Chapitre 4

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Allongée sur le béton froid d'une pièce sans vie, je pleure la chute d'une jeunesse perdue. John s'est jeté dans le vide pour me sauver et depuis, je gis sans force. J'ai l'impression que mon âme, mon cœur et mon sang s'écoulent à travers mes larmes et que bientôt, lorsque ne restera en moi que le néant sec d'une vie consumée, je m'éteindrai.

La porte d'entrée s'ouvre. Je m'en contrefous. Qu'on me viole, qu'on m'enlève, qu'on m'assassine, plus rien ne compte depuis sa chute. Deux mains m'agrippent par les épaules.

— Syd ?

Le nouvel arrivant me fait pivoter en douceur. C'est Richard. Je murmure :

— Doc ?

— Syd... Syd, oh Syd, ça part en vrille grave.

Richard me redresse et soutient mon dos de ses bras attentionnés. Il me souffle de son ton le plus doucereux :

— Syd, Syd regarde mes pupilles, trouves-y ton reflet.

Je fixe le regard noir du Doc, ses yeux me font l'effet d'un trou noir, je n'y vois rien.

— Concentre-toi Syd !

J'essaie avec plus d'insistance, jusqu'à ce que je perçoive une forme, je suis allongée dans un lit, dans une chambre, une chambre que je ne connais pas. Il me parle, il m'appelle.

— Syd... Syd ... Syd !

Lorsque je me réveille, John se tient devant moi et hurle mon nom.

Le Garde RêvesWhere stories live. Discover now