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SIRIUS
PARIS , OBSERVATOIRE

-09:18-
-29 j u i n d e u x - m i l l e s s e p t-

Comme à son habitude, Omelette sautait sur le lit de Céleste en lui léchant le visage, de ses lèvres à l'espace entre ses sourcils pour la réveiller.

- Oh, bouge-toi..

Elle pouvait, tant bien que mal, essayer de déplacer l'animal, mais celui-ci revenait toujours incruster ses poils blancs dans les tissus du pyjama de Céleste.

- Tu veux jouer ?

La blonde s'asseya en tailleur, plaçant son dos contre sa tête de lit pour prendre les pattes du chat entre les siennes, et les mouver comme celles d'une marionnette.

- Bah vas jouer ailleurs alors.

Elle prit le félin entre ses mains pour le jeter au sol, puis venait poser ses pieds contre celui-ci à son tour. Ses pieds lui faisaient encore et toujours mal, elle avait toujours cette sensation de chaud, comme si l'Enfer était, au sens propre, sous ses pieds. Hier encore elle avait parcouru une distance presque improbable avec Ken, et sans Ken, une fois toute seule. Elle ne connaissait pas la distance qui séparait leurs domiciles, mais le spleen qui s'était emparé d'elle avait fait en sorte que sa trotte soit bien motivée par la présence de cette tristesse sans tunnel, sans terme d'arrivée, sans point de départ.

Elle s'empressa d'attraper la poignée de sa porte pour accéder à sa cuisine, sous les regards insistants d'Omelette et du chat sans nom. Omelette n'arrêtait pas de miauler en plantant ses griffes dans le jogging de Céleste, assez épais pour ne pas subir le même sort que son pantalon.

- S'tu veux grailles, va bouffer ton pote et me casse pas les couilles.

Le couloir abritait toujours l'éternel bout de papier déchiré, encadré dans ce pauvre cadre en bois, résigné à soutenir pour le restant de ses jours cette mince feuille qui avait traumatisé tous les matins de Céleste depuis son existence.

Comment en étaient-t-ils arrivés là ? Elle avait eu l'écho d'un père présent, pourtant.

Dans l'entrée aux murs peints d'un rouge bourgogne se trouvait un portrait encore plus imposant que ce classement, une immense croûte de peinture où ses deux parents étaient figurés.

- Bonjour maman.

Sa mère qui sortait de la pièce limitrophe, les cheveux en pagaille, récupérait son sac à main sur le meuble de l'entrée en sursautant quand elle aperçue sa fille réveillée de bon matin, elle qui avait l'habitude de se réveiller quand le soleil se couchait.

- Tu m'as fais peur, elle souffla, j'ai pas le temps Céleste, mais oublie pas que ce soir, c'est dîner avec papa !

- Pourquoi tu cours partout comme ça là ?, répondit-elle en préférant esquiver la précédente information.

- J'dois apporter des documents au bureau, c'est bientôt le grand jour, elle prit les lunettes de soleil coincées entre ses dents pour les placer au dessus de sa tête. Rappelle-le à ton frère qu'il y aura un banquet à l'appartement lundi prochain, avant qu'il oublie.

- Je dois être là ?

- À ton avis ? Elle souffla sur sa mèche qui s'était échappée de son chignon, Et oublie pas non plus le rallye le lundi d'après. Il y aura Sophia, tiens, comme ça vous pourrez vous préparer ensemble.

nova (nekfeu)Where stories live. Discover now