Pour Émeris Rosemary, « se sentir chez soit » n'est pas un lieu mais des personnes : les Pogues. Dans les Outer Banks, on est soit de ceux qui possèdent deux maisons, soit deux travails. Émeris, elle, fait partie de la classe populaire depuis toujou...
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La chaleur du lendemain fût étouffante, même pour un mois d'août en Caroline du Nord. Travailler sous les rayons cramants du soleil fût un calvaire pour Ethan et Émeris qui, en plus de devoir rester sous une trentaine de degrés, durent gérer l'affluence du country club. Par un temps aussi radieux, la piscine et le bar étaient pleins à craquer.
En milieu d'après-midi, lorsque la vague de membres assoiffés de cocktails fût calmée, Ethan et Émeris rejoignirent le bar pour se mettre à l'ombre.
- Je me rappelle pas avoir signé pour travailler dans un sauna, se lamenta Ethan en se laissant lourdement tomber sur une des chaises hautes du bar. Je transpire tellement que je suis sûr que je pourrai essorer mon polo et récolter un saut entier de sueur...
- Moi, j'ai mal aux pieds, ajouta Émeris en s'installant à côté de son ami.
La jeune brune se laissa tomber contre le comptoir frais du bar et resta ainsi pendant quelques secondes, appréciant le matériau froid sur sa peau moite.
- Oui, mais au moins vous n'avez pas à gérer les petits fils à papa qui se mettent une cuite un mardi après-midi, leur dit Conrad, le barman, en leur tendant deux verres d'eau fraîche puis leur montrant de la tête le coin du comptoir.
- C'est pas vrai... murmura Émeris si bas que ni Conrad ni Ethan n'entendirent.
Rafe Cameron était accoudé, seul, de façon particulièrement disgracieuse au comptoir et remuait la tête d'un air las. Son regard paressait tristement vide. Il y avait, sur le comptoir devant lui, déjà quatre verres vides. Émeris se demanda s'il n'avait pas bu plus que ça, vu l'état dans lequel il se trouvait. Après avoir louché sur le fond de son verre vide, il se mit à le secouer mollement devant lui en appelant Conrad plusieurs fois avant que celui-ci ne daigne se retourner en levant les yeux au ciel.
- Vous voyez, je crois que j'échangerai volontiers ça contre la transpiration, leur lança Conrad en s'approchant de Rafe d'un air agacé.
Émeris ne quitta pas Conrad des yeux pendant qu'il servait à Rafe son cinquième fond de whisky. A peine Conrad avait-il posé le verre sur le comptoir que Rafe le saisit et le finit d'une traite. Il le tendit ensuite à nouveau vers le barman sans dire un mot. En soufflant, Conrad remplit encore une fois le verre.
- Vous mettrez ça sur le compte Cameron, finit par dire Rafe d'une voix pâteuse.
Lorsque Conrad déposa le verre devant lui, cette fois Rafe se mit à le siroter doucement. Il fermait les yeux à chaque gorgée puis faisait une moue boudeuse dès que le niveau d'alcool de son verre baissait trop.
Pendant ce temps, Émeris s'était glissée discrètement vers les tables derrière Rafe où plusieurs personnes s'étaient installées. La brune prit leur commande puis lorsqu'elle se retourna, plateau sous le bras, pour rejoindre le bar, Rafe s'était tourné vers elle et leurs regards se croisèrent.
