Chapitre 43

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Lentement, le ciel se teinte de rose et les doigts de Faolàn se crispe. Les pas d'Erohel reviennent. Il a une lumière cruelle dans les yeux, cette lumière qui n'annonce rien de bon et le corps de Faolàn se tend. Les chaînes pèsent sur ses membres, la fatigue lui cogne contre le crâne et lui ferme les yeux. Erohel s'approche et secoue presque tendrement la tête.

« Si tu savais ce qui t'attend, louveteau... »

Il lui caresse la joue. Faolàn lui montre les dents et tente de reculer. Erohel lui empoigne violemment les cheveux.

« Pas un geste ou je te laisse crever ici. », siffle-t-il. La respiration de Faolàn est bruyante, « Alors comme ça, tu veux savoir comment je connais Vila ? » Sans un mot, Faolàn hoche la tête. Erohel se lèche les lèvres.

« Eh bien... Vois-tu... Ma mère, en fait, n'est pas ma mère. »

Faolàn grogne.

« Quel est le rapport avec Vila ? »

« Patience, patience... J'ai eu une enfance très difficile. J'ai dû travailler, Faolàn, je n'avais pas toujours à manger, on me punissait souvent. Je n'avais pas d'amis, on me traitait comme un animal, même moins bien que ça... Est-ce que ça te dit quelque chose ? »

Erohel penche la tête de côté et sourit en voyant l'autre pâlir. Le visage de Faolàn perd toute sa colère parce que l'histoire que lui raconte Erohel pourrait être la sienne.

« J'appartenais à un maître. Un homme cruel avec une passion pour les garçons plus jeunes. Pourtant, cet homme était marié : il avait une femme et deux enfants, dont une petite fille aux longues boucles et aux grands yeux verts. Elle s'appelait Vera. Je l'ai toujours trouvé très jolie mais j'étais trop timide pour lui parler et j'avais bien trop peur des coups du maître. Mais vois-tu, louveteau... Il se trouve qu'en ce lieu se trouvait un autre petit garçon. Un peu plus âgé que moi, les yeux bleus, les cheveux blonds, les joues rougissantes délicatement, la peau laiteuse et douce. »

Faolàn se met à trembler tandis que la folie se fait de plus en plus visible dans le regard machiavélique d'Erohel.

« Ce petit garçon n'avait même pas de prénom. Le maître avait fini par avoir pitié de lui et l'avait appelé Faolàn, jeune loup. Il avait toujours des yeux si tristes, si tristes... si pathétique. Mais vois-tu, Faolàn, ce pauvre petit gamin, un jour d'été, m'accompagne chercher de l'eau à la rivière. On avait les jambes enchaînées entre elles, le dos sanglant, la crasse et la misère inscrits sur le visage. Lorsqu'on veut plonger nos seaux trop lourds dans l'eau apparaît brusquement devant nous Vila. Cela faisait déjà des années que je l'observais mais là... C'était la première fois que je voyais une personne du sexe opposé nu.

On n'était que des gamins mais pour moi, c'était une déesse. La lumière reflétait les gouttes d'eau qui roulaient le long de sa peau couleur nacre et ses cheveux lui faisait une couronne de lumière. Ce jour - là, je suis tombé amoureux : mais le gamin à côté de moi aussi. Et Vila, la jolie Vila, est tombée éperdument amoureuse de Faolàn lorsqu'elle s'est retourné et que leurs regards se sont croisés. Elle a lentement croisé les bras devant sa poitrine et lui a souri tandis que son seau dos est tombé dans l'eau.

Et moi ? Moi ? Une larme a roulé sur ma joue, mais aucun des deux n'en avait à faire ! Aucun des deux ! Pourtant, je n'ai jamais abandonné : je continuais de regarder la belle Vera de loin, m'imaginant la faire rire et être avec elle. Mais Vila n'en avait que pour Faolàn. Lorsqu'il y avait des tempêtes, elle lui apportait des couvertures en laine : lorsqu'il avait faim, elle lui donnait à manger. Lorsqu'il était blessé, elle s'occupait de ses blessures. Ils se prenaient la main et se chuchotaient des phrases en silence, se souriaient au détour d'un couloir.

Vénus a froidOù les histoires vivent. Découvrez maintenant