Chapitre 16

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Freyja ouvre un œil. L'autre. Elle cligne plusieurs fois des yeux, ses cils semblent être collés entre eux. Elle déglutit. Sa gorge est sèche et son corps... Son corps est douloureux. Irrité. Sensible, trop sensible. Elle veut bouger un bras mais elle n'y arrive pas. Elle sent la sueur froide qui recouvre chaque parcelle de sa peau et fait trembler ses mains affaiblies. La chaleur des couvertures qui la couvrent produit une sensation désagréable, une sorte de chaleur humide qui lui donne envie de repousser les fourrures moites. Quelque chose est posé sur son ventre. Un poids lui aussi désagréable qui semble ne pas se mouvoir. Elle n'arrive pas à identifier ce que c'est et Freyja n'a pas la force de lever la tête. Sa tête lourde, lourde, qui supporte une douleur aux tempes presque insupportable. Elle ouvre la bouche et tente de parler mais tout ce qui sort et un croassement. Un bruit désespéré et tremblant qui fait vibrer sa gorge souffrante.

Quelque chose à côté d'elle remue et elle tente maintenant de tourner la tête. Ses yeux un peu perdu cherchent la source du mouvement. Lorsqu'elle voit ce qui bouge, elle pousse un cri rauque et tente de s'écarter mais il l'en empêche.
Faolàn, quasi nu, se presse à elle et la retient à sa place.
« Bouge pas, gamine, où tu vas tomber au sol !»
Freyja remue encore un peu, elle veut mettre de la distance entre lui et elle, entre le monstre et son corps blessé. Finalement, elle arrête de bouger. Pas assez de force. Ses yeux, se vident, reprennent leur aspect sans vie et elle se recroqueville sur elle-même, dans l'espoir qu'il ne lui fera pas mal à nouveau. Elle tente d'ignorer sa présence et fixe un point au loin de son regard mi-clos, le cœur battant pourtant maintenant la chamade dans sa poitrine.

Une petite voix enragée dans sa tête hurle. Lui crie de se ressaisir, de se défendre. Cette brute la traîne jusqu'à un lieu de torture ou il la laisse endurer les pires traitements pendant des jours et maintenant il se soucie qu'elle tombe du lit? Quelle ironie.

Mais la petite voix est bien vite étouffée par le poids des souvenirs et de la douleur qui viennent hanter ses pensées dans un tourbillon lugubre. À côté d'elle, Faolàn se racle la gorge.
« Je ne vais rien te faire. », grommelle-t-il, les yeux baissés.
Freyja ne répond pas. Se retient de laisser échapper un rire dur. Que pourrais-tu me faire de plus, brute sanguinaire que tu es? Ne crois-tu pas que tu en as déjà fait assez ?
Voyant qu'elle ne répond pas, Faolàn se racle la gorge à nouveau et se passe une main frustrée dans les cheveux blonds.
« Tu as soif? », grogne-t-il, ne sachant pas quoi dire d'autre ni comment se comporter devant le silence de la jeune femme en piteuse état. Freyja réfléchit quelques secondes, se passant sa langue pâteuse sur les lèvres gercées. Elle veut lui cracher au visage, lui hurler qu'elle ne veut rien de la part d'un homme comme lui mais sa gorge brûle. Sa gorge est sèche comme le plus chaud des déserts et elle a besoin d'eau. Réalisant qu'en lui demandant d'aller chercher un verre, il serait obligé de s'éloigner d'elle, elle hoche lentement la tête. Derrière elle, Faolàn soupire et sort lourdement du lit. Il avance vers une petite table en bois, gardant un œil figé sur elle, comme s'il avait peur qu'elle s'évapore et disparaisse sans prévenir. Il attrape une carafe et verse son contenu dans un gobelet posé à côté. Ensuite, il revient vers elle à grand pas. Il lui lance un regard inquisiteur et Freyja fronce les sourcils. Il soupire et après une légère hésitation inhabituelle, soulève la tête de la jeune femme et pose le gobelet à ses lèvres pour l'aider à boire. Sans plus attendre, ignorant qui elle a en face elle et ignorant le toucher désagréable contre sa tête, Freyja avale la boisson légèrement sucrée au goût d'herbes. Herbes ? Un sentiment nauséeux lui remonte l'estomac et lorsqu'elle se rend compte de ce qu'elle est en train de boire, elle détourne la tête et le reste du contenu coule au sol, sans bruit. Faolàn pousse un juron.
« Qu'est-ce que tu fiches? », dit-il d'une voix qu'il se force à être calme.
Freyja ne répond pas. Elle garde le visage stoïque. Faolàn se passe une main dans les cheveux déjà en bataille, ses yeux furieux sont rétrécis tandis qu'il tente désespérément de comprendre la réaction de la jeune femme tout en essayant de savoir comment lui-même réagir.
« Je n'ai pas l'habitude de jouer les nourrices, alors pourrais-tu, Mademoiselle plus froide que la glace, boire ce que je te donne sans en verser la moitié au sol et parler avec moi, s'il-te-plaît ? », siffle-t-il.
Freyja se retourne simplement, libérant son visage de l'emprise de sa main et l'ignore totalement, les dents serrés. Faolàn venait de lui donner à boire un mélange particulier visant à faire dormir. Il avait apaisé sa gorge douloureuse mais Freyja tenait à rester éveillée tandis qu'elle se trouve en présence de cet homme. Qui sait ce qu'il irait faire une fois qu'elle aurait fermé les yeux. Elle ne pouvait pas fermer les yeux, ne devait pas fermer les yeux.

Faolàn laisse échapper un grognement de frustration, sa tête retombant en arrière pour quelques secondes, en colère contre Freyja et lui-même. Il voulait seulement l'aider mais si elle ne veut pas... Il retourne vers la table basse et claque le gobelet contre le bois dans un geste furieux.
« Fais ce que tu veux », grommelle-t-il assez fort pour que Freyja l'entende. La jeune femme ne bouge pas d'un millimètre, sert seulement les fourrures un peu plus fort entre ses doigts blancs. Faolàn secoue la tête et après un dernier regard sur le corps immobile de la jeune femme, décide de sortir pour quelques minutes. Il se passe les mains dans les cheveux et sort de la tente à grands pas.

 Il se passe les mains dans les cheveux et sort de la tente à grands pas

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Vénus a froidWhere stories live. Discover now