Chapitre 3

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Allongée dans cette jolie chambre aux couleurs orangées, mon éveil ressemble à une sortie de tunnel, éclatant de lumière après une sombre traversée. Par la fenêtre, le soleil offre ses derniers moments intenses. Dans la chambre, les visages de Loïs et d'Oswald m'auscultent comme si mon front portait le récit de mes cauchemars passés. Loïs se penche un peu plus :

— Ça va Syd ?

Je me redresse sur le lit et ramène mes genoux sous mon menton.

— Je... Je crois oui.

— Nous sommes venus dans ta chambre pour voir si tout allait bien.

Oz murmure :

— On était en train de... en train de regarder la télé. On n'avait rien d'autre à faire... et puis notre porte s'est ouverte d'un coup alors qu'elle était bien fermée. On avait l'impression que tu étais là, c'était bizarre, mais il n'y avait personne. On a eu une sorte de pressentiment ou plutôt de prémonition. Enfin c'était du genre... hmmm, t'as déjà vu Twilight ?

Loïs fronce les sourcils.

— Et nous sommes venus voir si tu allais bien. Nous t'avons trouvée en train de te débattre dans tes couvertures. Tu hurlais dans ton sommeil.

Le souvenir du cauchemar me revient avec violence. Ma tête s'écrase dans le creux de mes mains à la recherche d'un abri. Loïs me fait l'effet d'un vent frais sur l'épaule lorsqu'elle me dit :

— Tu sais, tu peux tout me dire, tu peux tout nous dire...

Le puis-je ? La vue de son oreille manquante me frappe comme une lame dans l'estomac. Dois-je lui dire que voir son visage mutilé est synonyme de malheur, et, peut-être de deuil ? Ma dispute avec John me revient en un éclair. « L'interprétation des rêves n'est pas à prendre à la légère ! ». Mais l'amitié non plus. La sincérité est la fondation d'une relation durable. Loïs compte beaucoup trop pour que je ne l'avertisse pas. Au diable les mises en garde. D'ailleurs, n'avais-je pas rêvé qu'elle et Oz seraient mes interprètes, mes onirocrites dignes de la plus haute confiance ? Lorsque ma tête revient vers mes deux amis, ma décision est prise.

— Dans mon rêve, j'ai ouvert la porte de votre chambre. Vous ne regardiez pas la télé, vous faisiez l'amour.

Loïs rougit et la mâchoire d'Oz se décroche.

— C'est toi Loïs qui est venue voir s'il y avait quelqu'un.

Je vois l'assurance de l'experte comptable vaciller. Je poursuis :

— Mais quand tu es arrivée face à moi, il... il...

Mettre des mots sur cette vision d'horreur est insurmontable.

— Qu'essaies-tu de nous dire Syd ?

— Ce que j'essaie de dire, Loïs, c'est qu'une personne de ton entourage est en grand danger.


Le Garde RêvesWhere stories live. Discover now