67. La mélodie de minuit

7 4 0
                                    

Elle est assise  devant le piano et la lune est haute dans ciel. Ses cheveux sont vaguement attachés, les joues rouges, les yeux qui brillent. Elle se dresse devant toutes ces touches et ne sait pas comment en jouer.

Ses doigts effleurent l'instrument et quelques sons en sortent dans le hasard de la nuit. Dehors, il fait trop froid pour sortir et trop noir pour y songer. C'est une jeune femme aux longues jambes dont la courbe épouse le banc en cuir. 

Et elle sourit, seule, devant son piano. Elle murmure une mélodie et en sourit encore car il ne s'agit que d'elle et de ses mains qui tremblent, un peu, des fois. Ses pieds nus touchent à peine le sol et elle se sent se geler alors que son buste brûle sous sa chemise.

C'est un grand vêtement en coton qui s'ouvre somptueusement sur sa poitrine et se laisse deviner. Son regard se balade dans le vide comme s'il n'y avait plus rien à voir. Et dans la lumière tamisée d'un soir de décembre, elle le sent venir à elle.

Ses pas sont lents et il arrive à se coller contre son dos droit. Ses doigts parcourent le sentier de ses bras frissonnants et il vient loger ses lèvres aux creux de son cou. Il l'embrasse. Et dépose les baisers les plus doux du monde sur la peau de sa femme.

L'amant se joint sur l'assise qu'il ne connait que trop bien et l'amoureuse s'installe dans l'entre de ses jambes. Les deux corps se réchauffent au contact de l'autre et le musicien renait sous le chant des cordes. Ses doigts dansent et il ne s'interrompt qu'un instant seulement pour se notifier de l'émerveillement de sa partenaire.

Satisfait, il poursuit sa valse mélodieuse et resserre l'étreinte sur la jeune femme, prisonnière de l'homme de ses rêves. La lune en sucrerie les regarde encore et c'est une musique sans parole. Il n'y a rien qui puisse se dire au secret du matin. 

Il est parfois trop tard, souvent trop tôt et les esprits fatigués s'enlacent en silence. Alors, le piano murmure l'amour des deux amants à l'aube d'un nouveau jour. La femme se laisse sombrer dans les bras d'un morceau qu'elle connait du bout des lèvres.

Son corps s'abandonne dans les bras de son connu. La plus belle symphonie provient alors du balancement de leurs âmes qui se séparent et se retrouvent inlassablement sans l'embrassade de la vie. La tendresse est exquise, l'amour en est l'élixir, et les notes de musique n'en sont que les témoins.

Et alors que l'obscurité n'eut jamais été aussi lumineuse, la danse sur le piano jamais ne prit fin.

06/12/2022 London Grammer - Wasting My Young Years

Céleste  [TERMINÉE]Where stories live. Discover now