Pour Émeris Rosemary, « se sentir chez soit » n'est pas un lieu mais des personnes : les Pogues. Dans les Outer Banks, on est soit de ceux qui possèdent deux maisons, soit deux travails. Émeris, elle, fait partie de la classe populaire depuis toujou...
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Émeris ignora tout d'abord sa mère, toujours adossée contre le capot de sa voiture, et se dirigea vers son vélo appuyé contre un arbre quelques mètres plus loin.
- Laisse ce vélo là où il est, ordonna Hélène d'un ton sévère mais ne laissant en rien paraître la tempête de colère qui se déversait en elle.
La jeune brune marqua une pause puis se tourna vers sa mère, en ne disant pas un mot mais la toisant d'un air de défi.
- Tu n'as pas l'air d'avoir bien compris les nombreuses discussions que l'on a déjà eu, Émeris, insista t'elle, de façon encore plus sèche, et croisant ses bras contre sa poitrine. Mais peut-être est-ce ma faute : je n'ai pas été assez claire sur les termes de notre accord ?
- Oh, crois-moi, tu as été assez claire sur le fait que tu étais une manipulatrice, répondit Émeris d'un ton imitant celui de sa mère.
- Et tu n'as encore rien vu, jeune fille, répliqua sa mère en haussant le ton. Je n'aurai aucun remord, si tu fais encore une fugue comme tu l'as fais hier, à aller voir la police pour leur dire que ton père te retient en otage et faire appel à mes avocats pour être sûre qu'ils en finissent avec lui.
- Fais ça et tu ne me reverras plus jamais, gronda la brune en s'approchant dangereusement de sa mère qui d'un geste de la main sec lui ordonna de baisser le ton, de peur qu'on les entende se disputer.
- Ah oui ? Et tu iras où une fois que ton père sera derrière les barreaux pour enlèvement de mineure ? Chez ton petit copain blond fumeur d'herbe dont le père n'aura aucun mal à te tabasser autant qu'il le fait pour son propre fils ? Ou alors peut-être chez ton ami pratiquement SDF depuis que son père a disparu ? Je suis persuadée que tu vas adorer dormir à l'arrière d'un van et faire la manche.
- Partout sera mieux qu'avec toi, siffla Émeris qui sentait la colère monter progressivement en elle.
Hélène, prête à perdre son sang froid, souffla et plongea sa tête entre ses mains d'un air désespéré. Puis, en une seconde, regagna un ton calme et doux.
- Ces gens ont une influence infecte sur toi ma chérie, je ne reconnais pas ma petite fille, lui dit sa mère en tendant sa main vers elle pour lui caresser la joue.
- Ces "gens", comme tu dis, sont mes amis, ma famille comme tu ne pourras jamais l'être, répliqua la jeune fille en chassant la main de sa mère.
Sentant les larmes envahir ses yeux, Émeris tourna le dos à sa mère et ferma les yeux, se laissant transporter vers un endroit où elle était en paix. Malgré cela, la jeune brune sentit une larme solitaire rouler le long de sa joue, puis de son cou pour venir disparaitre contre le col du polo qu'elle portait.
- Émeris, je dis toutes ces choses pour ton bien...
- Non, tu dis ça pour ton bien et pour le bien de ta réputation, cracha cette dernière d'une voix tremblante sans pour autant se retourner vers sa mère.
