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SIRIUS
PARIS , OBSERVATOIRE

-19:28-
-05 j u i l l e t d e u x - m i l l e s s e p t-

Elle regardait son père à l'autre bout du salon faire les quatre-cents pas, pendant que son corps semblait se faire avaler par le canapé.

- Comment c'est possible..

Il répétait cette phrase un nombre incalculable de fois, pendant qu'elle ne ressentait aucune émotion, si ce n'était que de la culpabilité.

- Comment c'est possible..

Les minutes semblaient s'enfiler comme les perles d'un collier, bloquées par une morale qui n'allait pas tarder à gronder de la bouche de son paternel.

Elle pensait avoir une semaine, mais qu'était-elle stupide de croire que ses parents s'en foutaient royalement de ses notes.

Elle pensait également que son père n'en avait rien à cirer d'elle, qu'elle fugue ou non, il n'y verrait pas la différence.

Qu'il avait arrêté de la porter dans son cœur à la première déception, qu'il s'était petit a petit éloigné d'elle, et que ce fut le premier froissement au cœur de Céleste.

- C'est pas possible.. Ton frère onze, toi cinq !

Son père n'était pas purement méchant ou mauvais, il n'était pas souvent présent mais pas moins que la plupart des pères de famille de ce quartier. C'était comme ça, ici, les adolescents s'éduquaient entre eux.

Jusqu'à un jour devenir le miroir de ceux qu'ils détestaient à l'âge de leurs enfants, ceux qu'ils s'étaient promis de ne jamais devenir.

- Comment c'est possible ?

- Je sais pas..

-..Bah oui, tu sais rien ! Il souffla du nez en agitant sa tête de la gauche vers la droite, Céleste avait l'impression à cet instant que la tête de son père allait décoller. Tu sais rien, tu fous rien.. Gromela-t-il.

La déception. C'était tout ce qu'elle voyait dans ses yeux.

Elle prétendait le détester, mais elle détestait simplement le fait qu'il se soit lentement échappé de sa vie comme un fugitif. Était-elle si misérable à supporter, jusqu'à venir presque se comparer à une prison pour que les gens qu'elle ne voulait perdre finissent par la fuir ?

Cela faisait deux jours déjà qu'elle n'avait adressé la parole à Ken. Deux jours que Céleste n'avait répondu aux messages de Ken.

Sur ce balcon, ses émotions s'étaient vu s'exprimer pour la première fois grossièrement, presque prête à cracher de leurs venin sur les flammes du garçon pour qui elle avait un léger béguin.

Elle avait eu honte de s'être faite passer comme sous rayon-x par quelqu'un quand elle était incapable elle d'identifier ceux des autres.

Il n'avait pas tort. Elle était sûrement comme sa sœur.

La honte surmontait souvent l'amour, et la honte de s'être faite cerner avait surmonté ses fragments de sentiments grandissants, dû à l'effort que Ken avait mit en Céleste. Il avait prit du temps pour la regarder, apprendre à la connaître de cette manière car c'était la seule qu'il était capable d'obtenir.

Tout ce qu'il savait d'elle, c'était qu'il l'avait vu souffrante, il l'avait vu danser, il l'avait vu pleurer, il l'avait vu dessiner, et que les deux tendresses qu'il l'avait vu esquisser, faisait d'elle la plus belle personne qu'il avait rencontré.

Je savais des choses sur Céleste qui faisait d'elle une moins belle personne.

Comme tout le monde.

Nos erreurs avaient le pouvoir de nous rendre dégoutant.

- Cinq.. Je sais pas quoi te dire Céleste.

- J'suis désolée, je.. je.. Je sais pas, j'ai.. J'ai.. Pas pu.

- C'est pas une excuse.

Elle aurait aimé qu'il sache pour son anxiété, comme sa mère le savait. Mais il n'aurait pas compris en quoi l'anxiété allait jusqu'à gâcher son avenir, pourtant déjà tout tracé. Il lui aurait répondu qu'il y avait surement des milliers d'autres enfants dans son cas qui vivaient la même chose qu'elle, qu'elle n'était pas seule et qu'elle se plaignait bien trop alors qu'elle avait tout. Céleste avait tout. Il suffisait de regarder autour d'elle.

En elle, c'était assez vide sans ses représentations chimériques.

- J'aurais les rattrapages papa, et les notes de l'oral aussi ça rattrape un peu.. J'aurais pas de points d'avance mais c'est la terminale qui compte !

- C'est ton bac Céleste, enfin ! Ton avenir qui est en jeu là ! J'ai l'impression que tu t'en fous, tant que je te renfloues tes poches t'en as rien à foutre ! A part sortir, faire les boutiques et agir comme.. Comme une peste qui est pas un minimum reconnaissante, tu sais rien faire de ta vie ! Tu te rends compte quand même c'que ta note représente ? Rien ! Absolument, rien !

« A part agir comme une peste, tu sais rien faire de ta vie. »

- J'suis désolée papa..

Et puis d'un coup, les larmes qu'elle s'était empêchée de jeter crièrent sur ses joues, un torrent de larmes. Elle n'avait même plus besoin d'ouvrir le lavabo pour les camoufler, elle pleurait ce qu'elle s'était voilée et retenue pendant deux ans.

Même le lavabo ne pouvait plus rien y faire.

Elle refoulait la pluie qui s'était abattue sur son sort cette dernière semaine. Le bac, les filles, et Ken.

Elle ne pouvait pas perdre Ken.

Elle avait perdu les filles il y a de ça déjà un bon bout de temps,

Perdu son père juste avant sa puberté,

Et perdu le goût de l'école lorsque qu'elle avait prit le goût du naufrage.

Alors elle ne pouvait pas perdre Ken. Il y avait peut-être un naufrage, un bateau échoué dans sa vie, mais elle était persuadée qu'il y avait assez de place sur la planche pour Jack.

💋

je suis en train de corriger ptdrr c'est quoi cette dernière phrase ? 😳
de pire en pire magad

nova (nekfeu)Where stories live. Discover now