Pour Émeris Rosemary, « se sentir chez soit » n'est pas un lieu mais des personnes : les Pogues. Dans les Outer Banks, on est soit de ceux qui possèdent deux maisons, soit deux travails. Émeris, elle, fait partie de la classe populaire depuis toujou...
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En pénétrant dans la maison, Émeris retroussa son nez de dégoût : l'odeur d'alcool était partout. Elle imaginait parfaitement Luke chanceler sous l'effet de la boisson et déverser le liquide sur les tapis abimés ou les fauteuils rongés par l'humidité.
Elle avança prudemment dans la minuscule entrée des Maybank avant de glisser sa tête dans l'ouverture qui menait au salon. Sur le canapé, Luke ronflait bruyamment et il tenait sous son bras une bouteille de whisky gouttant sur le sol, formant une flaque de liquide brunâtre sur le parquet délabré.
En reculant pour regagner l'entrée, la brune sentit une latte de parquet abimée couiner sous ses pieds. Elle se figea aussitôt et leva son regard vers Luke qui commença à remuer sur le canapé. La bouteille qu'il avait sous le bras se mit à tanguer puis glissa et finit par s'exploser sur le sol dans un bruit cristallin. Aussi vite qu'elle le put, la Pogue se cacha derrière l'un des murs de l'entrée et retint sa respiration, attentive au moindre bruit venant du salon. Luke la détestait et il lui avait fait comprendre à maintes reprises : s'il la trouvait ici, elle était dans le pétrin.
Le parquet se mit à grincer derrière elle et elle comprit que Luke s'était levé du canapé. Elle murmura un juron tout en espérant qu'il s'était dirigé vers la cuisine pour chercher de quoi apaiser sa soif. Mais les pas ne firent que s'approcher d'elle et elle se blottit contre le mur pour se faire la plus discrète possible. Sa gorge se serra et elle sentit ses doigts, plaqués contre le mur, se mettre à trembler.
Pendant un instant, le bruit se tut et un nouveau silence de mort envahit la maison. Pensant qu'il s'était à nouveau assoupi sur le canapé, Émeris souffla de soulagement. Et au moment où elle s'apprêtait à traverser l'entrée, Luke passa la porte du salon en cognant brusquement le mur au passage. Aussitôt, Émeris s'aplatit contre le mur et sentit sa respiration se couper à nouveau. Elle suivit Luke des yeux pendant qu'il traversait, en titubant, l'entrée. Il rentra dans un de meubles de la pièce avant de disparaître derrière la porte des toilettes.
Émeris profita de cette occasion pour courir jusqu'à l'escalier en face d'elle. Elle monta les marches quatre à quatre puis s'arrêta à l'étage, essoufflée et sentant son coeur battre jusque dans ses tempes. Après avoir repris son souffle, la brune marcha sur la pointe des pieds jusqu'à la chambre de JJ qui s'avéra être fermée à clé lorsqu'elle tenta de tourner la poignée de la porte. Elle toqua discrètement contre le bois abimé de la porte avant d'interpeller JJ, d'une voix douce, depuis le couloir.
Elle entendit du bruit venant de la chambre et devina qu'il déplaçait un meuble. Puis, lorsque le loquet de la porte se déverrouilla, il passa la tête dans l'ouverture. Apercevant la brune, il ouvrit aussitôt la porte et l'attira à l'intérieur tout en se pressant de refermer derrière elle.
- T'es folle d'être venue jusqu'ici, lui dit JJ en serrant fort Émeris contre lui.
Heureuse de constater que son meilleur ami était encore en vie, Émeris referma ses bras autour de sa taille et se blottit contre lui. Elle le serra contre elle puis remarquant qu'il grimaçait au contact de ses bras sur ses côtes, Émeris souleva le débardeur qu'il portait. Elle recula en portant ses mains à sa bouche : son torse était couvert d'ecchymoses violettes, chacune au moins de la taille d'une balle de tennis. Les yeux de la brune se remplirent aussitôt de larmes et elle se jeta à nouveau dans ses bras.
