Chapitre 27

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Freyja caresse le chien étendu à ses pieds lorsque brusquement, elle entend quelqu'un arrivé.
"Praga! Praga!"
Au son de son nom, la guérisseuse sort de sa maison. Un adolescent haletant débarque.
"Praga.", répète-t-il. La vieille femme lui demande de continuer.
"Katka... Ils l'ont tué."
Praga se fige.
Le bout de tissu, qu'elle tenait dans ses mains, tombe par terre et elle se plaque les mains sur la bouche.
"Non... Pas Katka!"
L'adolescent secoue tristement la tête.
"Je suis désolé.", murmure-t-il tandis que la vieille femme tombe à genoux et se met à pleurer.

Freyja se lève et lui pose une main sur l'épaule. Doucement. Elle regarde le jeune garçon. Il baisse les yeux. Ensuite, il inspire un grand coup.
"Ne t'inquiète pas, on a son meurtrier! Et les hommes du village lui font subir ce qu'il mérite! Après tout, il fait partie de ces sauvages qui massacrent village après village, dont celui de ta nièce!"

"Les Winterschlächter.", murmure Freyja et le garçon hoche la tête. Praga relève la tête.
"Où est-il?", feule-t-elle,"Je veux le regarder dans les yeux, qu'il me dise pourquoi il l'a tuée!"
"Il commence le chemin de torture demain, Praga."

La mâchoire de la vieille femme se crispe et elle se tourne vers Freyja.
"On y va.",ordonne-t-elle "Je veux encore pouvoir parler ce chien avant sa mort!"
Freyja déglutit mais ne fait que hocher la tête.

En une heure, elles ont préparé leurs affaires et la charrette sur laquelle ils montent à trois. Lentement, le cheval avance et les tire, tandis que des larmes silencieuses roulent le long des joues de Praga.

"Katka... Ma pauvre Katka... "

Freyja se tourne vers le jeune garçon.
"Qui est le meurtrier exactement?",demande-t-elle. Il hausse les épaules.
"Je ne sais pas vraiment. Je ne l'ai vu que deux fois, un blond avec des yeux bleus. Mais je ne suis pas sûr, il était relativement amoché. J'ai entendu des gens l'appeler louveteau, il paraissait assez jeune. Certains ont pourtant dit que c'était un des plus sanguinaire. Après... Je n'en sais pas beaucoup plus."

Blond aux yeux bleus ?
Jeune ?
"Louveteau"?
Sanguinaire ?

Faolàn ?

Freyja déglutit. Quelque part au fond d' elle-même, elle ne veut pas que ce soit lui. Elle n'ose même pas imaginer ce que cet homme coupable est en train de subir, son estomac se révulse à la pensée.

Qui qu'il soit, quoi qu'il ait fait, personne ne mérite de finir comme ça.

Freyja, contrairement aux deux autres, n'a pas hâte d'arriver.

~***~

Les portes en bois s'ouvre et la charrette pénètre le village. Il fait presque nuit et il a neigé à nouveau.
Ils descendent du véhicule tandis qu'un homme, le chef du village, s'approche d'eux, le visage sérieux. Il regarde l'adolescent un instant avant de le chasser d'un revers de main avant de se tourner vers Praga et la jeune fille. Il les salue d'un hochement de tête avant de parler.
"Vous êtes venues pour voir la bête?"
La guérisseuse hoche la tête tandis que l'homme lui lance un regard compatissant.

"Je suis tout simplement navré pour ta nièce, Praga. Lorsque nous sommes arrivés à son village, il était déjà trop tard, seul cet homme se tenait encore là, son sang sur les mains."
"Je veux le voir."
L'homme soupire.
"Praga... Je ne sais pas si cela te fera du bien... "
"Je veux le voir! Je veux qu'il me regarde dans les yeux et qu'il m'explique! Ces sauvages ont déjà tué mes parents et mes soeurs! Ils ont tué mon fils et maintenant ma nièce! Je veux le voir!"

Le chef recule d'un pas, semble réfléchir un instant avant d' hocher lentement la tête.
"Bien."
Il fait signe à un de ses hommes pour les escorter. Il lance un regard incertain à Freyja.
"Elle m'accompagne.", grogne Praga et à nouveau, il hoche la tête.
A trois, ils avancent à travers le village jusqu'à un terrain vague où une cage en bois est dressée. Une forme à l'intérieur bouge imperceptiblement en gémissant faiblement.
"

Le voilà", l'homme grogne et ouvre la cage. Dans le noir, Freyja ne voit pas à qui elle a affaire.

Praga tremble à côté d'elle. Elle secoue la tête. Les mots se sont évaporés de sa gorge.
"Tu n'as que ce que tu mérites.", dit-elle d'une voix dure avant de quitter la cage brusquement. Freyja est seule avec l'homme dans la boue.

C'est un meurtrier ! Dit lui tout ce que Praga n'a pas dit ! Il fait partie de ceux qui t'ont torturé ! Rend lui la pareille !

Mais Freyja ne peut pas. Ce qu'elle a devant elle, n'est qu'un homme misérable et détruit, sans force et en souffrance. Soudainement, elle veut s'assurer... Elle veut savoir si elle le connaît... Elle attrape doucement la tête de l'homme qui ne réagit pas. Elle frotte son pouce sur son visage pour enlever la saleté.

Il ouvre les yeux.

"Faolàn?", murmure-t-elle choquée. Une ébauche de sourire sans vie se forme sur ces lèvres incrustées de saleté et de sang.
"Tu as survécu, gamine.", dit-il la voix rauque et triste.

La main de Freyja tremble, elle ne sait pas comment réagir.

"Pardonne-moi", murmure soudainement Faolàn. Le coeur de Freyja fait un bond et elle recule, lâchant la tête qui retombe au sol.
Elle tremble encore plus fortement et brusquement, un élan de tendresse la prend pour cet homme cassé.

C'est ton bourreau ! Déteste le! À cause de lui, tu as été torturé, violé...-il a pleuré dans mes bras. Il a eu peur pour ma santé. Il s'est excusé.

Les pensée tourbillonnent dans sa tête tandis qu'elle tente désespérément de comprendre et gérer la situation... Le corps de Faolàn est pris de spasme. Il tousse et crache et brusquement la jeune fille se décide.
Elle hait cet homme.
Elle ne lui pardonnera jamais.
Mais il ne mérite pas de souffrir ainsi.

Elle se rapproche de lui et le soulève autant que ses chaînes le permettent. Elle le regarde dans les yeux... Ils pleurent.
Les yeux de Faolàn sont trempés de larmes.
Quelque chose se brise en elle.

Vénus a froidWhere stories live. Discover now