Pour Émeris Rosemary, « se sentir chez soit » n'est pas un lieu mais des personnes : les Pogues. Dans les Outer Banks, on est soit de ceux qui possèdent deux maisons, soit deux travails. Émeris, elle, fait partie de la classe populaire depuis toujou...
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Émeris, encore sous le choc, prit quelques secondes avant de se rendre compte qu'elle se trouvait sur la pelouse du Country Club, entourée de tous les Kooks de Figure Eight. Elle n'était pas à sa place.
Elle avait l'impression qu'on lui avait asséné un violent coup derrière la tête, ou qu'elle était en train de rêver.
Les yeux remplis de larmes, elle continuait de fixer l'allée boisée par laquelle s'étaient éclipsés ses amis. Sans elle.
Sentant qu'elle allait perdre pied, Émeris se détacha de Rafe et tourna la tête, de peur qu'il ne la voit dans cet état. Elle regardait de droite à gauche comme une enfant perdue.
- Ça va ? S'assura ce dernier qui avait constaté, malgré les efforts de la brune pour le cacher, qu'elle semblait terriblement contrariée.
- Oui, oui, répondit rapidement Émeris en mordillant nerveusement le bout de son ongle verni d'un blanc nacré.
Elle scruta la foule, d'un air ailleurs, puis se mit à croiser nerveusement ses bras contre elle. Émeris était loin d'être dans son état normal. Elle essayait par tous les moyens de ne pas éclater en sanglots devant cette foule d'inconnus. Et surtout devant Rafe. Mais malgré tous ses efforts, son menton tremblant la trahissait.
- Je... Il faut que je rentre chez moi, finit-elle par dire d'une voix tremblante.
Elle jeta un coup d'œil à droite puis à gauche comme si elle ne savait pas où aller puis finit par se diriger, en relevant sa robe au dessus de ses chevilles puis se mettant à courir, vers les marches du perron.
- Attends, l'interpella Rafe qui s'était aussitôt mis à sa suite.
Émeris marqua une pause.
- Viens, je te ramène chez toi, lui dit le garçon en entremêlant ses doigts aux siens puis guidant la jeune fille vers la sortie.
Jusqu'à la voiture, Émeris ne dit pas un mot. Elle se laissait traîner derrière Rafe, en silence. Jamais de toute sa vie, elle ne s'était sentie aussi mal. Presque comme trahie.
Elle ne pouvait mettre de mots sur la façon dont son coeur semblait meurtri dans sa poitrine. Elle avait presque l'impression que sa douleur était physique. Au point même de lui donner des maux de ventre lorsqu'elle monta dans la voiture de Rafe.
Elle resta silencieuse tout au long du trajet, son front appuyé contre la vitre rafraîchie par la douceur de la nuit. Elle sentait une boule se former dans sa gorge et grossir au point d'empêcher chaque mot de sortir de sa bouche.
Lorsque Rafe freina devant le Manoir, Émeris sentit qu'elle ne pouvait plus retenir ses larmes. Elle ouvrit brusquement la portière, sauta de la voiture et courut vers le perron de la maison. Elle sauta par dessus les marches puis se faufila derrière la porte d'entrée.
