Chapitre 45

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      Le fait d'être à la maison n'avait pas empêché la douleur de se manifester

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      Le fait d'être à la maison n'avait pas empêché la douleur de se manifester. Durant les premiers jours du moins. Émeris avait passé la plupart de son temps au fond de son lit, Berlioz tenant compagnie à ses larmes. Elle parlait beaucoup à son chat, c'était le seul à qui elle voulait bien parler d'ailleurs. Donovan n'avait pas insisté sur les questions et espérait simplement qu'elle finirait par aller mieux. Il passait plusieurs fois dans la journée pour s'assurer de son état. Il toquait à la porte, attendait d'entendre la voix de sa fille et la laissait. Parfois, lorsqu'il s'inquiétait de savoir qu'elle ne mangeait plus, il laissait une assiette devant sa porte. Et le soir, lorsqu'il l'entendait pleurer depuis sa chambre, il s'installait près d'elle et la confortait pour l'aider à s'endormir. Et elle finissait toujours par trouver le sommeil ainsi ou parce qu'elle était trop épuisée pour lutter.

Lorsqu'il s'inquiétait trop, Donovan s'asseyait sur le bord du lit d'Émeris et passait affectueusement sa main dans ses boucles brunes.

- Qu'est-ce qui a bien pu arriver à mon rayon de soleil pour qu'elle se transforme en nuage qui ne cesse de pleuvoir ? Demanda t'il, un soir.

- Je suis juste un peu triste, répondit-elle en reniflant, d'une voix étouffée par sa couette. Ça passera.

Donovan se rapprocha d'elle et s'allongeant près d'elle, prit sa fille contre lui. Émeris ne lutta pas et se laissa fondre en larmes dans les bras de son père.

- Il y a une certaine beauté dans la douleur, tu sais, mon amour, lui glissa t'il en passa une main sur son front. Ça nous rappelle qu'on est vivants.

- Je ne vois que de la laideur, répliqua la brune en essuyant ses larmes.

- C'est la vie, mon bébé, s'enquit-il en déposant un baiser sur son front.

Les premiers jours furent les plus douloureux. Mais ils finirent par passer. Laissant alors place à des jours plus doux, moins pénibles. Mais tout aussi solitaires.

Émeris avait appris à ne pas demander d'aide, elle n'en avait pas envie. Elle préférait apprendre à gérer son chagrin par elle-même. Elle pensait que personne ne pouvait l'aider mieux qu'elle-même. De toute façon, elle seule savait la douleur que le vide dans sa poitrine représentait. Mais elle commençait peu à peu à sortir de sa chambre.

Un matin, elle était descendue prendre le petit-déjeuner avec son père. Ils n'avaient pas parlé mais les sourires qu'ils avaient échangé avaient réchauffé un peu le coeur de la Pogue. Elle était ensuite sortie dans le jardin, pour la première fois depuis de nombreux jours, et s'était installée face au marais. Elle avait pleuré pendant presque le reste de la journée mais elle l'avait fait en regardant le soleil se coucher. Et au fond, elle y voyait du progrès.

Le lendemain, elle avait petit-déjeuné à nouveau avec Donovan et cette fois, ils avaient discuté. Il lui avait ramené de quoi faire son petit-déjeuner préféré et la Pogue ne pouvait que se montrer reconnaissante. Puis elle s'était rendue sur le perron où elle avait à nouveau déversé son chagrin. Berlioz s'était glissé sur ses genoux et Donovan avait fini par s'assoir dans les marches, près d'elle. Et elle avait pleuré, aux côtés des seuls êtres-vivants qu'elle pouvait supporter.

The Kook next door - Rafe CameronWhere stories live. Discover now