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CÉLESTE
PARIS , PORT-ROYAL

-12:15-
-02 j u i l l e t d e u x - m i l l e s s e p t-

- Cinq..

Céleste se retournait pour faire face aux filles qui se trituraient les doigts, Sophia et elle étant les deux dernières à devoir y passer.

Salomé avait eu seize, Béatrice dix, Jeanne treize, Sophia onze et Céleste, cinq.

- T'es plus proche du vingt que le zéro du vingt, tenta Salomé qui avait eu la meilleure note.

Elle leva sournoisement les yeux au ciel, car au fond, elle ne s'était jamais sentie légitime au vue du travail fourni d'une note supérieure à cinq. Mais maintenant, fallait-elle qu'elle trouve rapidement une excuse pour expliquer cette note si basse à ses parents, si ce n'était pas la plus basse de l'établissement.

Il lui restait heureusement encore du temps -si le proviseur ne faisait pas sonner le téléphone- car elle savait qu'elle ne croiserait pas ses parents pendant près d'une semaine si elle tâchait de se réveiller aux alentours de midi, et si elle prétendait s'endormir vers vingt-trois heures.

- Au moins à l'oral t'as géré, t'as eu treize ! Franchement c'est carré, Céleste.

Elle sourit en se rapprochant de la brochette de filles, plus particulièrement de Jeanne en passant son bras dans le sien.

La brochette contenait quatre bouts de viandes, coupés aléatoirement, séparant les deux paires par une tomate. (je ??? c'est quoi ça???)

Le problème des groupes impairs.

Si Salomé était si rogue avec les autres, c'était parce qu'elle manquait cruellement de confiance en elle, et ce n'était pas l'amour d'un Nicolas qui allait lui permettre d'elle aussi, s'accrocher au bras d'une autre. Elle enviait Sophia et Béatrice qui étaient toujours fourrées l'une avec l'autre, elle enviait Jeanne et Céleste de se compléter si parfaitement. Elle, n'était que la tomate au milieu des bouts de viande. La solitaire, celle mise de côté, dans un groupe impair.

- Bon sinon y'a ressoi ce soir, lança Sophia comme si soirée, soirée, soirée était le seul mot qu'elle pouvait broyer.

- T'abuses Soso là.. C'est grave pas le moment, rétorqua Jeanne.

Elle fit les gros yeux, plus elle voyait les défauts de Jeanne et Céleste, plus elle ne pouvait s'empêcher d'haïr chacune de leurs répliques. Elles qui prétendaient toujours être si parfaites, dotées d'une si belle mentalité, irréprochables, sans jamais se remettre elles en question.

Tout le monde vénérait les deux. Elle aurait voulu, même si elle ne s'autorisait pas à le penser, être elles.

Rien que le temps d'une journée. Voir ce que ça faisait d'être aimée, réellement.

- Bah venez pas si vous voulez pas venir.

Jeanne s'arrêta nette en emportant le bras de Céleste avec elle.

- Pourquoi tu parles mal ?

Elle se rapprocha de Sophia en jetant brusquement le membre de sa meilleure amie pour venir faire souffler son haleine sur le visage de la blonde.

- Bah vas-y, réponds.

- Venez pas si vous voulez pas venir, j'ai rien dis de mal là. Vous faites que vous plaindre à chaque fois, alors que c'est grâce à nous que vous avez des potes, c'est grâce à nous et aux soirées dans lesquelles on vous a, elle imitait les guillemets avec ses doigts en fronçant les sourcils, « trainé » que vous vous êtes fait des potes. Viens pas cracher dans la soup Jeanne, elle rigola, à moitié confiante.

- T'es sûre de c'que tu jactes là ? Elle acquiesça. On verra ce soir alors, ria mesquinement la blonde.

Sophia savait que Jeanne n'avait pas tort.

Jeanne savait qu'elle n'avait pas tort. Si elle était au courant d'une chose, c'était bien de son influence.

Et elle était prête à user de sa mauvaise influence pour salir les autres. C'était tout ce qu'elle se pensait capable de faire: faire du mal, que ce soit à elle, pour dieu, ou aux autres, pour elle.

- Bonne soirée, trancha la blonde en souriant, puis en récupérant le bras de Céleste pour l'éloigner des perfides.

Une fois éloignée, Céleste qui avait eu du mal à enchaîner les résultats du bac de français au résultat de l'altercation chuchota à Jeanne:

- C'était quoi ça ?

Non. Non.

Elle ne pouvait pas perdre ses plus vieilles amies. Certes, c'était compliqué en ce moment car depuis la maternelle, les choses avaient bougé, leurs caractères avaient évolué.

Céleste avait l'impression que Jeanne avait oublié que Céleste dépendait de ce groupe, c'était bien la seule chose qui lui laissait croire que, Paris n'avait pas changé toutes celles qui faisaient du roller avec elles.

- T'en fais pas Cé', c'était juste une embrouille comme une autre, répondit-elle sans osciller, persuadée que ce n'était qu'une histoire comme une autre.

- Si tu le dis.

- Fallait bien que quelqu'un la ramène sur Terre, elle croqua dans la pomme qu'elle s'était réservée pour le déjeuner, on fait quoi du coup nous ce soir ?

Céleste fit tourner rapidement les neurones dans sa tête pour rapporter la seule idée venue qui pouvait échapper son anxiété.

- Y'a moyen que j'ai quelqu'un à te présenter.

nova (nekfeu)Where stories live. Discover now