Chapitre 1

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Freyja ouvre les yeux

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Freyja ouvre les yeux. Un rayon de soleil éclaire son visage, elle baille et s'étire dans les fourrures qui recouvrent son corps encore somnolent. Dehors, il neige de gros flocons : l'hiver a déjà atteint les villages et a tout glacé sur son passage. Les arbres blancs et dévêtis ornent le paysage et semblent tendre leurs bras frêles vers le ciel gris. Freyja cligne plusieurs fois des yeux, s'assoit lentement dans son lit et se passe une main fatiguée dans les boucles brunes en bataille. Elle attend un instant puis se lève en grelottant et revêt en vitesse sa robe de laine, son châle, son foulard rouge flamme et son manteau doublé de fourrure pour se protéger du froid. Il serait temps d'allumer un feu. Elle soupire et après un court débat intérieur, décide de sortir pour entamer sa maigre réserve de bûches. Elle ouvre la porte.

Soudain, un cri résonne et la jeune femme se fige dans le cadre de sa porte. Ses yeux cherchent les alentours pour trouver l'origine du bruit. Elle regarde d'abord à droite, puis à gauche et finalement, ses yeux se posent sur le grand portail en bois qui marque l'entrée du petit village. Son cœur rate un battement et elle sent ses joues blanches pâlir un peu plus.

Deux hommes portent le cadavre massacré d'une jeune femme, à peine voilé par un morceau de tissu blanchâtre. Freyja déglutit et recule d'un pas. Que s'est-il passé ? Un frisson d'horreur secoue son corps. Les morts sont fréquentes dans les villages, les maladies, le froid et les criminels de passage emportant en hiver tout ce qui passe leur chemin. A côté de Freyja, une porte claque et la jeune femme bondit, les yeux grands ouverts, brusquement sortie de ses pensées.

« Par tous les dieux! », entend-t-elle s'exclamer une voix de femme. Humia. Une des doyennes du village. Elle aussi est sortie de chez elle et se tient tremblante devant sa porte, les yeux rivés sur le cadavre. Elle se plaque un instant les deux mains sur la bouche, le visage livide. Elle secoue la tête, recule d'un pas, avance, recule à nouveau. Freyja se passe une langue sur les lèvres puis se décide à aller voir la vieille femme qui est aussi blanche qu'un linceul.

Elle s'approche d'elle, les sourcils froncés.

Elle ne comprend pas la réaction paniquée de la femme.

« Humia ? », demande-t-elle doucement, comme pour ne pas la brusquer, et la femme tourne la tête vers elle d'un geste rapide, effrayée quelques secondes.

« Bon sang, petite ! Tu m'as fait une frayeur ! », s'exclame-t-elle de sa voix rauque et un sourire indécis se trace sur son visage ridé, illuminant faiblement ses petits yeux intelligents. « Comment vas-tu ? »

Freyja secoue la tête, l'image du corps encore présente derrière ses grands yeux marron.

« Tu l'as vue? Cette femme... »


La femme rondouillarde et enveloppée dans ses fourrures se tourne vers elle. Le sourire présent quelques secondes auparavant a disparu et une lueur d'inquiétude éclaire son visage.
« Oui. Je l'ai vue. »

Vénus a froidWhere stories live. Discover now