivant les pas de Salomé dans le silence. La dernière fois qu'elles s'étaient vus toutes les quatre, c'était à l'enterrement de Jeanne. Céleste leur avait confié qu'elle déménageait.
Après ça, plus rien n'a jamais été pareil.

nova (nekfeu)Dove le storie prendono vita. Scoprilo ora